PEINTURE: Jocelyn Thomasse, formes et couleurs transcendent le nu

Nuances et équilibres caractérisent la vingtaine d’huiles sur toile que Jocelyn Thomasse présente jusqu’au 12 septembre à la galerie 3A, chez Nautica en face du Ruisseau Créole, à Rivière-Noire. Depuis qu’il consacre l’essentiel de son temps à sa passion, le peintre de Cascavelle approfondit ses recherches, prend des libertés par rapport à ses sujets et vagabonde avec délectation dans une palette plus nuancée et une conception plus expressive.
Jocelyn Thomasse a ajouté de l’équilibre et des nuances dans ses choix de couleur, ce qui semble rompre de manière décisive avec les années où ses tableaux à l’huile en appelaient aux tons vifs et denses. Les expositions auxquelles il a habitué le public à la galerie de Senneville montraient de temps à autre des nus, mais ceux-ci n’avaient jusqu’alors jamais fait l’objet d’une exposition à part entière. Plus de vingt pièces sont ainsi exposées depuis hier et jusqu’au 12 septembre à la galerie 3A, pour clôturer la présence de cette enseigne dans le bâtiment Nautica (voir encadré).
Quelques aquarelles ainsi que quelques huiles sur bois sont accrochées à côté d’une majorité d’huiles sur toile. L’inspiration et le motif de ces tableaux peuvent lui venir tout aussi bien d’une pratique régulière du croquis lors de séances de pose, que de l’observation d’oeuvres de certains expressionnistes américains qu’il affectionne particulièrement. S’il s’est longtemps attaché au sujet, dans une recherche scrupuleuse de volumes et de formes, il tend de plus en plus à intégrer son sujet dans un ensemble de lignes et formes simplifiés où la matière, la pâte et la couleur prennent le dessus. « Je ne recherche plus le volume dans le sujet, mais dans la pâte… » nous indique-t-il. S’il ne prétend pas révolutionner cette forme de représentation, le fait est qu’il est un des rares à maîtriser ce genre et à le faire exister à Maurice. Il fuit l’académisme qui fait partie des apprentissages dans ce genre avec la recherche des justes proportions, et qui a marqué l’histoire de la peinture, mais qui doit absolument être dépassé pour transcender le sujet et développer le ressenti et le symbolisme plutôt que sur le sujet en lui-même. Les formes et les couleurs supplantent donc le sujet, le corps peut être montré partiellement ou dans une perspective qui semble en déformer la représentation. Voluptueux, abandonné au regard de l’artiste ou tenant une pose assise ou quasi-contorsionniste, ces corps féminins laissent chacun une empreinte particulière, le trait étant tantôt relativement torturé un peu à la manière d’Ego Schiele, tantôt épuré mais pas encore stylisé au point de Matisse ou des cubistes. Pourtant parfois l’imbrication du cadre et la superposition de formes comme dans Le grand sommeil peut renvoyer à certains aspects de ces courants. Les plans et points de vue varient autant que possible.
Ce peintre est connu pour ses aquarelles paysagères réalisées in situ à travers le pays. S’il se sent « les mains liées » lorsqu’il fait face à son sujet, le travail en atelier l’amène à prendre des libertés et vagabonder en pensée là où seules les lignes et la couleur lui dictent sa conduite.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -