Pêche : les mesures du Comité interministériel pour booster le secteur jugées peu convaincantes

  • Le rapport débattu au cabinet en l’absence de Prem Koonjoo

Le comité interministériel sur la Pêche a arrêté six mesures phares en vue de développer ce secteur. Le rapport a été présenté au conseil des ministres vendredi dernier. Toutefois, les opérateurs se disent perplexes sur ces mesures, car hormis la mise sur pied d’une flotte nationale, rien ne semble vraiment venir booster le secteur de la pêche dans un concept global d’économie bleue. De plus, le fait qu’Anil Gayan, qui présidait le comité, ait présenté le rapport en l’absence du ministre de tutelle, Prem Koonjoo, a créé un certain malaise.

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Ce comité interministériel avait été mis sur pied l’année dernière suivant le mécontentement des opérateurs mauriciens par rapport à la décision du gouvernement d’ouvrir les bancs aux bateaux étrangers. Présidé par Anil Gayan, ministre du Tourisme, le comité comprenait également Prem Koonjoo, ministre de la Pêche, Ashit Gungah, ministre du Commerce, Sunil Bholah, ministre des Affaires et des Coopératives, et Soodesh Callichurn, ministre du Travail.

Le but était de venir avec des propositions afin de développer l’industrie de la pêche dans un contexte global d’économie bleue.

Après une année, le comité est ainsi venu de l’avant avec six mesures phares. Parmi elles, on relève la mise sur pied d’une flotte nationale. Il faut dire que cette option avait été suggérée à maintes reprises par ceux contestant le nombre de permis de pêche octroyés aux bateaux étrangers dans notre Zone économique exclusive (ZEE). Selon nos sources, le plan privilégié pour la mise en place de cette mesure est la formation des pêcheurs mauriciens afin qu’ils puissent travailler sur ce bateau. Et par la même occasion, répondre aux difficultés de ceux pêchant dans le lagon.

Les autres points présentés dans le rapport sont en fait des mesures déjà existantes, dont on recommande une révision ou un meilleur suivi. Citons entre autres la mesure visant à poursuivre les négociations avec l’Union européenne dans le cadre d’un accord de pêche, notamment sur la question de quota et de l’utilisation de Dispositif de concentration de poisson (DCP). Un meilleur mécanisme de contrôle pour les bateaux étrangers pêchant dans notre ZEE, afin de prévenir la surpêche, la mise sur pied d’un comité pour tenir à jour la liste des poissons toxiques, une étude pour évaluer les besoins en termes de ressources humaines ainsi qu’une révision du prix des “by-catch” figurent parmi les autres propositions.

Mais ces propositions sont loin de satisfaire les opérateurs, qui ne voient rien de nouveau dans cette liste. « Notre problème était que des bateaux étrangers viendront dorénavant nous faire de la concurrence sur les bancs, autrefois réservés aux opérateurs locaux. Le rapport vient nous parler de négociations avec l’UE et d’autres bateaux étrangers. En gros, cela ne change rien pour nous », dit un porte-parole. Ce dernier fait également remarquer qu’il est « plutôt drôle de voir le gouvernement parler du prix des “by-catch” alors que nous savons tous qu’il n’y a qu’un seul opérateur, très proche du gouvernement, qui a le monopole sur ces prises ».

De son côté, Judex Rampaul, réagissant à la mise sur pied d’une flotte nationale, est d’avis qu’il ne s’agit « encore une fois que d’un effet d’annonce ». Tout en reconnaissant que cette option représente une « bonne idée », il énumère une série de mesures annoncées dans le passé et qui n’ont jamais pu être concrétisées ou qui n’ont pas connu de succès. « Je ne m’emballe pas pour cela, car on sait tous comment les choses se passent. Peu importe quelle mesure on propose, ce sont toujours les proches des politiciens qui en bénéficient. »

D’autre part, la présentation de ce rapport par Anil Gayan au cabinet la semaine dernière a provoqué un certain malaise, car le ministre de tutelle, Prem Koonjoo, est actuellement absent du pays. Déjà, le fait que ce soit le ministre du Tourisme qui préside ce comité sur la Pêche avait donné lieu à des mécontentements.

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