PME: vague de critiques contre SME Mauritius

  • Amar Deerpalsing tire à boulets rouges contre l’organisation
  • Rabin Rampersad : « On veut aller très vite vers les entrepreneurs »

Un an depuis que la Small and Medium Enterprise Development Authority (SMEDA) a fermé ses portes pour faire place à SME Mauritius. Depuis, les entrepreneurs se disent « perdus » car la nouvelle instance ne répondrait pas à leurs besoins. D’autant que SME Mauritius n’a encore déboursé aucun sou pour financer les Petites et moyennes entreprises (PME) en un an d’existence. Le CEO de SME Mauritius, Rabin Rampersad, estime, lui, que la compagnie met les bouchées doubles pour répondre aux attentes des PME.

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Amar Deerpalsing, président de la fédération des PME, estime que SME Mauritius « n’est pas encore à son niveau optimal » s’agissant de ses opérations. Aussi estime-t-il que l’existence de cette compagnie privée suscite des interrogations. « On a fermé une compagnie pour faire place à une compagnie privée avec cinq fonctionnaires. Comment une compagnie privée peut être sous la gestion d’un ministère alors que le gouvernement met en place des “statutory bodies” ? » se demande, interrogé par Le Mauricien, Amar Deerpalsing à propos de SME Mauritius, qui est incorporée depuis un an. Qualifiant cette dernière d’être une « non-performing company » financée par les fonds publics, il avance que les fonctionnaires qui siègent au board de la compagnie sont « bien plus rémunérés que les anciens membres de l’ex-SMEDA ».

Il dit en outre regretter que l’organisme ne soit « pas fonctionnel » alors que les PME attendent des résultats. « Depuis trois ans et demi, on essaie de mettre en place des plans pour les PME. Beaucoup d’argent a été dépensé pour résoudre les problèmes des PME, mais nous constatons que rien n’a été accompli », dit-il. Citant les différentes mesures annoncées par le ministre de tutelle pour améliorer le sort des entrepreneurs, Amar Deerpalsing estime qu’il s’agit d’un « retour à la case départ », ajoutant que « rien n’a changé ». De telles décisions, dit-il, « mettent à mal les entrepreneurs, qui dépendent des institutions pour leur développement ».

Selon lui, le “10 year master plan” commandité par le ministre de l’Activité économique, Sunil Bholah, « n’a jamais recommandé la mise en place de SME Mauritius Ltd » mais plutôt d’un organisme officiel. « Cette compagnie n’a rien apporté de nouveau car l’ex-SMEDA était déjà une entreprise qui avait tout en termes d’employés et de plans pour les PME », dit-il. Pour le président de la fédération, « il faudrait être bête pour croire que les anciens employés de l’ex-SMEDA accepteront de travailler pour SME Mauritius alors qu’il s’agit d’une nouvelle compagnie privée ». Il continue : « Aujourd’hui, ce sont les PME qui en paient le prix. Si on n’avait pas créé SME Mauritius, la situation aurait été bien mieux. Pourquoi conserver un ministère qui ne donne pas de résultats ? Le ministre nous rendrait service s’il ne faisait rien. » Pour lui, SME Mauritius est « un fiasco total car elle ne donne aucun résultat ».

Et d’ajouter : « Les PME sont orphelines. Nous constatons l’absence d’activités dans ce secteur. (…) Tous les indicateurs sont au rouge. Aucune organisation n’est à l’écoute des PME et, de ce fait, des milliers de PME ont dû fermer leurs portes. Le temps n’est pas notre allié. » Amar Deerpalsing dit craindre que les accords de libre-échange Maurice-Chine et Maurice-Inde « entraîneront la mort certaine des PME, car elles ne pourront pas concurrencer » avec les produits en provenance de ces pays.

Selon Usha Hurry, directrice de Shash Creation Ltd, l’ex-SMEDA et SME Mauritius n’ont « jamais répondu aux besoins des entrepreneurs », surtout ceux dirigeant des micro-entreprises. « Je n’ai obtenu aucun soutien jusqu’à présent. Le fait d’être ignorée me donne l’impression que les micro-entreprises n’existent pas », dit-elle. Abondant dans le même sens que le président de la fédération des PME, elle souligne que les entrepreneurs sont « abandonnés à eux-mêmes dans leurs difficultés car, à chaque fois qu’ils sont à la recherche d’informations ou d’une aide quelconque, les employés de l’ex-SMEDA, et maintenant de SME Mauritius, arrivent difficilement à les aider ».

Elle poursuit : « On me connaît uniquement lorsqu’on organise des formations payantes. SME Mauritius est pour moi un éléphant blanc qui ne donne aucun résultat ». Affirmant avoir été « blacklisted » en raison de son franc-parler « sur une situation qui perdure depuis plusieurs années », elle dit heureusement pouvoir compter sur l’aide de sa famille à l’étranger afin de se procurer ses matières premières car, dit-elle, « certaines personnes que j’ai contactées à l’ex-SMEDA n’étaient même pas au courant de l’endroit où l’on pouvait se les procurer ». Dans le même souffle, elle affirme avoir demandé un cours en “packaging” à l’ex-SMEDA mais n’avoir jamais obtenu de suite à sa demande. Alors qu’elle dit offrir de l’emploi à plusieurs personnes et fournir ses produits aux hôtels, elle regrette que, comme elle, « plusieurs entrepreneurs sont dans la même situation mais ont peur de se dévoiler » par peur de représailles.

Pour Rabin Rampersad, nouveau CEO de SME Mauritius depuis quelques semaines, les opérations de SME Mauritius sont en place. « Nous sommes maintenant une organisation dont les activités sont plus allégées et flexibles. Étant une organisation privée, nous avons cette possibilité de donner des résultats rapidement car nous n’avons pas de rupture au niveau de nos opérations », dit-il. D’ailleurs, il avance que des nouveaux plans seront lancés d’ici deux semaines pour les PME. « Nous voulons aller très vite vers les entrepreneurs. Mais pour cela, il faut des personnes qualifiées », mentionne-t-il. Si le recrutement des techniciens a pris « un peu de retard » suite à la fermeture de la SMEDA, il avance que la nouvelle compagnie a retenu les candidats « les plus compétents et capables d’offrir un bon service » aux différents types d’entrepreneurs qu’ils rencontreront.

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