PERSONNALITÉS À L’HONNEUR : Mission à hauts risques  pour Cassam Uteem

Le SG de l’ONU, Ban Ki-Moon : « Je souhaite que l’élection au Burundi se déroule dans la paix et j’espère un résultat crédible . L’éventuelle candidature du président en exercice, Pierre Nkurunziza, déjà au centre des controverses politiques et diplomatiques.
L’ancien président de la république, Cassam Uteem, entame depuis le 1er janvier l’une de ses plus importantes et délicates missions politiques sur le plan international. En tant qu’envoyé spécial du secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-moon et chef de la Mission d’Observation Electorale au Burundi (MENUB), il est appelé à superviser au moins cinq scrutins, dont des élections présidentielles et législatives dans ce pays d’Afrique entre mai et septembre de cette année. La mise sur pied et les opérations de la MENUB découlent de la résolution 2137 adoptée par le Conseil de Sécurité lors de ses délibérations du 13 février de l’année dernière.
La constitution de la MENUB fait suite à une demande formelle des autorités du Burundi afin d’aider au bon déroulement et d’encadrer la tenue de ces différentes élections cette année. Pour les besoins de cette mission, qui s’annonce être des plus « demanding », Cassam Uteem pourra compter sur la collaboration du ministre de la Justice du Niger, Issaka Suina, qui a déjà servi en tant qu’observateur pour des élections à Madagascar.
Compte tenu de l’importance de cette mission, le secrétaire général des Nations-Unies a exprimé, vendredi « le souhait que l’élection au Burundi se déroule dans la paix et espère un résultat crédible ». C’est ce qui est indiqué dans un document officiel posté sur le Website de l’ONU en date du 2 janvier. Se félicitant du lancement officiel de la mission confiée à Cassam Uteem, le porte-parole du secrétaire général des Nations unies souligne le fait que « peaceful and credible elections are credible for the people of Burundi » et que « all Burundians will seize this opportunity to establish peace and stability in their country ».
Le choix de l’ancien Président de la république pour cette mission à hauts risques est basé sur l’expérience et l’engagement politiques de cet homme d’Etat, qui a servi Maurice en différentes capacités. Le communiqué officiel des Nations unies confirmation la nomination soutient que « Mr Uteem is credited for having promoted  his country’s Unity in Diversity policies which succeeded in establishing national unity and a stable inclusive democracy in a multi-ethnic, multi-religious society ».
Toutefois, au tout début de cette mission spéciale, qui devra durer au moins pendant neuf mois – soit le temps que toutes les élections prévues soient organisées – la situation sur le terrain ne s’annonce guère de tout repos. D’emblée, la plus importante controverse porte sur l’éventuelle candidature du président sortant aux prochaines élections présidentielles. Viennent se greffer sur ces difficultés constitutionnelles, des incidents sanglants dans différentes régions de ce pays et de graves allégations de l’opposition au sujet de l’enregistrement des électeurs par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Dès la fin de la semaine, les premières escarmouches diplomatiques au sujet de la candidature du président en exercice ont été enregistrées avec un potentiel d’escalade au fur et à mesure que les échéances se précisent. L’envoyé spécial du président des Etats-Unis, Barack Obama, est catégorique à l’effet que Pierre Nkurunziza ne peut être candidat à sa propre succession. « Bien qu’il existe une disposition constitutionnelle qui pourrait être interprétée comme autorisant le président actuel à briguer un troisième mandat, cela irait à l’encontre du langage non-équivoque des Accords d’Arusha qui stipulent que nul ne peut remplir plus de deux mandats présidentiels » s’appesantit le diplomate américain.
Cette prise de position des Américains a déjà provoqué une vive réaction venant du camp du président du Burundi, qui soutient que « le Président de la république a juré fidélité à la Constitution et aux lois en vigueur. Nous sommes en train d’organiser les élections de 2015 conformément aux lois en vigueur au Burundi ». Tôt ou tard, l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies sera appelé à trancher cette question de candidatures sur la base des Accords d’Arusha et à prendre position en faveur d’un camp ou d’un autre.
Au cours de la semaine dernière, l’opposition a dénoncé des maldonnes lors de l’enregistrement des électeurs en accusant la CENI de fermer les yeux sur « des fraudes massives ». Faisant état de ces incidents, la presse avance que « même si tout le monde est d’accord sur le fait qu’il y a eu beaucoup d’irrégularités lors de la distribution de la carte d’identité, indispensable pour se faire enrôler, les divergences restent fortes. » L’opposition Burundi réclame en vain une annulation de cet exercice et s’apprête à faire appel à la MENUB pour un arbitrage.
Devant ce qui est présenté comme « l’existence d’une fièvre préélectorale précoce», le gouvernement de Bujumbura a appelé à une trêve dans la conjoncture en vue de tenter d’atténuer la tension tout en annonçant un renforcement des mesures de sécurité diverses pour rassurer la population.
Autant d’éléments attestant que l’ancien Président de la république est engagé dans une mission à hauts risques d’autant plus qu’au cours des derniers jours de décembre, le chef d’état major de l’armée burundaise a adressé une sévère mise en garde à l’opposition de ce pays, comme rapporté par Radio-France Internationale…

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