Pop-Corn et barbe à Papa : Quand la passion devient gagne-pain

Shameera Khedoo, une habitante de Nouvelle-France âgée de 25 ans, est devenue femme entrepreneure grâce à la production et la vente de pop-corn et de barbes à papa. Si dans un premier temps, elle le faisait par passion, aujourd’hui ce métier est devenu son gagne-pain. Ayant pour le moment converti une pièce de sa maison en une petite usine, elle aspire, avec le soutien de son époux et de ses proches, à ouvrir une véritable usine pour redonner vie à ce business qui perd peu à peu sa valeur.

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Aujourd’hui, les producteurs de pop-corn et de barbes à papa se font de plus en plus rares. La raison : ces friandises sont disponibles dans les supermarchés. Mais Shameera Khedoo compte bien redonner vie à ce métier. « Produire du pop-corn paraît un métier facile mais il ne l’est pas, même avec l’avènement des machines à pop-corn. Beaucoup de gens se sont lancés dans cette aventure mais ont finalement abandonné. Le succès de ce métier réside dans la recette de votre pop-corn. Si vous savez le préparer, vous pouvez exploiter ce métier. Idem pour la barbe à papa », explique Shameera.

Adolescente, Shameera rêvait de faire carrière dans la mode. Elle souhaitait devenir coiffeuse et ouvrir son propre salon. Mais quand elle a vu ses parents préparer du pop-corn et de la barbe à papa, leur savoir-faire l’a attirée. « Même mes parents sont assez nouveaux dans ce domaine. Autrefois, ils préparaient et vendaient des “puddings”. Ils avaient fait un nom dans ce métier. Puis, mes oncles ont emboîté leurs pas. Mais au fil des années, ma mère est tombée malade et n’arrivait plus à préparer les “puddings”. Pourtant, sa recette est l’une des plus appréciées. Mes oncles ont, eux, choisi de rester dans le domaine. Mes parents ont alors décidé de devenir marchands à la foire mais c’était une mauvaise décision. Avec leur économie, ils ont acheté une machine à produire du pop-corn et une autre pour la barbe à papa. Après plusieurs essais, ma mère a finalement trouvé la recette parfaite », relate la jeune entrepreneure.

Shameera pense que sa mère a un don pour la préparation des confiseries. « Elle n’a jamais pris de leçon, ni de formation. Tout ce qu’elle a fait, c’était sa propre idée. C’est ce qui m’impressionne chez ma mère », dit-elle. Sept ans depuis que ses parents se sont lancés dans ce métier et Shameera n’a pu s’empêcher d’emboîter leurs pas. « Mes parents allaient vendre du pop-corn à Ébène. J’ai décidé de travailler également. Alors, j’ai appris à en préparer. Au début, ce n’était pas facile, car le pop-corn me sautait au visage laissant des marques de brûlure pendant des jours. Mais, je n’ai pas voulu baisser les bras. Quand je suis parvenu à maîtriser les étapes de la préparation, j’ai fait l’acquisition d’un appareil et je me suis installée dans l’enceinte d’un supermarché. Je préparais et vendais du pop-corn sur place », dit-elle.

Le frère de Rushdy à la machine de barbe à papa

Il y a presqu’un an, Shameera a épousé Rushdy, également un habitant de Nouvelle-France. Ce dernier exerçait comme commerçant à la foire mais son commerce était en chute. Par conséquent, Shameera lui a proposé de se lancer dans le même domaine qu’elle. « Si Rushdy acceptait de me rejoindre, on pourrait exploiter ce métier. Et c’est ce qui s’est passé. Depuis que nous nous sommes lancés à notre propre compte, la vente a pris de l’ampleur. Aujourd’hui, mes parents travaillent à Plaisance Mall à leur propre compte et mon époux et moi avons lancé notre propre commerce », explique-t-elle.
Shameera convertit ainsi une pièce de sa maison en atelier de travail. C’est là qu’elle prépare le pop-corn et de la barbe à papa.

« Au début, Rushdy vendait les produits sur une table installée dans la rue devant notre maison. Mais les demandes ont commencé à pleuvoir et nous avons réalisé qu’il nous fallait trouver un endroit plus stratégique pour attirer encore plus de clients. Ainsi, il s’est trouvé un emplacement dans la rue principale, attirant l’attention de tous les passants », nous dit Shameera.

Shameera en train de remplir un conteneur de pistaches

Par la suite, sa sœur lui propose d’ajouter plus de produits à sa liste de vente. « Ma sœur exerce aussi comme entrepreneure. Elle produit et vend des gâteaux sucrés. Elle m’a proposé de préparer des “rasgoullah” et des “barfi”, des sucreries très prisées chez les Mauriciens. Outre le pop-corn et la barbe à papa, nous avons commencé à commercialiser des gâteaux sucrés. Puis, ma mère m’a proposé de préparer des pistaches salées et sucrées, ainsi que des “achards”. Mon époux a, lui, décidé de préparer des fruits confits et je me suis dit pourquoi ne pas ajouter aussi des fruits cristallisés. Ainsi, nous avons eu une grande variété de produits à proposer à nos clients », précise-t-elle.

Shameera avance de plus que ce métier nécessite beaucoup d’investissements en termes de temps. Rushdy se réveille en premier le matin pour éplucher et couper tous ses fruits.

Quand elle se réveille, Shameera prépare d’abord le sirop pour les “rasgoullah”. Ensuite, elle effectue une petite virée dans la cour familiale pour voir quels sont les proches qui vont l’aider pendant la journée. À son retour dans la cuisine, elle se met à la préparation des “rasgoullahs”, puis des “barfis”. Une fois les friandises prêtes, elle se met à la préparation des pistaches, une partie salée et l’autre sucrée. « À ce stade, nous n’avons employé personne pour travailler avec nous. Nous avons des proches qui viennent nous aider pour emballer les produits. Mais si nous arrivons à réaliser notre rêve, nous n’hésiterons pas à employer des gens », dit-elle.

Dans l’après-midi, Rushdy installe sa longue table, sous la véranda d’une ancienne boutique et fait venir tous ses produits. Il apporte aussi son appareil pour fabriquer du pop-corn sur place. Pendant que Rushdy installe ses produits à son point de vente, Shameera, avec l’aide de son beau-frère, se met à la préparation des barbes à papa à son domicile. « Nous avons certes une machine pour préparer la barbe à papa, mais nous avons besoin de deux personnes pour l’emballage qui doit se faire très rapidement afin qu’elle ne fonde pas. Quand tout est préparé, nous les envoyons à Rushdy. Ce dernier travaillera jusqu’à 22h, soit jusqu’à l’épuisement du stock », nous confie Shameera.

Interrogée sur ses projets d’avenir, Shameera explique qu’elle ne s’attendait pas à ce que ce métier prenne une telle ampleur. Motivée, elle aspire désormais à agrandir son commerce et à devenir une moyenne entreprise spécialisée dans la préparation de friandises. « Jusqu’ici, nous n’avons donné aucun nom à notre entreprise mais, vu l’ampleur des demandes, nous pensons qu’il est temps qu’on fasse les démarches. Mais je laisserai à mes parents l’honneur de baptiser notre compagnie », dit-elle.

De son côté, Rushdy souhaite attirer plus de clients en proposant des glaces et des crêpes sucrées. « C’est une tendance qui marche bien dans la ville. Pourquoi ne pas l’essayer dans le village », dit-il.

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