Pomponette : ReA fait tomber une partie du barrage symboliquement

  • Ashok Subron : « C’est aux autorités de retirer le reste »

Les militants de Rezistans ek Alternativ (ReA) s’étaient donné rendez-vous sur la plage de Pomponette hier pour marquer symboliquement la fin du bail de Clear Ocean Hotel and Resort Ltd (COHRL). Le délai accordé par le ministère des Terres et du Logement pour démarrer la construction de l’hôtel a en effet expiré le 30 juin. ReA estime ainsi que les autorités doivent retourner cette partie du littoral au public mauricien. Pour leur donner un signal, les militants ont retiré trois panneaux du barrage en tôle démarquant l’espace accordé à COHRL.

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À midi hier, « les barrages tombent déjà à Pomponette ». L’on a eu droit à une intervention de Rocky Boodhoo, le directeur mauricien de COHRL, exprimant sa « crainte » devant la situation et révélant avoir demandé une protection policière pour lui-même, sa famille et les gardiens sur place. Pourtant, à ce moment-là, un calme plat régnait à Pomponette. Une quinzaine de militants seulement étaient déjà sur place, installant les pancartes et les drapeaux au symbole du papillon. La police, elle, était bien présente, avec un véhicule garé à l’entrée de la plage. Les quelques « gardiens » engagés par COHRL se trouvaient aussi à l’intérieur de la clôture en tôle.

La foule grossissait au fur et à mesure, avec d’autres militants et des membres du public. La grande question du jour était si on allait faire tomber le barrage une nouvelle fois, étant donné que le directeur du COHRL avait enregistré une “ precautionary measure ” à la police. C’est vers 15h qu’Ashok Subron a pris la parole, expliquant la démarche d’hier.

Il faut souligner que le collectif Aret Kokin Nou Laplaz n’a pas participé à ce rassemblement, préférant attendre la semaine prochaine, soit après son affaire en cour, qui se tiendra vendredi. Mais, pour Ashok Subron, il n’était pas question d’attendre un jour de plus, rappelant que le délai expire le 30 juin. « Rezistans ek Alternativ et ses alliés organisent aujourd’hui une protestation contre l’accaparement de cette belle partie de la plage, qui appartient à tous les Mauriciens et aux générations à venir. Nos combats ont permis un certain avancement, qui fait que l’État a commencé à reculer. Le dernier en date étant la déclaration de septembre de l’année dernière, dit que, si le promoteur n’a pas ses permis et son EIA à aujourd’hui, il doit lev pake ale », a dit Ashok Subron.

Il explique de même que la raison pour laquelle ce rassemblement a été organisé est pour faire comprendre que l’État « n’aurait jamais dû donner ce terrain à un promoteur sud-africain et qu’il n’aurait pas dû se laisser berner par des capitalistes sud-africains ». Il avance : « Il y a eu plusieurs articles de presse montrant qu’ils ont participé à des actions malveillantes envers des personnes en Afrique du Sud et envers nous, maintenant, quand ils ont pris notre espace, avec les moyens de l’ancien et de l’actuel régime au pouvoir. »

Ashok Subron rappelle que ReA et ses alliés ont, à plusieurs reprises, organisé des événements sur cette plage, et ce pour sensibiliser les Mauriciens. « Nous avons participé à plusieurs “beach reconnection” et “beach liberation”. Nous avons fêté l’indépendance ici, de même que la fête du Travail et, à deux reprises, les citoyens ont retiré le barrage qui n’aurait pas dû être là. » Il poursuit que tout n’est pas qu’une histoire de tôle, de barrage. « Il est question de décréter cette plage comme appartenant au peuple mauricien. Nous sommes là pour cela aujourd’hui. Et aussi pour assurer que, dans les jours qui suivent, l’État assume ses responsabilités et écoute son peuple. Surtout en ce moment, car ce peuple s’exprimera dans quelques mois. Il ne faut donc pas laisser les promoteurs véreux berner l’État et le peuple », dit-il.

Il précise également que, pendant cette semaine, ReA s’assurera que des actions « soient prises ». Ce qui est sûr, ajoute-t-il, « c’est que nous sommes des citoyens qui croient dans le précepte de Mahatma Gandhi : la non-violence ». À la fin de la journée, les militants de ReA ont retiré trois panneaux du barrage de tôle symboliquement. « C’est la responsabilité de l’État d’enlever le barrage. Le plus important, c’est qu’on retourne la plage au peuple mauricien. Les plages appartiennent à tous les Mauriciens et on ne peut les distribuer à des promoteurs. C’est un bien commun », précise-t-il.

Les militants sont par la suite entrés sur le terrain accordé à COHRL, comme pour signifier que celui-ci appartient au peuple mauricien. La police n’est pas intervenue, ni même les gardiens engagés par COHRL et il n’y a eu aucun incident à la fin de la journée.

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