Perspectives difficiles pour le secteur agricole

Le début de 2018 s’annonce sous des difficiles auspices pour le secteur agricole. Les pluies de la semaine dernière ont en effet affecté dans une grande mesure les cultures vivrières, des champs de légumes étant en effet complètement endommagés. À la lumière d’un constat effectué à Plaine-Sophie samedi après-midi, le ministre de l’Agro-Industrie, Mahen Seeruttun, confirme que, dans la conjoncture, le pays n’aura d’autres choix que de se tourner vers l’exportation pour s’approvisionner en légumes dans l’immédiat. Toutefois, le problème est davantage plus structurel du côté de l’industrie cannière. Les dernières indications sont que les recettes d’exportations de sucre pour la récolte 2017, sous le contrôle du Syndicat des sucres, seront inférieures de l’ordre de 25%.

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Cette question de l’évolution du prix du sucre à l’exportation, et surtout le prix de la tonne de sucre à être payé aux planteurs de l’industrie cannière, continue de préoccuper l’hôtel du gouvernement. Le comité conjoint gouvernement–secteur privé, sous la coprésidence du chef de Cabinet au ministère de l’Agro-industrie et de l’ancien Chief Executive Officer de Business Mauritius, en vue de se pencher sur les problèmes de l’industrie sucrière, s’est réuni pour la première fois cette année vendredi. Le prix du sucre pour la récolte de l’année hante les esprits, même si à ce jour, aucune source officielle n’a voulu s’aventurer pour confirmer le chiffre qui circule sous manteau dans ces mêmes milieux.

Des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien de sources autorisées avancent que les recettes d’exportations sucrières devraient être de l’ordre de Rs 4,5 milliards, soit 25% de moins que celles de 2016, qui étaient de l’ordre de Rs 6 milliards. Cette performance traduit les nouvelles conditions sur le marché en Europe avec l’abolition des quotas d’exportation de sucre depuis le 1er octobre de l’année dernière et ses effets d’entraînement sur le prix mondial. Avec la confirmation de ces recettes pour la coupe de 2017, dont les estimations ont été révisées à la baisse, il va de soi que le prix de la tonne de sucre aux planteurs en subira les conséquences et pourrait être de l’ordre de Rs 12 000, contre Rs 15 500 en 2016. Mais aucune confirmation officielle n’était disponible de sources officielles à ce jour, les autorités préférant attendre de prendre connaissance des délibérations et des propositions du comité conjoint avant de se prononcer sur la question.

D’autre part, l’Agricultural Marketing Board (AMB) entame, en ce début de semaine, des démarches en vue de faciliter l’importation de certains légumes pour remédier au manque qui devrait se faire sentir sur le marché d’ici la semaine prochaine. C’est ce qu’a laissé entendre le ministre de l’Agro-industrie et de la Sécurité alimentaire, Mahen Seeruttun, dans une déclaration ce matin au Mauricien, après avoir visité, samedi et dimanche, des plantations de légumes affectées par les grosses averses de la semaine dernière à Plaine-Sophie, La Marie et dans l’est du pays.

« Nous n’avons pas le choix; nous devons avoir recours à l’importation de certains légumes. J’ai demandé à l’AMB d’entreprendre certaines démarches. Nous prenons toutes les dispositions pour que les consommateurs ne soient pas trop affectés par ce phénomène, qui est en dehors de notre contrôle. D’autant plus qu’une bonne partie de Mauriciens seront en période de jeûne bientôt pour le Maha Shivaratree et le Cavadee », affirme le ministre.

Mahen Seeruttun est allé, samedi et dimanche derniers, faire un constat personnel de la situation dans des plantations de légumes. « J’ai visité plusieurs sites et j’ai constaté que la situation de l’agriculture s’est aggravée depuis le début de l’année. Les rapports du Small Farmers Welfare Fund (SFWF)et du Food and Agriculture Research Extension Institute (FAREI) montrent que les dégâts causés tournent autour de 40 à 50%, principalement des légumes fins et des filantes, carottes et calebasses », dit-il.

Selon le ministre, certains légumes seront disponibles pendant encore une semaine et il n’y aura pas de manque de poivrons et de tomates, qui sont cultivés en serre, « car il n’y a pas eu de dégâts de ce côté-là ». Cependant, ajoute le ministre, « avec le temps qui ne s’améliore pas et avec un autre cyclone qui vient, le mauvais temps va persister et les choses ne vont pas s’améliorer aussi vite ». Mahen Seeruttun a rappelé avoir demandé vendredi dernier l’accord du Conseil des ministres pour présenter un plan d’aide pour les planteurs. Son ministère travaille actuellement sur les différentes formules en vue de leur venir en aide de manière efficace – en termes de fertilisants, de semences et de conseils pratiques – pour que les planteurs puissent rapidement réhabiliter leurs plantations.

Le ministre dit suivre la situation « de près » car « nous sommes encore début janvier, en pleine période de pluies et de cyclones, et en période de jeûne, où nos besoins en légumes augmentent ». Et de promettre que « nous allons tout faire pour qu’il n’y ait pas de grand manque de légumes sur le marché ».

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