PETROLEUM HUB – APRÈS LES CONFIRMATIONS AU PARLEMENT : Les habitants d’Albion se mobilisent

Le gouvernement ira bien de l’avant avec son projet de Petroleum Hub, qui comprendra également des installations dans la région d’Albion. C’est la confirmation donnée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, à l’Assemblée mardi dernier. Ce qui pousse les habitants d’Albion à monter au créneau pour dénoncer les risques existants par rapport à l’environnement. Ils déplorent également le manque de communication du gouvernement avec la communauté, estimant qu’ils ont été « trahis ».
Le Kolektif Say No To Petroleum Hub réagit aux réponses parlementaires formulées par le Premier ministre cette semaine à l’effet que le gouvernement va de l’avant avec le projet de Petroleum Hub. Dans ce contexte, a-t-il précisé : « For the petroleum business segment to grow more rapidly, there would be the need for the development of a petroleum Port including a dedicated jetty at Albion. » Pravind Jugnauth devait aussi préciser que des consultants travaillent actuellement sur un « land use plan » pour la région d’Albion.
Les habitants de cette localité, qui avaient déjà fait entendre leurs voix à ce sujet, sont montés au créneau pour dénoncer une nouvelle fois ce projet du gouvernement. « Pour commencer, les habitants étaient là avant. Nous sommes venus à Albion chercher du calme et du repos. On ne peut du jour au lendemain venir imposer un tel projet. Qui plus est, il n’y a eu aucune étude sur l’impact environnemental jusqu’ici », déplorent les membres du collectif.
Ils se demandent également pourquoi la région est ciblée pour de tels développements, rappelant que par le passé, il y avait les projets de La Chaumière et de City Power. « Celui-ci sera pire. Non seulement il y a des risques de pollution de l’air, mais il y aura de la pollution sonore et une forte odeur de pétrole. Nous nous demandons d’ailleurs pourquoi ils ne veulent pas produire un permis EIA. Cela aurait pu démontrer si un tel projet est faisable dans la région. »
Le collectif compte plusieurs cellules dans d’autres endroits concernés par ce projet, notamment à Pointe-aux-Sables, Petit-Verger et Flic-en-Flac. La spécificité géographique de cette région est également mise en avant par les contestataires. « A Pointe-aux-Caves, il y a des plaques volcaniques. Si on met un « bunkering » dessus, cela s’affaissera, causant les risques d’une marée noire. Qui plus est, comme on ne peut draguer pour faire entrer les pétroliers, il faudra dynamiter, avec les conséquences écologiques que cela représente. »
Le collectif met également en avant la flore et la faune marine de cette région. En plus des baleines et des dauphins, qui fréquentent la côte ouest, le collectif évoque la présence du Napoléon, « poisson unique à la région d’Albion », et des algues ayant fait l’objet de recherches pour leurs propriétés pharmaceutiques. « Nous ne sommes pas contre les projets de développement, mais nous ne voulons pas être une poubelle. Si on nous propose par exemple des « wave energy captor », des fermes photovoltaïques ou des éoliennes, nous n’avons aucun problème. D’ailleurs, pourquoi investir dans un petroleum hub quand on sait que les énergies fossiles vont disparaître avant 50 ans ? »
Les habitants d’Albion rappellent également que Maurice est signataire de la COP 21 et de la COP 22. « Ce projet est contre le principe d’une île durable. » Ils se demandent ce qui se passerait s’il y avait un accident entre deux pétroliers, comme cela s’est passé à Bangalore, en Inde. « Là-bas, on a dû dédommager 35 000 pêcheurs. Ici, ce sera toute notre industrie touristique qui sera détruite. »
Le collectif avait adressé une correspondance à la haute commission indienne sur ce projet. « Nous n’avons eu aucune réponse jusqu’ici, ni de la commission, ni du Premier ministre. Nous notons également que l’Inde investit dans l’énergie propre chez elle mais qu’elle vient polluer chez nous. » Ces citoyens regrettent également l’absence de consultation des autorités avec la communauté. « On n’a même pas fait une étude pour voir si ce projet est réalisable et on ne nous a pas consultés. C’est de la dictature. Nous sentons que nous avons été trahis par le gouvernement Lepep. »

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