PNQ — SAJ : « La peine de mort pour les trafiquants de drogue »

XLD : « Une commission d’enquête pour identifier les causes de la criminalité, autrement ‘we are going’ aux enfers »

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Le Minister Mentor, sir Anerood Jugnauth, a saisi l’occasion de la Private Notice Question (PNQ) du leader de l’opposition Xavier-Luc Duval, sur la criminalité pour réitérer la ligne dure quant au trafic de drogue, allant jusqu’à revenir à la réintroduction de la peine de mort contre les trafiquants de drogue. C’est ce qu’il a déclaré en réponse à une interpellation supplémentaire du leader de l’opposition au sujet de la nécessité de revoir à la légère la Sentencing Policy contre ceux accusés de possession de drogue. Xavier-Luc Duval s’appuyait sur les récentes prises de position de l’évêque de Port-Louis, le cardinal Maurice Piat, entre autres personnalités. De son côté, sir Anerood a concédé que la police souffre d’un manque d’outils pour lutter contre la prolifération des drogues synthétiques dans le pays ces derniers temps affectant principalement les jeunes.

Sir Anerood n’a pas manqué d’accuser le précédent gouvernement d’être à la base de la régression de l’indice de confiance de la police. Il a trouvé que le gouvernement pourrait nommer un Ombudsman for the Police Force au vu de la question supplémentaire du leader de l’opposition au sujet des « Infightings » au plus haut niveau de l’échelon de la force policière, avec des dénonciations en circulation.

La séance de ce matin a commencé avec une quinzaine de minutes de retard en attendant la réponse écrite du ministre mentor. Ce qui a donné lieu à une situation cocasse lorsque l’alarme déclenchée pour annoncer le début des travaux a duré plus de dix minutes, à la grande exaspération des parlementaires, en particulier ceux de l’opposition, qui n’ont pas manqué de lancer des remarques amusantes, se demandant même à un certain moment si « la Speaker avait eu sommeil ». Le ministre mentor, qui n’a pas sa langue dans sa poche, a ajouté : « Lacloss inn fware ! ». L’alarme s’est finalement tue à 11h44 après l’arrivée des documents concernés et l’entrée de la Speaker dans l’hémicycle. Avant de répondre à la PNQ du leader de l’opposition, le ministre mentor a présenté ses excuses, disant que la question lui était parvenue « avec un peu de retard ».

Dans sa PNQ, le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, a demandé au ministre mentor s’il avait examiné les causes de l’augmentation substantielle du nombre de meurtres et de vols, ainsi que du taux de récidives (de 59% en 2014 à 69% en 2017) et sur la manière dont sont menées les enquêtes policières. Le ministre mentor a expliqué que les activités criminelles dans le monde « continuent de changer », ce qui implique « une énorme responsabilité ». Aussi, selon lui, « ce n’est pas un sujet qui devrait être laissé seulement à la police ». Il faudrait, dit-il, « un engagement triangulaire comprenant la responsabilité de la police, l’engagement des autorités et la participation active de la communauté ». Sir Anerood Jugnauth a ensuite expliqué que le gouvernement a élaboré un certain nombre de mesures sociales pour fournir le cadre nécessaire à une société sans criminalité.

De son côté, reprend-il, la police a formulé « un plan stratégique s’articulant autour de cinq piliers principaux », soit : améliorer la qualité de la vie; améliorer la prestation des services; augmenter la vitesse d’intervention; perfectionner les techniques d’enquête et les techniques de détection; et lutter contre le trafic et l’usage de drogues. Il a également donné les détails de la feuille de route élaborée par le département de la police pour transformer ses services afin de répondre aux besoins et aux attentes, « présents et futurs », de la population mauricienne. Ce plan met l’accent sur : les services de police locaux, la planification de la main-d’œuvre, l’utilisation du numérique en facilitant le contact avec la police et en fournissant des renseignements en temps réel à la police; la prestation de services en adoptant une approche policière holistique et en renforçant le renforcement des capacités du capital humain; et l’amélioration des capacités des unités spécialisées en renforçant la collaboration et la coopération entre les services de police et d’autres services essentiels pour répondre efficacement aux urgences publiques. Il a aussi donné en détail les mesures prises par le gouvernement avant d’observer que 78 postes de police ainsi que le département central des enquêtes criminelles ont été équipés de 744 caméras de vidéosurveillance et de systèmes d’enregistrement audio. Selon le ministre mentor, le taux de détection dans tous les cas d’infraction signalés est passé de 32,7% en 2016/2017 à 44% en 2017/2018.

La police de la route a par ailleurs effectué 44 940 contrôles de vitesse avec des caméras à détecteur de vitesse fixe. Une équipe de transport a également été mise en place avec l’ERS. Quelque 153 758 personnes, indique-t-il, ont été sensibilisées par la police en matière de prévention de la criminalité, de sécurité routière, d’infractions liées à la drogue, de violence domestique, de délinquance juvénile, de protection de l’enfance et de police communautaire. En outre, 3 461 policiers ont été formés, conformément à la prochaine loi sur la police et la preuve pénale.

Des drogues d’une valeur marchande totale de Rs 416 millions ont été saisies de juillet 2017 à avril 2018 par l’unité antidrogue et contrebande, résultat entre autres du renforcement des mesures de sécurité et de détection au port et à l’aéroport. La police a également renforcé ses relations avec les représentants de la communauté par l’entremise de forums de police communautaires et de services de police de porte à porte, et elle partage des informations sur les activités suspectes qui se déroulent dans son quartier.
Des contrôles de véhicules sont effectués quotidiennement à des heures impaires. Les personnes suspectes ainsi que les conducteurs de véhicules sont interrogés et systématiquement vérifiés. De plus, le Safe City Project est mis en œuvre pour renforcer la sécurité. Quelque 1 000 agents de police supplémentaires ont été recrutés cette année.

Des véhicules, des équipements technologiques modernes pour la sécurité et la gestion des catastrophes, y compris la logistique informatique, seront introduits.
Le ministre mentor a également observé qu’il « n’y a pas eu d’augmentation substantielle du nombre de cas de meurtres et de vols allégués par l’honorable chef de l’opposition ». C’est ainsi qu’il affirme qu’en 2009, le nombre de meurtres était de 35 alors qu’il était de 31 en 2017. En 2016, 19 cas ont été recensés. En 2009, « le nombre de cas de larcin signalés était de 3 584 alors que le nombre, pour 2017, était de 3 495 ». Quant au nombre total de crimes, il était, en 2017, de 6 591 avec un taux de criminalité de 5,4%.
Concernant les enquêtes, le ministre mentor estime qu’elles sont menées « de manière juste, impartiale et bien structurée », et ce « en stricte conformité avec les procédures établies et les protocoles en vigueur ». Les enquêtes sur les affaires importantes sont généralement transmises au DPP pour avis avant les poursuites. Il rappelle que tous les policiers sont régulièrement formés à la conduite des enquêtes avant d’observer que « 21 officiers de la police nationale djiboutienne sont en formation à Maurice ».

Le chef de l’opposition a demandé la raison pour laquelle il y avait eu une hausse dramatique de l’ordre de 70% de cas de vols, ce à quoi le ministre mentor a estimé que « c’est dû au trafic de drogue ». Concernant la hausse du nombre de meurtres, SAJ a dit observer que le gouvernement n’était « pas satisfait de la situation » mais que la police a donné des garanties que « tout sera fait pour minimiser la situation ». À une autre question de Xavier-Luc Duval, le ministre mentor a observé qu’il est « facile de blâmer les autres », avant de demander au leader de l’opposition de « revoir la performance de l’ancien gouvernement dont il faisait partie ».

Le leader de l’opposition s’est également interrogé sur la réhabilitation des victimes de drogues ainsi que sur la dissolution de la Natresa et les longues procédures judiciaires. Ce à quoi le ministre mentor a répondu qu’il n’a « pas de contrôle sur le judiciaire ». Toujours pressé de questions par le leader de l’opposition, sir Anerood Jugnauth s’est demandé s’il « ne fallait pas introduire la peine de mort » contre les trafiquants. Pour sa part, le leader de l’opposition a réclamé une commission d’enquête pour identifier les causes de la criminalité. Sinon, dit-il, « ce sera une descente aux enfers ».

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