POLITIQUE MONÉTAIRE : Le maintien du taux directeur à 4,65 % voté par 5 voix contre 3

C’est par une majorité de 5 voix contre 3 que le comité de politique monétaire de la Banque de Maurice (BoM) a voté, lors de sa dernière réunion du 30 septembre 2013, pour le maintien du taux directeur à 4,65%. Alors le gouverneur de la BoM, Manou Bheenick, et ses deux adjoints s’étaient prononcés pour une hausse de 10 points de base (de 4,65 % à 4,75 %), les cinq autres membres du comité avaient opté pour le statu quo.
Selon les procès-verbaux de la 31e réunion du MPC rendus publics hier, la majorité des huit membres du comité, après une évaluation des risques à la croissance et à l’inflation pour les prochains mois, étaient d’opinion que la présente prise de position en matière de politique monétaire était plus ou moins appropriée. Ces membres estimaient qu’à son niveau actuel, soit 4,65%, le taux directeur continuait d’apporter un soutien à l’économie pendant que les pressions inflationnistes étaient contenues. Ces membres, peut-on lire dans les procès-verbaux, étaient d’avis que le taux d’inflation serait inférieur aux prévisions du personnel de la BoM. Ces derniers ont anticipé un taux d’inflation (en progression annuelle) se situant dans la fourchette de 4,5 % à 4,9 % pour l’année se terminant au 31 décembre 2013 et de 4,9 % à 5,5 % pour celle prenant fin en juin 2014.
« The impact of the forthcoming Budget on inflation was expected to be relatively low while the effect of the tripartite wage negociations was projected to be neutral », fait ressortir le rapport du MPC. Tenant compte de cette situation, la majorité des membres du MPC avaient argué que les risques de baisse de la croissance étaient plus forts que les risques d’une hausse de l’inflation. Tout en reconnaissant qu’il y avait des problèmes à long terme pouvant affecter la stabilité du secteur bancaire, notamment le haut niveau d’endettement de certains secteurs économiques, ces membres avaient soutenu qu’il fallait poursuivre les efforts pour assurer une croissance économique soutenue.
Les procès-verbaux de la réunion du MPC font ressortir, par ailleurs, que le groupe minoritaire de membres du MPC avait argué que les risques d’une remontée de l’inflation dans le moyen terme étaient réels ceci au vu des développements au plan local malgré la récente baisse à laquelle on a pu assister. « They also felt that it was time to send a strong signal that interest rates had remained low for too long and that it was time to start normalising them », souligne le rapport. Ces membres ont observé que le faible niveau des taux d’intérêts a eu un impact défavorable sur l’épargne. Il a, de plus, fait grimper la demande de crédits, notamment dans le secteur de la construction, alors que les conditions d’excès de liquidités ont eu pour résultat de ralentir l’offre de crédits. « The misallocation of credit had increased vulnerabilities in the banking sector and the economy in general », a-t-on fait remarquer. Il était, par conséquent, jugé primordial de normaliser rapidement le taux directeur tout en envisageant des mesures macro-prudentielles concernant l’octroi de crédits bancaires.
Faisant état du « voting pattern » à cette 31e réunion du MPC, les procès-verbaux indiquent qu’au premier tour de vote, Nishan Degnarain, Pierre Dinan, Hemraz Oopuddhye Jankee et les Professeurs Silvana Tenreyro et Jeffrey Frankel se sont montrés favorables au maintien du taux directeur à 4,65% alors que le gouverneur de la BoM, Manou Bheenick, et le premier gouverneur adjoint, Yandraduth Googoolye, ont voté pour une augmentation de 25 points de base. L’ancien second gouverneur adjoint, Iqbal Belath, avait proposé une hausse de 10 points de base.
Lors du second vote, Manou Bheenick et Yandraduth Googoolye ont revu leur position pour se rallier à celle d’Iqbal Belath, soit une majoration du taux directeur par 10 points de base, mais celle-ci n’a pas eu la faveur des autres membres qui ont à nouveau voté pour le statu quo.
Notons que le MPC a fixé sa prochaine réunion au 3 février 2014, soit dans une peu plus de quatre mois. Cependant, le comité peut se réunir dans l’intervalle si la nécessité se fait sentir.

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