POLITIQUE ET ÉCONOMIE : L’Unfinished Agenda du Nomination Day !

A la veille de la semaine cruciale avec la publication annoncée des Writs of Elections fixant les dates du Nomination Day et du Polling Day pour les prochaines élections générales susceptibles de se dérouler dans la première semaine de décembre au plus tôt, l’Unfinished Agenda, que ce soit au sein de l’Alliance de la l’Unité et de la modernité du PTr/MMM ou de l’Alliance Lepep, se définit en terme d’investitures. La course contre la montre pour mettre au point la liste des candidats dans un camp comme dans l’autre se fait de plus en plus pressante. Le mot d’ordre au sein de l’état-major de l’Alliance PTr/MMM est que les consultations entre les deux leaders, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, progressent “de manière satisfaisante” à ce chapitre. Du côté des challengers, les dernières mutations, comme le transfert de Prem Koonjoo de Pamplemousses/Triolet (No 5) à Rose-Belle/Vieux’Grand-Port (No 11), ou encore l’investiture controversée de MaliniSeewocksing à Curepipe/Midlands (No 17), sont évaluées avec les derniers ajustements en vue.
Sur la base des indications sur les listes préliminaires de candidats, ayant bénéficié des investitures dans un camp comme dans l’autre, pas moins d’une dizaine de circonscriptions urbaines aussi bien que rurales devraient présenter un intérêt particulier dans le cadre de la campagne électorale et surtout par rapport à la mobilisation le jour du scrutin. Sans une majorité nette de trois quarts à la prochaine Assemblée nationale, deux projets constitutionnels majeurs seront compromis, soit la IIe République avec le partage des pouvoirs entre le président de la République et le Premier ministre et la réforme électorale avec l’introduction de la proportionnelle et une représentation accrue des femmes en politique.
Avec les leaders de l’Alliance PTr/MMM misant sur un 60/0 en vue de réaliser le projet de l’avènement de la IIe République et le bloc de l’Alliance Lepep se donnant comme objectif de barrer la route, coûte que coûte, à une majorité de trois quarts à la prochaine Assemblée nationale, les circonscriptions suivantes pourraient témoigner d’un acharnement sans merci sur le terrain et d’une opération “gratté ziska dernye minit” le jour du scrutin en vue de conserver les chances de “kasse piso” ou d’un “3–0 pisso” tout en atténuant les risques d’un panachage ou du “kupé transé” :
Port-Louis Maritime/Port-Louis Est (No 3) : Même si jusqu’à l’heure le Front de Solidarité Mauricien de Cehl Meeah se démarque par une présence Low Profile dans cette partie de la capitale, les états-majors des deux principaux blocs politiques n’écartent pas la possibilité d’un coup fourré avec Cehl Meeah se faufilant parmi les trois premiers lors de la proclamation des résultats.
Certes, cette performance ne devrait pas constituer une première, car le FSM l’avait déjà réalisée lors des dernières élections générales. Mais l’éventuelle élection de Cehl Meeah pourrait remettre en question ce 60/0 recherché par l’Alliance PTr/MMM.
A ce jour, seule la candidature d’Adil Ameer Meea, député sortant, a été confirmée officiellement. Trois autres candidats, en l’occurrence Hossen Gendoo, mais aussi Aslam Hosenally et Zaid Ameer, outsiders , croient encore en leurs chances alors que l’identité du candidat rouge n’est pas encore connue.
Tout un chacun s’accorde à reconnaître que la lutte pour les trois sièges à pourvoir sera des plus chaudes et serrées d’autant plus qu’un ancien lord-maire, Abbas Salim Mamode est cité en tant que chef de file dans le camp de l’Alliance Lepep.
Port-Louis Nord/Montagne-Longue (No 4) : Le trio constitué d’Arianne Navarre-Marie, Jimmy Chowrimootoo et de la parlementaire sortante Kalyanee Juggoo, a tout à se méfier de la présence d’Aurore Perraud, ancienne Private Parliamentary Secretary (PPS) du PMSD et de Jean-François Chaumière, ancien ministre travailliste aujourd’hui dans le camp de l’Alliance Lepep. Cette circonscription à cheval entre les réalités urbaines et rurales se distingue par le fait qu’elle fut la première à ouvrir une brèche dans la citadelle mauve qu’était la capitale avec l’élection de Xavier-Luc Duval pour ses débuts en politiques.
Baroud d’honneur pour SAJ
Aux élections de 5 mai 2010, Joe Lesjongard, le candidat du MMM, s’était fait rafler la première place par Mireille Martin avec une avance de 72 voix et Kalyanee Juggoo à la troisième place avec un score de 15 803 voix, soit un retard de 803 voix sur sa colistière Martin.
Le tandem Perraud/Chaumière aura-t-il suffisamment de ressources pour renverser la vapeur en l’absence de Joe Lesjongard, qui s’y est fait élire depuis les élections de 2000 ?
Pamplemousses/Triolet (No 5) : L’enjeu se résume davantage à la candidature du Premier ministre et leader du PTr qu’autre chose. Navin Ramgoolam aura pour colistier le ministre de la Jeunesse et des Sports et député sortant, Devanand Rittoo, et Atma Bumma pour le MMM. L’Alliance Lepep pourrait Y déployer une présence tactique dans une tentative de « coller Navin Ramgoolam » dans cette circonscription, limitant du même coup ses déplacements et son rayonnement dans d’autres régions.
Néanmoins, le choix de ses lieutenants dans les principaux centres de vote du No 5 devra être revu à la lumière des premières réactions suite à la descente sur le terrain du Dr Jyaweshwar Jhurry en tant que Campaign Manager. Mais cette circonscription a valeur de symbole pour le patronyme Ramgoolam, avec le leader du Labour comptant sur sa sixième élection après cinq victoires consécutives.
Piton/Rivière-du-Rempart (No 7) : Véritable Focal Point de ces élections générales avec le come-back du leader historique du MSM, sir Anerood Jugnauth, depuis les élections générales de septembre 2000, soit il y a 14 ans de cela. Avec pour colistier Vishnu Lutchmeenaraidoo et Ravi Rutnah, l’ancien président de la République tentera un véritable baroud d’honneur de se faire élire face à l’Alliance PTr/MMM et de reconquérir ce que fut jadis son fief pour la précédente partie de sa carrière, notamment en tant que leader du MMM et du MSM.
Pour contrer les velléités de sir Anerood, l’Alliance PTr/MMM ne compte prendre aucun risque avec les députés sortants, le ministre Deva Virahsawmy, Balkissoon Hookoom et Pratibha Bhola, prenant la porte de sortie pour faire de la place à du sang nouveau. Mahend Gungapersad, pédagogue et recteur de collège d’Etat, est cité comme un candidat potentiel de même que celui d’une personalité du judiciaire encore en fonctions officiellement.
Le candidat du MMM, Prakash Meenowa, caresse l’ambition de rééditer son précédent exploit de battre l’ancien Premier ministre orange et ex-président de la République comme ce fut le cas en décembre 1995.
Quartier-Militaire/Moka (No 8) : Au moment du décompte, le test majeur au No 8 sera de vérifier si les quelque 3 000 voix d’écart séparant le leader du MSM, Pravind Jugnauth, et son oncle, Ashock Jugnauth, candidat de l’Alliance PTr/MMM, aux dernières élections générales, auront été comblées. Pour ses deux précédentes candidatures, Pravind Jugnauth avait tiré profit de la logistique et du Bank Vote du Labour pour se faire élire au nez et à la barbe de son oncle.
Belle-Rose/Quatre-Bornes (No 18) : Le leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, avec pour colistier Roshi Bhadain, tentera de contrer son ancienne camarade, Nita Deerpalsing, qui pourra compter sur le poids d’un Kavi Ramano dans cette circonscription. De par le profil de l’électorat du No 18, la joute s’annonce palpitante entre les deux blocs politiques. La différence devrait se faire le jour du vote avec le déploiement des moyens pour la mobilisation des troupes respectives.
Dans d’autres circonscriptions, le match se résume davantage à un clash One-to-One comme la lutte sans merci que se livrent Arvin Boolell et Mahen Seeruttun à Rose-Belle/Vieux-Grand’Port (No 11), ou le duel à distance entre le vétéran de l’Ouest Alan Ganoo face à la pugnacité d’une Maya Hanoomanjee, vu que l’arrivée fut jugée dans un mouchoir en mai 2010 avec 155 voix d’écart à la différence que cette fois-ci, Maya Hanoomanjee ne pourra pas compter sur le report des voix des travaillistes à Savanne/Rivière-Noire (No 14)
Des congrès aux meetings
Les retrouvailles des colistiers d’hier devenus opposants politiques du jour, Bappoo/Bodha, devront animer l’ambiance électorale à Vacoas/Floréal (No 16) et à Curepipe/Midlands (No 17), les observateurs politiques se passionnent pour jauger le poids électoral d’Eric Guimbeau, élu en tête de liste sous la bannière MMM/UN/MMSD, en 2010, avec 4 000 voix d’avance sur le Best Loser Michael Sik Yuen, ex-PMSD. Le score du néophyte Adrien Duval devra donner un aperçu de la présence du PMSD dans ce qui fut jadis le fief des bleus.
Un autre facteur, qui devra retenir l’attention à la clôture du dépôt de candidatures lors du Nomination Day, concerne le nombre de femmes alignées en tant que candidates par l’Alliance PTr/MMM et l’Alliance Lepep. Dans le plus optimiste des scénarios, il faudra s’attendre à une vingtaine, sensiblement répartie de manière égale entre les deux blocs. En terme de proportion, le nombre de candidates ne constitue que la moitié du target de 30%, retenu dans l’ébauche du projet de réforme électorale, véritablement loin du compte des ambitions déclarées.
Les efforts des militantes de la cause des femmes en politique n’auront pas donné les résultats escomptés. Toutefois, il faudra compter avec les partis s’affirmant de gauche et de tendance progressiste pour faire la différence au niveau des candidatures féminines lors du dépôt des candidatures, exercice qui sera placé sous haute surveillance.
Pour la première fois, les candidats ne devront être sous nulle obligation de faire de déclaration de leur appartenance ethnique en faisant acte de candidature pour des élections générales. Le combat initié par des militants de Lalit dans les années 80 et repris par Rezistans & Alternativ aura permis de démanteler un pan du phénomène de communalisme dans le système électoral même si le fléau continue à générer des séquelles en politique.
Avec le départ de la ministre des Affaires étrangères de l’Inde, Sushma Swaraj, demain, la campagne électorale entrera dans sa phase active avec le passage de mode de congrès politiques en meetings régionaux à travers l’île. Les deux leaders de l’Alliance PTr/MMM se préparent à compléter une première tournée des 20 circonscriptions avant le Nomination Day avant de s’attaquer au sprint final de la campagne.

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