POLITIQUE (COUP DE THÉÂTRE) : Le temps des séparations !

Véritable coup de théâtre sur l’échiquier politique, hier, lors du tête-à-tête entre le Premier ministre et leader du Parti travailliste, Navin Ramgoolam, et le leader de l’opposition et du MMM, Paul Bérenger, à Clarisse House. Cette rencontre devait sceller l’alliance électorale PTr/MMM, présentée par Navin Ramgoolam au bureau politique du Labour, jeudi dernier. Finalement, d’un commun accord et sous le signe d’un Gentleman’s Disagreement, les deux se sont séparés sur une note de Back To Square One, avec le MMM revenant à son option d’aller seul aux prochaines élections générales. La confirmation de cette séparation à l’amiable a été communiquée par le leader du MMM aux membres du comité central lors de la réunion d’hier avec des compléments d’information promis aux membres du bureau politique lors de la réunion de demain.
Depuis le 14 avril dernier, c’est la deuxième occasion majeure où les consultations butent contre des obstacles, même si Paul Bérenger a pris le soin de souligner que « les problèmes portent sur des détails et ne concernent nullement les trois points fondamentaux » du projet de la IIe République, en l’occurrence un mandat de sept ans pour le prochain président de la République, un mandat de cinq ans pour le Premier ministre et l’élection du président de la République au suffrage universel à un tour. A ce stade, très peu détails ont filtré quant à la nature des différends qui ont surgi et constaté lors des échanges entre les deux leaders politiques dans la matinée.
En tout cas, le fait tangible est la confirmation que la fin de la semaine a été le temps des séparations. D’abord, vendredi, après quinze ans de partenariat, le leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, a soumis officiellement sa démission en tant que vice-Premier ministre et ministre des Finances, de même que Thierry Henry et Aurore Perraud en tant que Private Parliamentary Secretaries (PPS). La rupture des négociations entre le Labour et le MMM d’hier est venue compléter la série avec, aujourd’hui, Navin Ramgoolam dépouillé de tous ses alliés de la victoire au scrutin du 5 mai 2010.
La majorité de 41 députés à l’Assemblée nationale a été réduite à une peau de chagrin se résumant à une voix de différence entre le gouvernement et l’opposition dans l’hémicycle. Aujourd’hui, pour assurer cette majorité extrêmement fragile, le Premier ministre doit s’appuyer sur les deux élus du Mouvement Rodriguais, le ministre Nicolas Von Mally et le PPS Christian Leopold et le soutient de quatre transfuges, notamment les anciens MSM Jim Seetaram, Mireille Martin et Prathiba Bholah et l’ex-bleu Michael Sik Yuen.
« Vo mié nou alle séparé. »
L’opposition parlementaire, qui avait entamé ce mandat avec 19 représentants, est nettement requinquée en cette fin de parcours avec pas moins 34 députés, dont 19 pour le MMM, 9 pour le PMSM et 3 pour le PMSD. L’OPR siège également dans les rangs de l’opposition avec un député, de même que le Hizbullah et le MMSD. D’ailleurs, les Seating Arrangements au sein de l’opposition pourraient poser un véritable casse-tête au Clerk’s Office avec l’arrivée des trois parlementaires du PMSD.
En cas de reprise des travaux de l’Assemblée nationale et en présence d’une probable Motion of No Confidence contre le gouvernement, le Leader of the House devra jouer très serré et n’est nullement à l’abri d’un marchandage ou d’un Horse Trading pour garder cet avantage d’un siège. Certaines sources indiquent qu’il pourra compter sur son allié municipal à Curepipe, le MMSD d’Eric Guimbeau ou encore le soutien du Hizbullah de Cehl Meeah.
Toutefois, à ce jour, il n’y a aucune indication quant à la date du rappel de l’Assemblée nationale même si le leader de l’opposition a tenu à exprimer le souhait que « le Parlma bizin repran ke plus to posib ». Cette faible majorité arithmétique ne devrait nullement constituer un encouragement pour un retour rapide dans l’hémicycle.
En prélude à la réunion du bureau politique de lundi, où Paul Bérenger exposera les raisons de la rupture des contacts pour mettre au point l’alliance électorale PTr/MMM, les premiers recoupements d’informations indiquent que les Stumbling Blocks portent sur la décision de Navin Ramgoolam d’assurer le leadership du Labour tout en assumant les fonctions de président de la République avec pouvoirs à la manière de Jacob Zuma en Afrique du Sud, le come-back politique du président de la République, Kailash Purryag, en tant que Deputy Prime Minister et No 2 d’un éventuel gouvernement PTr/MMM sous la IIe République, la présence de l’actuel Speaker de l’Assemblée nationale, Razack Peeroo sur le Front Bench du prochain gouvernement et des pressions sur le leader du PTr au sujet des conditions de l’alliance PTr/MMM sur une répartition des tickets de 50/50. Devant ce constat, les deux leaders sont arrivés à la conclusion: « Vo mié nou alle séparé. »
Des ministres, en position inconfortable
Au sein du MMM, l’on n’écarte pas le fait que les retombées de la réunion du bureau politique du Labour de jeudi ont pesé lourd sur les changements de position notés lors de la réunion de Clarisse House d’hier. Des ministres, en position inconfortable, notamment Hervé Aimée, Vasant Bunwaree et Rajesh Jeetah, ont clairement fait état de leurs réserves face à cette alliance électorale en discussions. « Kan ti bizin mwa, ti vine rode mwa. Aster-là, mo nepli bon », aurait fait comprendre l’un de ces membres du bureau politique conscient qu’il joue son va-tout en politique.
Il n’est un secret pour personne que la concrétisation d’une alliance PTr/MMM allait déboucher sur des répercussions, non seulement dans le camp des ministrables, mais également pour les investitures aux prochaines élections générales avec le leadershiop réalisant le prix politique à payer comme suit : le camp des départs à la retraite devrait comprendre, selon toute probabilité, le Deputy Prime Minister et leader adjoint du PTr, Rashid Beebeejaun, Sheila Bappoo et même Abu Kasenally; celui de ceux qui sont mal à l’aise, soit ceux qui sont plus virulents contestataires, ne présente aucune surprise avec Rajesh Jeetah et Vasant Bunwaree, les ministres les plus ciblés à l’Assemblée nationale par le MMM, et également Hervé Aimée, viscéralement opposé au MMM et allant jusqu’à évoquer un accord avec le MSM. Dans les rangs de ceux qui n’ont « pas de chance », l’on retrouve ceux qui Crossed the Floor pour venir soutenir le gouvernement, notamment Michael Sik Yuen, Jim Seetaram, Mireille Martin et Prathiba Bholah et, en fin de compte, le clan des indécis ou des déplacés : Devanand Ritoo, le colistier de Navin Ramgoolam à Pamplemousses/Triolet, Dhiraj Khamajeet, le compagnon du vice-Premier ministre Anil Bachoo et probablement Tessarajen Chedumbrum-Pillay avec la présence du Comeback Kid, Rama Sithanen.
Avec la rupture des négociations pour une alliance PTr/MMM, ces parlementaires pousseront un ouf de soulagement, mais devront retenir leur souffle au cas où le contact serait renoué au plus haut niveau, étape qui est donnée dans la soirée d’hier au sein du MMM comme étant quasi difficile…

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