PNQ : Yogendra Servansingh s’est rendu au CCID à la demande du MITD, a déclaré le ministre Bunwaree

Les allégations de pédophilie impliquant un instructeur du MITD ont été à nouveau évoquées au Parlement aujourd’hui à l’occasion d’une Private Notice Question adressée par le leader de l’Opposition, Alan Ganoo, au ministre de l’Éducation, Vasant Bunwaree. Rien de particulièrement nouveau n’est sorti de cet exercice sinon que le ministre a soutenu que Yogendra Servansingh s’est rendu au CCID pour une déposition à la demande du conseil d’administration du MITD. Thèse que rejette le leader de l’Opposition qui affirme que ni le président ni l’Officer In Charge n’étaient au courant de la démarche de l’Acting Divisional Manager faisant suite à une rencontre qu’il a eue avec deux conseillers du ministère de l’Éducation.
La PNQ a été marquée par plusieurs interventions du Speaker, Razack Peeroo, qui a rappelé au leader de l’Opposition que selon les Standing Orders, il était habilité à chercher des informations auprès des ministres mais n’était pas autorisé à donner des informations. M. Ganoo a eu ainsi à reformuler ses questions une ou deux fois. Une interpellation de Pravind Jugnauth a été rejetée parce qu’elle contenait des informations sous la forme de question. Le ministre de l’Éducation, pour sa part, n’a pas été autorisé à citer une confidence faite par l’élève du MITD à son avocat malgré les conseils du ministre du Travail à son collègue de l’éducation à l’effet qu’il pouvait le faire après avoir obtenu l’assentiment de l’élève. Par ailleurs, il n’a pas été autorisé à repondre au ministre de l’Éducation qui avait allégué qu’aucune femme parlementaire de l’Opposition n’a rendu visite à l’élève du MITD.
Répondant à la question du leader de l’Opposition, le ministre de l’Éducation a fait l’historique de l’affaire qui secoue le MITD depuis plusieurs mois. Il a rappelé que cette affaire a débouché sur l’institution d’un Fact Finding Committee présidé par une magistrate qui est arrivée à la conclusion qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour incriminer l’instructeur du MITD, qu’un rapport médical après l’examen de l’élève est arrivé à la conclusion que la fille concernée n’a pu avoir de relations sexuelles. À la suite de la publication du rapport, le ministère de l’Éducation a pris des dispositions afin que des mesures soient prises afin de protéger l’image du MITD et de prendre des mesures contre ceux qui auraient terni l’image de l’institution.
Le ministre a fait mention d’un premier rapport de la psychologue du MITD faisant mention des relations entre la fille concernée et son instructeur d’éducation physique. Le rapport a été remis alors à l’assistant manager du MITD qui l’a remis au président de l’institut. Ils ont appelé la fille en présence de sa mère mais l’adolescente a démenti les accusations portées contre elle. La psychologue aurait été invitée à entendre à nouveau la fille concernée en présence de sa mère. Le ministre a soutenu qu’il n’a jamais pris connaissance de ce rapport jusqu’à ce que le leader de l’Opposition ne le dépose sur la table du parlement. Il a aussi annoncé que le rapport du Fact Finding Committee a été confié à un comité interministériel présidé par le VPM Anil Baichoo.
Ganoo : Pourquoi Yogendra Servansingh n’a-t-il pas informé ses supérieurs, notamment son directeur ou son président, du premier rapport de la psychologue ?
Bunwaree : Lorsque l’affaire a été rapportée à Yogendra Servansingh, ce dernier et d’autres personnes ont voulu la prendre en main. Il a appelé la fille en question qui a démenti avec force tout ce qui avait été avancé par la psychologue et a continué à le faire. La psychologue a été invitée à entendre à nouveau la fille en compagnie de ses parents. Cependant le compte rendu de cette réunion ne figure dans aucun dossier au MITD et aurait été gardé par le directeur d’alors.
Ganoo : Après avoir pris connaissance du premier rapport de la psychologue, M. Servansingh n’aurait-il pas dû informer son supérieur de manière à ce qu’il puisse porter l’affaire devant le secrétaire permanent du ministère du Développement de l’enfant, qui aurait enquêté sur toute cette affaire ?
Bunwaree : C’est l’avenir et la destinée de l’enfant qui était en jeu. L’Acting Divisional Manager et lui-même, un officier de haut niveau, ont pris l’affaire en main et un rapport a été adressé au directeur du MITD.
Le ministre évoque à nouveau le deuxième rapport de la psychologue sur lequel il n’a jamais été informé.
Ganoo : Le ministre est-il au courant que l’ancien directeur s’était plaint du fait que son mail avait été piraté et qu’une déclaration a été faite à la police ?
Bunwaree : l’affaire est entre les mains de la police.
Ganoo : Le ministre a été informé du deuxième rapport uniquement lorsqu’il a été évoqué au parlement ?
Le ministre de l’éducation a expliqué à nouveau qu’après le premier rapport, M. Servansingh avait appelé l’enfant en présence d’un préposé du MITD et qu’elle avait nié tout ce dont on l’accusait. Yogendra Servansingh a appelé la psychologue pour interroger la fille, qui a continué à nier. Il a expliqué qu’il a vu le rapport bien plus tard après qu’il eut été déposé au parlement. M. Ganoo a demandé si le ministre est au courant que dans le premier rapport la fille révèle être sortie à au moins huit reprises avec l’instructeur en question en présence de sa mère. À quoi le ministre a répondu que cette affaire fait l’objet d’une enquête policière. Il s’en est pris alors aux députées de l’opposition qui n’ont rien fait pour soutenir la fille et ne sont pas allées lui rendre visite. Vasant Bunwaree commence à donner lecture d’une conversation entre la fille et son avocat. Il est interrompu par le leader de l’Opposition qui estime qu’une conversation entre un client et son avocat est de nature confidentielle et qu’il ne pouvait la citer publiquement. Shakeel Mohamed intervient pour dire que cela est possible après avoir obtenu le consentement de la mineure. Le ministre essaie de reprendre sa lecture mais le Speaker tranche : « La conversation entre une personne et son avocat est de nature privilégiée. Je vous demande de “refrain from this quote” ». Le ministre observe que cette déclaration figure dans le rapport du FFC. « Bring the report », demandent des membres de l’Opposition. M. Ganoo affirme que ni la fille, ni l’instructeur concerné n’ont jusqu’ici été interrogés par la police. « This is the work of the police », soutient le ministre.
« Comment expliquer que la psychologue n’ait jamais été entendue par le FFC ? » demande Alan Ganoo. Il est interrompu par le Speaker qui lui dit qu’il est autorisé à demander des renseignements mais non pas à communiquer des informations. Le Speaker fera la même remarque à Pravind Jugnauth, dont une question sera rejetée.
À une question d’Alan Ganoo, le ministre affirme qu’il est au courant que l’enregistrement des confidences de la fille a été remis à la police. Le ministre demande « Recorded by whom ». Il affirme savoir qui l’a enregistré.
Satish Boolell demande au ministre qui a autorisé le médecin qui a fait un rapport médical sur la fille à le faire. M. Bunwaree répond vaguement et affirme qu’elle a été examinée par le Medical Officer de la Police, le Dr Gungadin.
Alan Ganoo est revenu à la charge pour affirmer que ni l’Officer In Charge du MITD ni le président de cette institution n’avaient autorisé Yogendra Servansingh à faire une déposition à la police et que ce dernier avait rencontré des conseillers du ministre avant de se rendre aux Casernes. Le ministre a insisté sur le fait que M. Servansingh était le porte parole du MITD, qu’il avait été “briefed” en conséquence et qu’il s’était rendu à la police en compagnie du président et de l’Officer In Charge du MITD.
La PNQ prend fin par une vive altercation entre le ministre de l’Éducation et le député de l’Opposition Mahen Jhugroo. Des remarques acerbes sont lancées entre les deux mais M. Jhugroo retirera ses propos à la demande du Speaker. Lysie Ribot a pour sa part essayé de soulever un “point of order” pour repondre au ministre qui avait accusé les députées de l’opposition de n’avoir pas soutenu la fille. Le Speaker a décrété que ce n’était pas un “point of order” mais une explication.
La PNQ s’est déroulée en présence du Premier ministre qui quitte le pays ce soir pour le sommet de l’Union Africaine en compagnie du ministre des Affaires étrangères Arvin Boolell. L’UA fêtera en grande pompe son cinquantième anniversaire cette semaine.

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