À PHŒNIX : Atif Aslam in a state of grace…

Assurément le meilleur concert d’un artiste indien chez nous cette année ! Du rock. Du pop rock. Des résonances de rockabilly. Et même quelques accents de… métal ! Ceux qui pensaient qu’Atif Aslam se limitait à un chanteur de balades pour minettes et qui conte fleurette avec sa guitare en ont pris pour leur grade samedi ! En effet, c’est un peu plus de 120 minutes de pur rock, conjugué tantôt aux riffs lancinants, tantôt aux solos enivrants, que le crooner pakistanais a distillé, au J&J Auditorium, guitare en bandoulière et accompagné par des musiciens dont certains semblaient être très proches des musicos de Sepultura ou de Megadeth ! Et pas que pour le look…
Atif Aslam est loin, très loin de tous ces play-back singers de Bollywood. En quatre shows chez nous, l’interprète des éternels Bheegi bheegi yaadein, Aadat, Doorie, Hum kis galli, Mahi Ve ou Meri Kahani a confirmé son immense talent et surtout, son excellente maîtrise de la scène.
En effet, la plupart des play-back singers de Bollywood ont ce petit défaut : ils estiment que leur voix peut compenser pour l’absence de jeu scénique, qui pèche dans leurs spectacles. Et c’est ce qui fait que bon nombre d’entre eux font appel à des co-singers et autres éléments, tels que des danseurs ou des imitateurs, pour compléter leur tour de scène.
Atif Aslam, lui, n’a nul besoin de ces artifices et fioritures. La raison étant qu’avant d’être play-back singer pour Bollywood, il a été un musicien tout court ! Avec son groupe Jalpari qui a splitté alors qu’il allait goûter aux premières joies du succès… C’était le temps des « Bheegi bheegi yaadein », très justement… Entretemps, beaucoup de notes (de musique) ont été distillées, assurant à Atif Aslam une place de choix parmi les artistes de son temps ! Le show-biz, il a appris à en gravir les marches et cela se ressent, désormais, à chaque concert qu’il donne, que ce soit à Maurice ou ailleurs.
Samedi soir, sur la scène du J&J Auditorium, l’artiste, qui ne s’est pas beaucoup fait désirer — une petite demi-heure durant laquelle les organisateurs, Crystal Events, ont présenté un rapide défilé de mode plutôt apprécié — s’est donné à fond : plus de 120 minutes de pur bonheur musical.
Armé de sa six cordes toute noire en bandoulière, soutenu par trois autres guitaristes, un batteur qui semble adepte tant de wrestling que de death metal et un claviériste très inspiré, Mr Aslam a donné toute la latitude de son énorme potentiel. Il avait promis un show sous le signe du rock, qu’il affectionne beaucoup — ceux qui possèdent ses albums hors Bollywood le savent — cela a effectivement été 120 minutes de bon rock où seuls l’ourdou, le hindi et quelques autres dialectes asiatiques ont scellé la différence avec les artistes occidentaux.
Atif Aslam, au gré des années, a considérablement amélioré ses prestations, tant et si bien qu’il se passe de trépigner aux quatre coins de la scène pour galvaniser sa foule ! Son timbre si particulier, qui devrait faire pâlir les Céline Dion et autres Lara Fabian, car il s’agit bien d’un chanteur à voix, le registre n’étant pas réservé aux seules femmes, ajouté à un plaisir évident de « perform », ajouté à sa maîtrise de son art, font de ce jeune Pakistanais un artiste que les Mauriciens réclament année après année. Tout le mal qu’on lui souhaite, c’est qu’il n’attrape pas la grosse tête…
Crystal Events n’a peut-être pas pu remplir tous les sièges du J&J Auditorium, surtout dans la catégorie des VVIP, probablement parce que le prix de ce ticket (Rs 3 500) était un peu élevé. Mais ces organisateurs peuvent se targuer d’avoir réussi un bon show, soutenu par un artiste en état de grâce et servi par une organisation mieux rôdée que l’an dernier.

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