PERMIS À POINTS: La grande responsabilité des autorités pour réduire le nombre d’accidents…

Excellente initiative du gouvernement de venir de l’avant avec le projet de loi pour donner vie au système de Permis à Points. Il en était grand temps! Cela faisait des lustres qu’on annonçait ce projet dans les médias alors même que les accidents de la route allaient crescendo.
Nous le savons tous : la République de Maurice compte un nombre élevé de chauffards et autres conducteurs qui font fi du code de la route et des principes élémentaires de la courtoisie au volant. Tous les jours, nous continuons à voir sur nos routes des motocyclistes sans casques ou qui frôlent la mort de par leurs manoeuvres pressées et zigzagantes, des automobilistes conduisant à vive allure qui sont scotchés à leur portable, des chauffeurs qui n’allument pas leurs phares à la tombée de la nuit ou qui n’utilisent pas leurs clignotants pour indiquer s’ils vont tourner, changer de voie ou s’arrêter.
Tous les jours, nous voyons des « échangeurs de lignes » – certains faisant même la grande diagonale entre trois couloirs sur la M1 d’un seul coup – qui mettent en danger les autres utilisateurs de la route, des vans de 15 places qui roulent à tombeau ouvert, des autobus qui vont au-delà de la vitesse autorisée, des poids lourds qui menacent de tuer piétons et autres automobilistes, des conducteurs de berlines, voitures de sport « tunées » et autres SUV qui vous foncent dessus, vous collent à l’arrière sans respecter la distance élémentaire entre deux véhicules et vous flashent avec insistance pour vous indiquer de libérer la voie…
Les exemples sont flagrants et on en voit tous les jours chez nous, que ce soit sur l’autoroute, dans les villes, villages, sur les routes côtières…. La nouvelle législation va peut-être aider à faire diminuer tant d’exemples de mauvaise conduite et d’irresponsabilité sur les routes mauriciennes.
Cependant, les dispositions de cette nouvelle loi ne donnent pas suffisamment de définitions et exemptent les autorités de tout blâme en cas d’accident. Que se passe-t-il si un chauffeur en état d’ivresse heurte fatalement avec sa voiture un autre véhicule en stationnement dans une ruelle ? Le chauffeur ou propriétaire du véhicule stationnaire sera-t-il traduit pour homicide involontaire s’il se trouvait à l’intérieur de son véhicule en stationnement ?
Dans le même ordre d’idées, que se passe-t-il si un conducteur imprudent qui conduit au-delà de la limite autorisée et qui zigzague sur la route pour dépasser d’autres véhicules, provoque un grave accident impliquant d’autres véhicules dont les chauffeurs n’ont rien pu faire pour éviter tout drame ? Ces derniers seront-ils pénalisés par le système de permis à points en attendant les conclusions de l’enquête policière et d’un verdict en cour ?
L’on note également à Maurice beaucoup de piétons mal élevés et indisciplinés, qui peuvent traverser la route à n’importe quel moment et qui ne vont jamais utiliser le passage clouté ou attendre un signal propice des feux de signalisation. Donc, que se passe-t-il si un chauffeur heurte une personne qui surgit subitement devant sa voiture ? Sera-t-il sanctionné ? Comment ? Qui prend la décision de lui coller des points dans un cas semblable ?
D’autre part, il ne faut pas se leurrer. Nous avons des routes réellement dangereuses dans notre pays, et les autorités attendent souvent qu’il y ait mort d’homme pour initier un semblant d’action. Des fois, ces mêmes autorités ne sont pas assez proactives, comme dans le cas des feux qui ne fonctionnent plus aux carrefours principaux de plusieurs villes parce que le gouvernement n’aurait pas encore honoré une partie du paiement dû à la compagnie responsable de l’installation et de la maintenance des feux de signalisation.
Dans d’autres cas, des routes – et une bonne partie de l’autoroute principale du Nord au Sud – sont mal éclairées le soir car soit il y a un manque de lampadaires, soit ces derniers ne marchent pas. N’oublions pas le manque cruel de panneaux indicateurs dans plusieurs localités et sur de nombreux tronçons de route.
Donc là, on constate clairement que les autorités – le ministère d’Anil Bachoo, ses nombreux départements manquant de synergie et de communication comme la Traffic Management and Road Safety Unit ou encore la Traffic Branch de la police ou le département tombant sous la charge de Ben Buntipilly au Bureau du Premier ministre – peuvent être considérés fautifs. Si nos routes et autres structures relatives étaient dans les normes, s’il y avait suffisamment d’éclairage le soir (même avant les passages pour piétons), si l’unité de patrouille de la Traffic Branch était plus efficace et dissuasive, nos routes seraient définitivement moins meurtrières.
Que tout le monde mette la main à la pâte et qu’on arrête de jeter tout le temps le tort sur les automobilistes seulement. Sinon, le permis à points n’apportera rien de concret, mais permettrait juste de renflouer davantage les caisses de l’État et d’encourager les cas de « hit & run »…

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -