PENCÔTE : Mgr Piat soucieux de « l’écart terrible entre riches et pauvres

Lors de deux événements importants pour l’Église catholique durant le week-end, notamment le lancement de la version CD MP3 du Nouveau Testament en Kreol et la Fête de la Pentecôte, Mgr Maurice Piat a tenu un discours à résonance sociale. Au Thabor, hier après-midi, l’évêque de Port-Louis, applaudi à la fin de son homélie, s’est exprimé, entre autres, sur le nombre grandissant de Mauriciens confrontés à la pauvreté. « Sa mazorite dimoun ki ena tigit inn vinn pli gran e sa lekar-la inn vinn terib », a-t-il déclaré dans son homélie. l’église, selon lui, « est capable d’apporter sa contribution dans un pays qui passe par des moments difficiles » en lançant un appel aux catholiques « à ne plus rester les bras croisés ».
Cette messe de Pentecôte à laquelle ont participé un grand nombre de catholiques était très collée à l’actualité locale. Que ce soit dans l’homélie de Mgr Piat ou dans les différentes prières on en a fait allusion. « La situation dans le pays reste préoccupante. Li byen inkietan. Nou pe pas par bann moman difisil », a d’ailleurs souligné l’évêque de Port-Louis dès le début de son intervention. Il a fait état de l’augmentation du chômage ainsi que du problème de pauvreté qui prendrait des nouvelles dimensions selon son constat. « Bann dimoun ki ena tigit pe vinn pli bokou. Cet écart entre les riches et les pauvre s’agrandit. Sa lekar-la inn vinn terib. »
Mgr Piat a eu aussi une pensée pour les milliers de Mauriciens souffrant du SIDA alors que le monde entier était invité hier à se joindre à l’International AIDS Candlelight Memorial. Mgr Piat note « un manque de coordination » entre les différents services pour venir en aide à ceux atteints du vih. « Pena kordinasion antr bann dimoun ek bann servis ki bizin vinn an ed a nou ban frer e ser ki pe viv avek sa maladi-la. » Il ajoute que la stigmatisation envers les malades du sida est encore très forte, et ce qui explique, selon lui, l’hésitation de nombreuses personnes à se présenter auprès des services appropriés pour des tests de dépistage. L’évêque de Port-Louis demande aux Mauriciens d’avoir de la compassion et de témoigner de leur solidarité envers les malades du sida.
Selon Mgr Piat, les catholiques ne peuvent pas se contenter de « zis plengne » et « à rester les bras croisés » vis-à-vis des problèmes divers que connaît le pays. « Ce n’est pas à coups de baguette magique que tous les problèmes de la société disparaîtront d’un seul coup », leur a dit l’évêque de Port-Louis.
Dans un autre volet de son homélie, Mgr Piat les a bousculés hier dans la manière de vivre leur foi dans la vie quotidienne et les a invités à « une remise en question » car il est convaincu que l’Église est « capable d’apporter sa contribution pour traverser ces moments difficiles ». Mgr Piat devait souligner le sens d’appartenance et l’attachement des Mauriciens au pays. « Nou tou kontan nou pei. Nou tou kontan sa pep morisien-la avek tou so konpozant, nou atase a sa pep-la », a dit l’évêque de Port-Louis. Il a insisté auprès de l’assistance hier sur la nécessité de prier pour le pays afin qu’il « retrouve le chemin du salut ». « Anou priye pou nou pei, pou ki nou kapav rekonet nou febless e rekonet bann erer ki nou finn fer. »
Le chef de l’Église a aussi rappelé aux catholiques hier leur rôle de « témoin dans la société » et « que la force de l’esprit saint reçu à la Pentecôte » leur permet d’accomplir cette mission là où ils se trouvent, c’est-à-dire, au sein de leurs familles, dans leurs quartiers résidentiels, sur leurs lieux de travail ainsi que dans leurs responsabilités de citoyens. « Soyez des témoins de la vérité, n’ayez pas peur de dire la vérité », les a-t-il encouragés.
Par ailleurs, cette Fête de la Pentecôte coïncidait avec les 22 ans d’épiscopat de Maurice Piat. Un des prochains projets qui lui tient à coeur et auquel s’apprête le diocèse de Port-Louis est l’évaluation de la mission de l’Église dans tous les secteurs où elle est présente. Il s’agit d’un vaste exercice de réflexion/discussion/proposition au plan national baptisé « Kleopas » et qui se fera en phases et s’étalera sur trois ans. Ce projet va dans le sens de cet appel de remise en question que l’évêque de Port-Louis a lancé hier après-midi aux centaines de catholiques présents au Thabor.

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