PNQ : L’University of Technology Mauritius sur la sellette

L’UTM était sur la sellette ce matin lors de la PNQ du leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval. Ce dernier a dénoncé au fil des questions les conditions dans lesquelles opère l’université avec, pour preuves, des photos qu’il aurait prises lui-même pour montrer qu’en guise de toilettes, les étudiants disposent de « latrines », soit de toilettes à la turque. Il a déploré que l’UTM est classée 239e en Afrique et estime que la directrice de l’institution, Sharmila Seetulsingh-Goorah, n’est « pas à la hauteur de sa tâche », d’autant qu’elle entretient « des relations difficiles avec les étudiants ». Xavier-Luc Duval a de fait réclamé sa révocation. Ce que la ministre de l’Éducation a refusé, estimant que la directrice a été choisie « sur la base du mérite » en raison de sa qualification et du fait qu’elle « a réussi là où les autres ont échoué », notamment avec la création d’une faculté de médecine. La ministre a observé que des mesures correctives sont prises depuis ces deux dernières années alors que l’université date d’une quinzaine d’années.
La séance d’aujourd’hui a débuté par une remarque de la Speaker. Maya Hanoomanjee a n effet affirmé que lors de la séance précédente, alors qu’elle rappelait le député de l’opposition Roshi Bhadain à l’ordre, le Premier ministre avait fait des remarques qu’elle n’avait « pas entendues », mais qu’elle a pu par la suite confirmer après avoir écouté les enregistrements. La Speaker a par conséquent demandé au Premier ministre de retirer ses propos, ce qu’a fait Pravind Jugnauth.
Dans sa PNQ, Xavier-Luc Duval a demandé à la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookhun, si elle a eu l’occasion de constater la « dismal academic performance » de l’université, la détérioration du moral du personnel enseignant, l’état déplorable dans lequel se trouvent les infrastructures et les équipements, l’urgente nécessité d’améliorer la gestion de l’université, ainsi que la demande d’augmentation des frais universitaires.
La ministre a fait l’historique de l’UTM, qui a été créée aux termes d’une législation adoptée en 2000. Par la suite, son organigramme ainsi que ses cours ont été revus. L’université offre aujourd’hui 60 cours, dont 40 “under graduates” et 20 “post-graduates”. Durant les trois dernières années, il y a eu quelque 1 000 diplômés. De plus, l’université dispose désormais d’une faculté de médecine, reconnue par le Medical Council depuis 2016. Elle a observé que l’université a obtenu le Leadership Award et que la qualité des cours « constitue un souci majeur », ajoutant que six étudiants ont complété leur formation jusqu’à l’obtention d’un PhD. L’université compte un personnel de 152 membres. Elle a annoncé que des mesures sont prises pour remplir les postes vacants au niveau du personnel universitaire et a nié l’affirmation du leader de l’opposition concernant la « dismal academic performance » de l’université, considérant de plus que « d’affirmer que le moral du personnel de l’université est très bas est injuste ».
La ministre a également expliqué, depuis ces deux dernières années, des mesures ont été prises afin d’améliorer les infrastructures de l’université, ajoutant disposer pour cela d’un budget de développement d’un montant de Rs 11 millions. Elle a par ailleurs observé que l’essentiel des revenus de l’université provient des frais universitaires alors que le gouvernement accorde un subside de Rs 11 millions. En outre, depuis 2000, les « fees » sont restés inchangés.
Xavier-Luc Duval a alors demandé : « La ministre est-elle au courant que l’université est classée 239e en Afrique derrière les institutions des pays les plus démunis d’Afrique ? » Ce à quoi la principale intéressée a rappelé que la population universitaire a « considérablement grandi » avant de dire considérer « satisfaisante » la performance de l’UTM. À la question de savoir pourquoi la population universitaire a diminué de 20% entre 2015 et 2017, la ministre a répondu que l’université opère dans un environnement compétitif avec l’ouverture de quelque 60 universités dans le pays, et qui se partagent la population estudiantine.
Leela Devi Dookhun a toutefois nié l’affirmation du leader de l’opposition à l’effet que les étudiants n’auraient pas le niveau requis. Elle a ainsi expliqué que les étudiants disposent d’un « 3 A level » ou d’un « 2 A level ». De plus, la TEC « suit la situation de très près ».
Xavier-Luc Duval a qualifié « d’inacceptable » le fait que les étudiants aient été recrutés pour six sujets alors que seulement deux avaient été approuvés. À cela, la ministre a dit être au courant de la situation et que « c’était dû à un problème technique ». Après avoir reçu une note des techniciens de son ministère, elle a affirmé que tous les cours ont été approuvés. À la question du leader de l’opposition concernant la promotion des enseignants et du personnel non enseignant depuis au moins 9 ans, la ministre a observé que la promotion des enseignants tient compte des nouvelles qualifications acquises. « Cependant, des mesures correctives seront prises. » La ministre a également nié avoir enregistré des cas de harcèlement à l’université.
Poursuivant ses critiques concernant la situation à l’université, Xavier-Luc Duval a déploré que l’institution « ne dispose pas de Wi-Fi ». De plus, plusieurs bureaux, dont celui du directeur, ne disposent pas d’électricité. Ce à quoi la ministre a rétorqué que l’institution « dispose du Wi-Fi depuis cette semaine » et que « tous les bureaux ont l’électricité », précisant toutefois que « l’université doit en assurer l’entretien ». Elle reconnaît en outre que les problèmes de l’université « datent de 15 ans » et que les mesures correctives ne sont prises uniquement que depuis ces deux dernières années. Quant à savoir pourquoi seulement Rs 2 millions ont été dépensées en ce qui concerne le budget, la ministre a expliqué qu’il « y a des procédures à suivre » concernant les projets, ce qui explique le retard dans les dépenses.
À ce stade le député Rutna, qui voulait prendre la parole, a été rappelé à l’ordre par la Speaker, qui lui a fait remarquer que la PNQ concerne le leader de l’opposition et que personne ne peut intervenir, à moins qu’il n’ait pas de questions à poser. Tenant en compte les conditions dans lesquelles se trouve l’université, Xavier-Luc Duval a demandé « s’il ne serait pas mieux que les élèves soient transférés » dans le campus construit à Pamplemousses. Ce à quoi la ministre a répondu que « chaque campus à une vocation particulière » et que « celui de Pamplemousses est une école polytechnique ». Et d’ajouter que l’UTM compte construire sa propre tour en consultation avec les autorités tertiaires.
Pour le leader de l’opposition, tout indique qu’une « des principales causes des problèmes à l’université est la directrice, Mme Seetulsigh Goorah », raison pour laquelle il réclame sa révocation. Ce à quoi la ministre a expliqué que Seetulsingh Goorah « a été recrutée en raison de ses qualifications ». De plus, sous sa direction, dit-elle, « le nombre de cours est passé de 47 à 60 », ajoutant qu’elle « a aussi réussi à mettre sur pied une faculté de médecine ».
Le député Baloomoody a pour sa part dénoncé le fait que « des étudiants ont effectivement payé pour des cours en pharmacie sans que ce cours n’ait été approuvé ». La ministre a réaffirmé que cela résultait d’un « problème technique », précisant que la TEC « fera le nécessaire pour corriger la situation ».
Alan Ganoo a alors demandé pourquoi l’université n’a pas encore déposé son rapport annuel. « Nous ferons le nécessaire pour que cela soit fait », a dit la ministre. Le député Shakeel Mohamed a pour sa part demandé que « tous les étudiants soient remboursés des fees qu’ils ont payés » puisque « les conditions prévalant à l’université ne sont pas au niveau » de ce qu’ils attendaient. « Doit-on demander de rembourser les frais de ces 15 dernières années ? » a rétorqué la ministre.
Rappelant que « quelque 3 500 étudiants venant de familles démunies fréquentent l’UTM », Xavier-Luc Duval a enfin demandé s’il n’était « pas nécessaire que le Premier ministre, conformément à la loi, nomme une commission d’enquête sur la situation à l’université afin de s’assurer que l’avenir de ces étudiants ne soit pas mis en péril ? ». Ce à quoi la ministre a répondu que ce n’était pas nécessaire et que le Premier ministre avait, « à plusieurs reprises expliqué qu’il a à coeur l’avenir et la formation des jeunes ».

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