PNQ : La fièvre aphteuse, un problème d’importance nationale

L’ampleur de l’épidémie de fièvre aphteuse qui touche Rodrigues depuis le mois dernier, avec des répercussions à Maurice, a été étalée lors de la Private Notice Question du leader de l’opposition, Paul Bérenger. Que ce soit pour celui-ci ou le ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, goûtant à sa première Private Notice Question (PNQ), la fièvre aphteuse constitue un problème national. À ce stade, Rodrigues a été décrétée zone de quarantaine et une interdiction d’importation du bétail est déjà en vigueur et le sera pendant au mois trois ans, soit le temps que les analyses concluent à une extermination du virus. En 2015, Maurice avait importé 7 470 têtes de bétail de Rodrigues et de janvier à juillet de cette année, 2 460 bêtes ont été débarquées à Port-Louis. Le manque à gagner conséquent pour la communauté des éleveurs de Rodrigues a poussé Paul Bérenger à s’appesantir sur l’importance de l’élevage dans le tissu socio-économique de l’île. Entre-temps, les conditions extrêmement choquantes d’abattage du bétail, rapportées dans l’édition du Mauricien d’hier, ont été dénoncées par le leader de l’opposition avec le ministre se joignant à ces mêmes critiques. Après une première évaluation de la situation sur le terrain, il a été décidé d’abandonner le projet de Mass-Culling du cheptel à Rodrigues. De ce fait, les bêtes qui pourront être sauvées le seront et seront également vaccinées.
Le ministre a annoncé des analyses encore plus poussées des prélèvements, notamment dans des laboratoires en France, en vue de déterminer la cause de cette épidémie dévastatrice pour Rodrigues. À ce jour, l’on suspecte que l’origine pourrait être la viande crue introduite à Rodrigues par avion ou par des yachts faisant escale à Port-Mathurin. Paul Bérenger a réclamé l’institution d’un Fact Finding Committee ou d’un Select Committee de la Chambre pour situer les responsabilités et identifier les raisons pour lesquelles l’interdiction d’embarquer la dernière cargaison de bétail sur le MV Anna, arrivant à Maurice le 1er août dernier, n’avait pas été respectée par les autorités à Rodrigues, mettant du même coup la sécurité alimentaire à Maurice en danger. Une précision de taille a été apportée au sujet de l’éclatement de l’épidémie : le premier cas remonte au 7 juillet à Rodrigues alors que les services vétérinaires à Maurice n’ont été informés du problème que le 19 juillet. Le leader de l’opposition, qui s’est félicité de la démarche du conseil exécutif de l’Assemblée régionale de proposer un barème de compensation aux éleveurs affectés, a lancé un appel au gouvernement pour un effort de la République en faveur de Rodrigues dans la conjoncture.
Bérenger : Par rapport à l’épidémie de fièvre aphteuse, le ministre de l’Agro-industrie peut-il confirmer la date à laquelle le premier cas avéré a été détecté à Rodrigues en révélant le nombre de cas détectés à jour à Rodrigues et à Maurice, les mesures entérinées pour contenir la progression, les causes qui ont été identifiées, les répercussions sur les échanges avec Rodrigues et les exportations vers l’Union européenne et d’autres marchés et si une compensation sera versée aux éleveurs et si un plan de relance de l’élevage sera mis à exécution ?
« Délai de 12 jours »
Seeruttun : Je remercie le leader de l’opposition pour la PNQ sur la fièvre aphteuse. It is an issue of national importance.
À ce stade, le ministre balise les caractéristiques scientifiques de cette épidémie, dont le coût économique est d’envergure pour les éleveurs. Il reprend en grande partie le Statement d’hier après-midi – voir détails plus loin – et apporte des précisions au sujet de la génèse de cette catastrophe pour Rodrigues.
Seeruttun : Le premier cas à Rodrigues avait été signalé le 7 juillet alors que les autorités scientifiques à Maurice ne l’ont été que le 19. Nous avons décidé de ne pas aller de l’avant avec le Mass Culling du bétail à Rodrigues comme il avait été envisagé et d’avoir recours à un programme de vaccination. Dans l’immédiat, avec l’interdiction d’exporter du bétail, les éleveurs de Rodrigues seront pénalisés. Toutefois, vu que Maurice n’exporte pas de bétail ou de viande vers l’Europe, les conséquences peuvent être considérées comme négligeables, sauf pour la réexportation d’une centaine de chevaux chaque année. En ce qui concerne la compensation aux éleveurs et aux importateurs, le conseil des ministres de vendredi prochain en décidera.
Bérenger : Dans sa déclaration à l’Assemblée nationale, hier, le ministre a révélé que Maurice n’a été informée de la présence du virus de la fièvre aphteuse que le 19 juillet. Or, à l’instant, dans sa réponse liminaire, il a déclaré que le premier cas a été rapporté le 7 juillet, soit un délai de 12 jours et que même à Maurice, cette affaire avec de graves proportions a été considérée comme un cas isolé. Le ministre est-il satisfait qu’il n’y avait pas eu de délai ou de temps perdu pour traiter de cette urgence ?
Seeruttun : Les services vétérinaires à Maurice ont été informés le 19 juillet et pendant trois jours, des analyses ont été menées en laboratoire en vue de déterminer le problème. The tests were negative. Mais vu la propagation du virus à Rodrigues, deux Veterinary Officers ont été dépêchés dans l’île pour prêter main-forte sur le terrain. Des prélèvements ont été envoyés en Afrique du Sud pour des analyses et des Clinical Evidence sur le terrain et le nombre de cas de contamination des boeufs, des moutons, cabris et porcs, les risques de fièvre aphteuse étaient évidents alors que le premier cas remonte au 7 juillet.
Bérenger : Je voudrais poser une question plus directe au ministre. Est-il satisfait qu’il n’y a pas eu de temps perdu dans le traitement de cette épidémie ? (Le leader de l’opposition refait la chronologie des étapes à partir du Statement du ministre de lundi.) Y a-t-il eu une enquête à son ministère pour élucider ce problème (entre le 7 juillet et le 19 juillet ou encore le 29 juillet) ?
Seeruttun : Nous avons fait le nécessaire. Nous avions même soumis une requête pour interdire toute exportation de bétail vers Maurice…
Bérenger : Not the facts. I am asking if he is satisfied ?
Seeruttun : Nous avions demandé aux autorités pourquoi elles n’ont pas mis à exécution cette décision. We’ve had no reply so far as to who took the decision.
Bérenger : Puis-je avoir les noms des officiers concernés par cette affaire à Maurice et à Rodrigues ?
Seeruttun : A Maurice, la décision a été prise par le Chief Veterinary Officer. La requête a été adressée à l’officier Félicité. C’est lui qui a signé la correspondance pour dire que cette décision est à l’étude à Rodrigues.
Bérenger : Who signed the letter ?
Seeruttun : The same officer.
Bérenger : Cet échange de correspondance peut-il être déposé sur la table de l’Assemblée nationale ? Qu’en est-il du problème de Staffing des services vétérinaires à Rodrigues ? À ma connaissance, il n’y a qu’un seul vétérinaire. Y a-t-il eu de demande pour des recrutements ?
Seeruttun : I’m not aware. Je sais qu’il y a deux vétérinaires dans l’île, soit le couple Samoissy.
« I was very shocked »
Bérenger : Je ne voudrais pas passer de jugement de valeur. Mais le Premier ministre et le ministre de l’Agro-Industrie savent-ils ce qui s’est passé ? Avec tout le respect que je dois à l’Assemblée régionale de Rodrigues, ce qui s’est passé avec cette affaire de cargaison de bétail du 1er août constitue un serious breach of security. Le ministre envisage-t-il de recommander la mise sur pied d’un Fact Finding Committee ou d’un Select Committee en vue de faire la lumière sur cette affaire avec du temps perdu de manière dangereuse.
Seeruttun : I am as much concerned as the leader of the opposition. Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour tirer au clair cette affaire.
Bérenger : En ce qui concerne l’abattage des bêtes contaminées, qu’en est-il de la situation ?
Seeruttun : Comme je l’ai dit hier toute l’île Rodrigues a été décrétée zone de quarantaine avec le risque d’abattre tout le cheptel ; mais nous avons pris la décision de procéder à l’abattage des têtes de bétail contaminées par le virus et de mettre à exécution un programme de vaccination. There will be no mass culling et le programme de vaccination s’échelonnera sur trois ans avant de confirmer les résultats de la lutte contre le virus de la fièvre aphteuse.
Bérenger : I am sure that the minister has taken note of the shocking conditions of the culling in Rodrigues. Cette affaire a été rapportée dans la presse ?
Seeruttun : J’en ai pris connaissance. I was very shocked. J’ai soulevé la question avec le Private Parliamentary Secretary pour Rodrigues. Nous n’en avons pas eu confirmation officielle.
Bérenger : It’s really shocking. Qu’en est-il de l’abattage à Maurice et à Rodrigues ?
Seeruttun : La Mauritius Meat Authority a constitué une escouade pour lutter contre ces pratiques illégales. Nous avons également sollicité l’assistance de la police pour traquer ces fraudeurs…
Bérenger : En ce qui concerne le vaccin, il est un fait que le succès d’un programme de vaccination dépend de l’identification de la souche du virus. Or, à ce stade, nous n’en avons aucune idée même si dans les milieux vétérinaires autorisés on parle du caractère Highly Specific de la souche pour déterminer le vaccin. Ensuite, il est également connu que c’est a temporary immunity…
Seeruttun : There are seven strains. Il n’y a pas qu’un seul vaccin. À partir des tests en Afrique du Sud, il a été décidé d’avoir recours aux vaccins préparés au Botswana. Nous avons envoyé des prélèvements en France pour des analyses approfondies et identifier la souche pour trouver le vaccin le plus efficace…
Bérenger : Mais nous n’avons pas encore identifié la zone. Quels sont les pays de la région qui sont à risques ?
Seeruttun : L’océan Indien est considéré comme une Risk Free Zone pour la fièvre aphteuse, à part certaines régions d’Afrique du Sud. Nous exerçons un contrôle strict aux frontières. Maintenant, il y a des vols directs entre Rodrigues et La Réunion. Il y a des yachts qui transitent à Port-Mathurin à longueur d’année. We are trying to locate and identify the source of the disease.
Bérenger : Au chapitre de la compensation, je dois féliciter l’Assemblée régionale de Port-Mathurin, qui a pris les devants en proposant une formule en faveur des éleveurs affectés. This is not just Rodrigues. It is a national problem. Certes, la communauté des éleveurs de Rodrigues est gravement affectée, d’où cette assistance financière exceptionnelle. Mais la République de Maurice se doit de faire un effort dans ce sens. Je suis sûr qu’il a dû évoquer la question avec le Premier ministre ?
Seeruttun : We are working on the modalities. La question sera abordée lors de la prochaine réunion du conseil des ministres et une décision sera annoncée.
Bérenger : D’un côté, il y a les éleveurs de Rodrigues. De l’autre, il y a les importateurs. L’élevage à Rodrigues est complètement dévasté et les conséquences à Maurice ?
Seeruttun : Définitivement, les conséquences financières seront très lourdes pour les éleveurs de Rodrigues avec des exportations de 7 470 têtes de bétail par an. Nous avons décidé de ne pas aller de l’avant avec le projet initial d’abattage général. We are not going for mass culling. Nous allons avoir recours à un programme de vaccination pour sauver le cheptel qui peut l’être.
À une interpellation supplémentaire du député rodriguais Léopold, inquiet des effets de l’interdiction pesant sur Rodrigues et de la durée, le ministre a fait comprendre qu’il s’est donné trois ans pour faire de Rodrigues une Free Zone de la fièvre aphteuse.
Hanoomanjee : Last question leader of the opposition.
Bérenger : Nous connaissons pertinemment bien l’importance de l’élevage dans le tissu socio-économique à Rodrigues. Presque tout tourne autour de l’élevage. Il y a également les fêtes religieuses, dont la prochaine fête Eid-ul-Adha. Je fais un appel au ministre pour tenir compte de ces réalités…
Seeruttun : Nous ne prévoyons pas de pénurie. Nous sommes conscients de l’importance socio-économique à Rodrigues. Nous allons faire de notre mieux pour que Rodrigues soit Back in Business…

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