PÊCHE—PATRICK GUILLIANO MARIE: « Il ne manque pas de poisson dans le lagon »

Patrick Guilliano Marie, secrétaire de la St-Pierre Fishermen Multi-Purpose Cooperative Society, estime qu’il ne manque pas de poisson dans le lagon à Grand-Gaube, « sauf en hiver ». Lui et son groupe de pêcheurs, membres de la société coopérative, gagnent leur vie aisément et ce, depuis des générations. Guilliano Marie représente la cinquième génération, et son fils de 19 ans suit ses pas.
« Pli ale mo trouve ki mo pe gagn pli boukou pwason. Randman lamer li tou le tan bon. » Propos de Guilliano Marie, 39 ans, et qui exerce comme pêcheur depuis l’âge de 15 ans. Son groupe, qui compte 14 pêcheurs enregistrés, ramène entre 400 et 500 kg de poisson chaque jour. Parfois, ils peuvent ramener de quatre à cinq tonnes de poisson par jour. Ce pêcheur dit ne pas craindre pour son gagne-pain car « tout métier nourrit son maître. »
S’agissant du projet aquacole lancé à Grand-Gaube, et dont sa société coopérative est partie prenante, ce pêcheur estime que c’est une bonne chose pour l’avenir. « Nourrir des poissons dans des cages pour ensuite les pêcher, ça fait drôle pour moi qui a l’habitude de les pêcher au naturel. N’empêche que je trouve que c’est un bon projet qui peut devenir un grand business à l’avenir », confie-t-il. « Zame mo ti imazine ki enn zour, nou peser, pou kapav fer enn travay parey », ajoute notre interlocuteur.
Pour sa part, le cousin de Guilliano Marie, Pascal, pratiquait la pêche à la senne et parfois il faisait également de l’extraction de sable. Il compte trente années d’expérience dans le domaine et a suivi des cours de formation dans l’aquaculture. Il se dit heureux de ce développement dans le secteur de la pêche car la mer, dit-il, devient de plus en plus dangereuse hors du lagon à cause du changement climatique. « Je préfère que nos enfants apprennent à nourrir les poissons et à les pêcher. C’est mieux ainsi car ils auront le temps d’aller à l’école et de maîtriser aussi les outils académiques », déclare-t-il.
De son côté, le consultant à titre bénévole de ce projet aquacole à Grand-Gaube, Anthony Chung, estime que le métier de pêcheur devient de plus en plus difficile et pénible, comme l’ont témoigné les pêcheurs eux-mêmes. « Les prises diminuent dans le lagon et il y a aussi le mauvais temps qui empêche les pêcheurs de sortir », fait-il ressortir. Selon lui, l’aquaculture permettra aux pêcheurs d’obtenir des revenus additionnels grâce à leurs connaissances et à leur expérience dans le domaine. M. Chung est d’avis que cette activité n’a aucun impact écologique sur l’environnement marin. « Au contraire, de nouvelles espèces de poisson viennent rôder autour des cages des pêcheurs », souligne notre interlocuteur. Il indique qu’au début certains pêcheurs étaient sceptiques quant au succès de ce projet initié en août de l’année dernière. La société coopérative de Grand-Gaube a cru dans le projet. « Elle a réussi aujourd’hui », dit-il. Depuis la première “récolte” le 13 juin dernier, les membres de la société coopérative ne chôment pas avec deux types de poisson qui tombent dans leur paniers – l’un qu’ils pêchent dans le lagon et l’autre qu’ils élèvent dans des cages et qu’ils attrapent avec des filets lorsqu’ils sont devenus assez grands.

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