PONZI SCHEME : La gangrène gagne le Champ de Mars

Pour la cinquième semaine consécutive d’enquête confiée au Central CID, les arnaques financières, avec un préjudice ayant déjà dépassé la barre de Rs 1 milliard, continuent à apporter leur lot de révélations les unes plus accablantes que les autres. Alors qu’en début de semaine l’arrestation du pasteur Vijay Appadoo jetait le désarrroi dans le monde très solidaire des sectes, à la fin de la semaine, la gangrène des Ponzi Schemes avait déjà contaminé le monde hippique. Au point où les dirigeants du Mauritius Turf Club n’ont pas hésité à exiger des certificats de moralité des new comers au Champ de Mars. Avec le réveil, quoique tardif des institutions comme la Financial Services Commission (FSC) ou de la Financial Intelligence Unit (FIU), la liste de sociétés sous haute surveillance des autorités et celle des suspects inculpés n’ont cessé de s’allonger avec le retour en fin de semaine de Marjorie Bazerque, placée en détention policière depuis jeudi soir. Au moins une dizaine de compagnies font l’objet d’enquête et le nombre de suspects dépassant la trentaine.
Des limiers du Central CID sous la double supervision des ACP Heman Jangi et Pregassen Vuddamalay mettent les bouchées en vue de procéder à l’interrogatoire de certains propriétaires de chevaux et membres des écuries affiliées au MTC. Ils sont soupçonnés d’avoir puisé des fonds des Ponzi Schemes pour faire l’acquisition d’unités participant aux épreuves de la présente saison hippique ou encore financer leur membership au MTC.
Des noms de propriétaires de chevaux, au nombre de trois, circulent déjà dans les milieux autorisés aux Casernes centrales et dans des cercles fermé au MTC. Au QG du Central CID, l’on se garde de confirmer tout détail à ce sujet vu que le stade de convocation pour audition under warning attend confirmation. Toutefois, au cas où il se confirme qu’au moins l’acquisition d’un coursier enregistré au MTC a été financée des arnaques financières, l’Assets Recovery Office sous le contrôle du Directeur des Poursuites Publiques, Me Satyajit Boolell, Senior Counsel, n’aura d’autre choix que de chercher un ordre de saisie et de séquestre contre les chevaux incriminés. Une première dans le cadre des procédures d’assets recovery.
Du côté du MTC, les responsables ayant eu vent de cette affaire ont tenu à prendre le taureau par les cornes en demandant aux différents nominators d’écurie de faire la lessive parmi leurs membres ayant des activités suspectes. Interrogé hier matin, le président du Mauritius Turf Club, Gilbert Merven, n’a ni confirmé ni infirmé cette nouvelle qui semble faire beaucoup de bruit au Champ de Mars. “Écoutez pour l’heure nous n’en savons pas trop, mais il est vrai aussi que nous sommes en présence des rumeurs persistantes”, a-t-il déclaré à Week-End. Mais le moins que l’on puisse dire c’est que ces rumeurs persistantes ont fini par forcer le board des commissaires à évoquer la question, vendredi, lors d’une réunion avec les entraîneurs des écuries après des discussions au niveau du board des commissaires de mardi dernier.
À la réunion de vendredi,  il a été demandé aux responsables des écuries d’être plus prudents dans leurs choix de propriétaires de chevaux et aussi de faire le ménage là où c’est nécessaire. La question de certificats de moralité à être présentés dans les meilleurs délais a été évoquée.
À ce stade, les noms de trois propriétaires de chevaux sont cités comme étant des éventuels suspects intéressant les autorités en vue de faire la lumière sur les dessous des placements effectués par des clients de ces compagnies.
Mais, plus grave dans cette affaire, c’est l’information selon laquelle l’un des trois concernés vient de faire l’acquisition d’un cheval d’une valeur marchande de 350 000 rands sud-africains (?Rs 1,2M). La prochaine arrivée de chevaux pour le compte des écuries du MTC pourrait intéresser les enquêteurs du Central CID à plus d’un titre.
Le milieu religieux choqué
Déjà, en début de semaine, l’arrestation du pasteur Narainsamy (Vijay) Appadoo et des éventuelles connexions des responsables de White Dot International Consultancy Co. Ltd., Sanjeev Lutchman, Beemal Bissessur ou encore Arun Mossudee avec le réseau des prédicateurs, ont plus que choqué dans les milieux religieux. Il a été appréhendé par la police suite à des preuves formelles de son implication en tant qu’agent de White Dot International Consultancy Co. Ltd. et également en tant que client avec des investissements de plus de Rs 1,4 million.
Lors d’une perquisition au domicile de ce prédicateur, jusque-là très respecté, la police a saisi une somme deRs 370 000 en devises étrangères et en roupies aussi bien que des bijoux de grande valeur. La police présume que ces fonds et les bijoux auraient été financés par les financial scams. Il a été remis en liberté provisoire après sa comparution devant le tribunal de Port-Louis.
Un autre pasteur, Mico Hélène, de Helen & Partners, a été placé en état d’arrestation en début de semaine. Il est soupçpnné d’avoir effectué d’importants transferts bancaires à Londres, à Prague et à Budapest à la suite des placements effectués par des clients. Des preliminary freezing orders dans des juridictions étrangères ont été émis à cet effet sur ordre du DPP.
L’arrestation du pasteur Appadoo pourrait constituer un véritable eye opener pour ceux des membres des différents sectes ayant suivi à la lettre les consignes des leaders dans leurs différentes églises en vue de placer leurs économies dans ces compagnies d’investissements-bidon. Néanmoins, la timidité des dénonciations s’explique en partie par l’emprise de ces prédicateurs sur les “simples mortels” fréquentant ces lieux de culte.
La semaine écoulée n’a pas été de tout repos pour les enquêteurs du Central CID, qui ont dû faire face à une avalanche de dossiers émanant de la Financial Services Commission ou de la Financial Intelligence Unit, qui connaissent un réveil des plus tardifs. Comme l’avait révélé Week-End dans son édition du dimanche 30 mars dernier, la première dénonciation formelle des activités illicites attribuées à White Dot International Consulytancy Co. Ltd. à la FIU remonte à avril 2012. Ce n’est que onze mois après qu’une véritable enquête a démarré avec arrestations et inculpations.
Les conséquences de ces onze mois de laxisme institutionnel se paient à prix d’or. En début de semaine, des clients de White Dot Int’l avaient logé 1 213 plaintes pour un préjudice de Rs 530 millions avec 154 autres dénonciations pour un montant de Rs 39 millions pour le compte de Sunkai Co. Ltd. alors que tous les comptes semblent indiquer que cette compagnie aurait collecté des placements pour plus d’un demi-milliard depuis juillet de l’année dernière.
Majorie Bazerque, déjà inculpée en même temps que Me Zakir Mohamed au sein de Je T’aime Marketing Co. Ltd, a fait son come-back en cellule policière depuis la fin de la semaine. Elle a été appréhendée dans le cadre de l’enquête sur la société Emidore Trading Co. Ltd. avec un portfolio de placements présumés de Rs 200 millions. L’interrogatoire de la suspecte coiffée d’un chapeau des plus remarqués à chaque rendez-vous sous escorte au Central CID n’a pas encore démarré. À titre d’exemple, elle aurait investi Rs 1 million dans la compagnie et s’est fait rembourser la somme de Rs 5 millions deux mois après.
Deux autres partenaires d’affaires de Marjorie Bazerque, Dominique Appajee et Mark Lloyd Tourneur, ont été écroués simultanément. Ces trois ont été inculpés provisoiremet des délits de money laundering pour un montant de Rs 10,4 millions de swindling et de conspiracy to defraud.
Les surprises n’ont pas fini dans les arnaques financières car il n’y a pas que des policiers qui ont été tentés par “les gains faciles offerts”. À ce jour, cinq membres du personnel de l’Independent Commission against Corruption ont été interdits de leurs fonctions pour des placements dans ces sociétés d’investissements illicites. La direction générale de l’ICAC s’évertue de défendre deux points: d’abord les officiers interdits ne font pas partie de l’Investigation Division et ensuite ne seraient pas des agents de Sunkai ou de White Dot. Mais la balle a déjà fait mouche !
Un autre détail d’importance majeure attend confirmation. Les enquêteurs du Central CID, qui pourraient bénéficier de l’assistance du Serious Fraud Office britannique, suite à une demande d’assistance formulée par le Premier ministre, Navin Ramgoolam, tentent de faire le lien entre la flotte de voitures de White Dot et celle du dénommé Balkissur sous inculpation provisoire dans le réseau de drogue de Gro Derek. Des développements sont annoncés dans les jours à venir à ce sujet…

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -