PLAGES PUBLIQUES : Le combat « pou sov laplaz » enclenché

L’année 2013 a été marquée par la création de la Plateform pou Sov Laplaz (PSL) – qui réunit écologistes, syndicalistes, travailleurs sociaux et simples citoyens. Une série de meetings ont eu lieu dans divers régions du littoral pour dénoncer la « bradation » des plages ainsi que leur « accaparement », la réduction de l’espace destiné au public et la menace que représente la construction les bâtiments commerciaux. Car, au bout du compte, nos plages sont victimes d’érosion.
Cette année, les pique-niqueurs ont eu la possibilité de profiter d’une journée à la plage tout en assistant à un meeting. Du moins, cela a été le cas sur certaines plages, à l’instar de celles de Trou-aux-Biches, Pereybère et Trou-D’eau-Douce. Les orateurs étaient les membres de la Plateform Pou Sov Laplaz (PSL) – un groupe d’habitants et d’activistes réunis souhaitant alerter l’opinion publique sur la préservation des plages tout en dénonçant « l’opacité » autour de certains projets commerciaux érigés sur les plages publiques. Ce qu’il réclame : la dissolution de la Beach Authority, tout en fustigeant les projets permis par celui-ci en faveur d’autres groupes hôteliers et immobilier.
La première initiative de la PSL (NdlR : en septembre) a été d’organiser une marche de protestation, passant par la plage de Trou-aux-Biches, pour finir devant le supermarché Koko, et ce afin d’exprimer sa colère face au projet de construction d’une cafétéria sur l’ancienne aire de stationement de la plage publique. Déplorant la « bradation » des terres par le gouvernement et « l’accaparement » des plages, les protestataires ont ensuite assisté à un meeting devant le supermarché Koko.
Les orateurs y avaient dénoncé l’opacité autour de la livraison du permis pour le projet de cafétéria – un bâtiment qui, selon eux, serait né du jour au lendemain. « Lorsque nous avons eu vent d’un projet de construction sur la plage de Trou-aux-Biches, les habitants ont souhaité avoir plus de détails à ce sujet. Mais ni le District Council ni le Conseil du Village ne détenaient des informations à ce sujet », ont expliqué les membres.
Le travailleur social Georges Ah Yan, leader du FCL, a quant à lui dénoncé divers projets qui, selon lui, « menacent les plages publiques », qui ne représentent que 40 km sur les 300 que compte le littoral. Pour lui, la mise en place de projets hôteliers sur les divers plages, soutenus par des déviations routières – à l’instar de Mon-Choisy -, sont autant d’initiatives en vue de « privatiser » les plages publiques. Par ailleurs, les plages qui, dit-il, sont « plus ou moins intactes », sont envahies par des marchands ou encore par des commerçants louant des transats et offrant des activités nautiques aux plagistes. Des activités tolérées par la Beach Authority (BA), « dont la mission première est de veiller à la propreté et au maintien des plages en bon état » mais qui, selon les protestataires, « contribuerait au mal-être des plages publiques ». Une attitude vivement dénoncée lors des meetings, principalement par Georges Ah Yan.
Pour ce dernier, la Beach Authority est l’organisme qui est à blâmer dans la « dilapidation » des plages. Mais du côté de la BA, c’est un autre son de cloche. Cette dernière dit en effet mettre à la disposition du public de nouvelles plages. Ainsi, au début de l’année, 11 nouvelles plages ont été proclamées « publiques ».
La plateforme dénonce pour sa part une forme de stratégie visant à « déproclamer d’autres plages phares » de l’île « au profit d’investisseurs ». Celles-ci, très convoitées par les groupes hôteliers, ne cessent de disparaître, laissant les pique-niqueurs sur leur… faim. Dans le sud, la disparition de certaines plages est « probable » avec l’implantation de nouveaux établissements hôteliers.
Réhabilitation des plages
Cette année a également été marquée par la réhabilitation des plages par le ministère de l’environnement. Alors qu’à Grande-Rivière-Sud-Est (GRSE), Rs 22,5 M ont été allouées dans cette optique, à Grand-Baie, Poudre-d’Or, Cap-Malheureux et Roche-Noires, c’est une enveloppe de Rs 60 M qui a été attribuée pour des travaux de réhabilitation. Tout comme la plage de GRSE, celles de Flic-en-Flac, Cap-Malheureux et Tamarin, entre autres, sont sur la liste prioritaire des plages qui bénéficieront de travaux concernant la protection de la zone côtière.
Mais pour les habitants de ces régions, l’importance de la préservation du cachet naturel est à maintes reprises mise en avant. Car ils seront les premiers « à payer les conséquences d’une érosion », qui, affirment-ils, « ne cesse de croître ». Ce résultat n’est pas dû uniquement au changement climatique, mais « résulte principalement de la construction de bâtiments sur les plages publiques » qui, soutiennent-ils, « porte préjudice à la bonne santé des plages publiques ». Parmi ceux ayant attiré l’attention cette année : la construction d’une cafétéria sur la plage publique de Trou-aux-Biches, alors qu’à Mon-Choisy, il a été question de convertir les anciennes toilettes publiques en un bâtiment commercial.
Vassen Kauppaymuthoo, ingénieur en environnement et océanographe observant les divers projets entretenus sur divers plages publiques, estime qu’il existe des solutions plus « soft » au problème d’érosion. Dans cette optique, il propose du beach nourishment, l’installation de membranes géotextiles, la “végétalisation” du littoral, la plantation de mangroves, la gestion intégrée des constructions et des routes afin de les éloigner d’au moins 30 m de la ligne des hautes marées. Selon l’observateur, l’installation de structures “en dur” en mer accentue le problème d’érosion.
Au sein de la PSL, aucune structure en dur ne doit être permise sur les plages publiques. Quant aux marchands ambulants opérant sur les plages publiques – qui, selon nos informations, devront cesser leurs activités à partir de l’année prochaine –, la PSL estime que leur « canalisation » est « extrêmement importante » afin de permettre « la bonne santé de nos plages et la liberté » du public.

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