POINTE-AUX-SABLES—MORCELLEMENT KENSINGTON: L’insécurité grandissante force les habitants à agir

L’insécurité prévaut à Pointe-aux-Sables, notamment à Morcellement Kensington. Dix vols y ont eu lieu en pleine journée récemment, alors que deux tentatives de viol ont été dénombrées en neuf mois. « Trop c’est trop ! », lancent les habitants, qui ont lancé un Neighbourhood watch pour assurer eux-mêmes leur sécurité.
Il y a quelques mois, une trentaine d’habitants de Pointe-aux-Sables ont lancé un Neighbourhood watch. Leur objectif : assurer la sécurité des quelque 200 familles de la localité entre 20 heures et 4 heures du matin quotidiennement. L’insécurité dans les environs est en hausse depuis quelques années. Outre les vols et les agressions en pleine journée, on relève désormais deux tentatives de viol.
Parmi, le calvaire vécu par une étudiante, qui a échappé à une tentative de viol sur un terrain en friche l’année dernière, au morcellement Kensington. « Ma fille avait l’habitude de rentrer à la maison en compagnie de ses camarades de classe », raconte le père de l’étudiante au Mauricien. « Elle avait décidé de rentrer plus tôt ce jour-là. À quelques mètres d’un terrain en friche, un individu qui l’avait suivie, l’a projetée à terre avant de se jeter sur elle. Ma fille a crié de toutes ses forces, mais l’individu l’a menacée de mort : “Si to pa les mwa, mo touy twa”. Heureusement que ma fille a réagi et l’a frappé à la tête avec une pierre pour pouvoir s’échapper ». L’étudiante a pu identifier le malfrat, qui a été arrêté par la Criminal Investigation Division de la localité.
« Les terrains abandonnés sont devenus un vrai repaire pour les malfaiteurs », insiste une mère de famille. « Les autorités doivent prendre leurs responsabilités ». Samedi, une autre source nous a raconté le sort qu’a subi une autre jeune habitante de la localité entre les mains d’un individu sur ce même terrain en friche, l’année dernière. Elle n’a malheureusement pas eu la même chance que l’étudiante. « Elle était traumatisée, humiliée et n’avait consigné aucune déposition », se rappelle cet habitant de la localité. « Nous allons faire de notre mieux pour protéger nos familles. Il revient à la police d’agir avec beaucoup de fermeté et de faire son travail comme il le faut », ajoute-t-elle.
« Nous n’avons pas d’autre choix »
Le Neighbourhood watch s’est doté d’une équipe composée d’une quinzaine d’hommes, mobilisés de 20 heures à minuit, et qui font la tournée du quartier pour surveiller les moindres mouvements suspects, relever les plaques d’immatriculation des voitures, des motocyclettes et des autres véhicules qui passent dans les parages. À partir de minuit, une autre équipe est à pied d’oeuvre. « Nous savons pertinemment que nous n’avons pas le droit de le faire, mais nous n’avons pas d’autre choix », indique un porte-parole de Neighbourhood watch. « Je peux vous rassurer que nous le faisons de manière civilisée et avec le soutien de la police, avec qui nous avons établi une ligne de communication directe pour qu’elle intervienne à n’importe quel moment. Nous avons fait beaucoup de sacrifices pour investir dans nos maisons et pour vivre dans la tranquillité. Il est inconcevable de subir en permanence l’insécurité et la peur », estime-t-il.
Y. J., un habitant de la localité, a reçu la visite de voleurs la semaine dernière. Ils ont défoncé une porte de sa maison et ont emporté ses effets personnels durant la journée. Ce n’est que le lendemain qu’il a découvert avoir été lui aussi la cible de voleurs. « Je vis les pires moments de ma vie », dit Y. J. « Je suis encore traumatisé. Je suis dégoûté. Ma famille et moi sommes habités depuis par la frayeur. J’ai parfois des angoisses. C’est très pénible de vivre dans une telle situation. La démarche de créer une chaîne de solidarité parmi nous est une initiative fort louable », ajoute-t-il.
Un autre habitant de la localité parle, lui, de « la drogue synthétique qui fait ravage parmi les jeunes, les étudiants ». Plus loin, on nous informe de « la violence physique qui se déroule quotidiennement dans les foyers ». Sans omettre « les vols et les viols ». « Je crois qu’il est temps que chaque quartier, chaque région s’organise pour sa propre sécurité », suggère Y. J., visiblement affecté par le vol dont il a été victime.
Sheila fait elle aussi partie du Neighbourhood watch. Cette mère de famille envisage sérieusement d’investir pour rehausser la clôture de sa maison. « Avec les vacances qui approchent, nous devons absolument prendre les dispositions pour protéger nos enfants, car les malfrats opèrent même pendant la journée », observe-t-elle.
Gassen Panery et Benjamin Broker ont fait partie de l’équipe mobilisée vendredi soir pour faire la tournée du morcellement Kensington. Gassen a construit sa maison dans cette localité depuis plus de quinze ans. Quant à Benjamin, cela fait trois mois qu’il s’y est installé. « Il n’y avait pas de vols ici avant. On vivait paisiblement et en toute sécurité. Nous sommes victimes depuis que certains travailleurs, qui venaient de loin, ont commencé à exercer dans la région. On n’accuse personne et on ne porte aucun jugement. Mais ce serait bien que la police ne néglige pas cette piste », suggèrent les deux hommes, qui affirment leur désir de protéger la région et ainsi assurer la sécurité de leurs enfants.

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