PORT-LOUIS : Think Mauritius pour la décentralisation

Les inondations survenues depuis le début de cette année à Port-Louis ont créé un vrai traumatisme au sein de la population et plus particulièrement parmi ceux qui vivent et travaillent dans la capitale. Ces événements ont aussi suscité des réflexions sur la sécurité et la fragilité des infrastructures. C’est dans cette optique que Think Mauritius a tenu une conférence de presse jeudi au restaurant Grand Océan au Caudan. L’objectif : présenter ses projets de délocalisation et décentralisation des activités tenues à Port-Louis, qui permettraient aussi de redonner à la capitale son cachet de ville artistique et culturelle.
100 milliards, c’est ce que le gouvernement compte injecter dans les prochaines années pour améliorer les infrastructures liées directement ou indirectement à l’accès à Port-Louis. Cela devrait réduire la congestion sur les routes principales du pays. « À Think Mauritius, nous pensons qu’au lieu de tout centraliser à Port-Louis il faudrait au contraire décentraliser et délocaliser certaines activités. Cela aura pour effet de réduire la congestion sur les routes principales du pays, de réduire la pollution, réduire la perte en carburant et les heures perdues dans les embouteillages. La capitale pourra alors respirer et se développer dans d’autres vocations culturelles et touristiques », explique Kumara Venkatasamy, membre de Think Mauritius. « Nous proposons au gouvernement d’investir ces Rs 100 milliards dans la décentralisation de Port-Louis qui serait beaucoup plus appropriée. De plus le gouvernement pourrait créer une nouvelle ville avec des infrastructures différentes qui serait un exemple pour l’océan Indien. »
Avec une superficie de 6,4 kilomètres carrés, Port-Louis est surpeuplé, avec 150 000 habitants, alors que 100 000 personnes y travaillent, soit 20% du total national, selon les chiffres de Think Mauritius. Quelque 66 000 personnes viennent à Port-Louis chaque jour essentiellement pour des besoins commerciaux et professionnels. Plus de 26 000 véhicules entrent dans la capitale chaque jour alors que la limite de places de parking est de 8 000 seulement. Des voyageurs perdraient jusqu’à trois heures dans les embouteillages, qui causent aussi des bouchons dans d’autres régions telles que Rose-Hill, Quatre-Bornes, Phoenix, Réduit… « Avec la délocalisation des activités administratives telles que les ministères, la NTA, le bureau des passeports ou des cartes d’identité, entre autres, il y aurait moins de mouvement dans la capitale tous les jours. Il faudrait aussi utiliser au maximum nos ressources technologiques afin d’encourager les gens à se servir d’internet pour faire leur démarches administratives et transactions. Il faudrait aussi redonner à la capitale sa vocation artistique en investissant dans la réhabilitation des bâtiments comme le théâtre de Port-Louis, à l’abandon depuis trop longtemps ».
Environnement à risques
Port-Louis ressemble à une cuvette bordée par une chaîne de montagnes et l’océan. L’accès à la capitale se fait principalement par l’autoroute du nord et celle du sud, ce qui cause les gros problèmes d’embouteillage le matin. « La terre argileuse qui résiste à l’infiltration de l’eau, la déforestation des flancs des montagnes entourant Port-Louis et le développement immobilier ont réduit la capacité d’absorption de l’eau de pluie, ce qui augmente considérablement le volume de l’eau de surface. Le mauvais entretien et l’élimination des drains n’ont fait qu’aggraver les choses. L’unique direction que peut prendre l’eau de pluie est vers la mer, on ne peut s’étonner de l’ampleur des dégâts du 30 mars dernier », explique Guy Arekion avant d’ajouter : « Le système de drainage, qui a été conçu il y a deux siècles par les Français conscients du danger d’inondation, n’a pas été rénové et donc été bouché au long de toutes ces années. » Les membres de Think Mauritius expliquent qu’avec le changement climatique et une hausse du niveau de la mer, la capitale pourrait être submergée en cas de cyclone. Le scénario pourrait être encore pire en cas de tsunami dans la région. Étant presque au niveau de la mer, Port-Louis jouit d’un climat très chaud qui incite à l’utilisation des climatiseurs. La hausse des températures due aux changement climatique pourrait empirer les choses considérablement. « Avec le nombre de marchands ambulants et le surpeuplement de la région tous les jours, le climat trop élevé et le manque de verdure, l’environnement de Port-Louis est très menacé et le manque d’air pourrait se faire sentir », a conclu Guy Arekion.

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