PORTRAIT : Brieuc Masson, designer automobile

Un jeune Mauricien a brillé à la dernière édition du Festival Automobile International qui a eu lieu à Paris à la fin du mois de janvier. Il s’agit de Brieuc Masson, étudiant en design automobile à Strate, école de design qui a obtenu le Young Designer Award offert par BMW. Voici le portrait, réalisé par téléphone depuis Paris, de l’étudiant en design automobile intérieur.
Bien qu’il porte le prénom d’un des sept saints bretons, Brieuc Masson est on ne peut plus Mauricien. Sur sa page Facebook il annonce qu’une des langues qu’il parle couramment est le créole, qu’un de ses sportifs préférés est Stephan Buckland et que son équipe de football favorite n’est ni Manchester, ni Liverpool ou le PSG, mais Arsenal. Fils de Véronique et de Marcel (Cello) Masson, le directeur financier du groupe hôtelier Beachcomber, Brieuc est né et à grandi à Maurice et fait ses études au Lycée Labourdonnais. Elles ont été comment ces études ? « Très bien. J’ai été bon élève dans les petites classes, puis élève moyen pour la suite. Au secondaire, je ne faisais pas beaucoup d’efforts, mais je passais mes classes. Je ne faisais pas grand-chose en début d’année, mais j’étudiais sérieusement avant les examens. » Très tôt, Brieuc se découvre une passion pour le dessin, commence à crayonner des avions et des automobiles et dit qu’il voulait travailler comme dessinateur d’autos. « A l’époque, je n’avais jamais entendu parler du design et encore moins du design automobile. Je dessinais des voitures en disant que c’était le métier que je voulais faire. » Comment ont réagi les parents de Brieuc à cette déclaration d’intention professionnelle sortant de l’ordinaire ? « Très bien. Mes parents ne m’ont jamais mis la pression pour que je fasse ça plutôt que ça. Ils m’ont laissé faire ce que je voulais à condition que je réussisse à mes examens. Ils m’ont laissé libre et m’ont fait confiance. » C’est après son bac que Brieuc commence sérieusement à se renseigner sur les moyens pratiques de réaliser son rêve d’enfant. Il fait des recherches sur internet et découvre que le design est « la création d’un projet en vue de la réalisation et de la production d’un objet (produit, espace, service) ou d’un système qui se situe à la croisée de l’art, de la technique et de la société. Le design est une activité de création souvent à vocation industrielle ou commerciale, pouvant s’orienter vers les milieux sociaux, politiques, scientifiques et environnementaux. Le but premier du design est d’inventer, d’améliorer ou de faciliter l’usage ou le processus d’un élément ayant à interagir avec un produit ou un service matériel ou virtuel ». En 2011, il se rend en Angleterre avec sa mère pour trouver une école où l’on enseigne le design automobile et découvre que finalement l’établissement qui lui conviendrait le mieux se trouve à Paris. Il s’agit de Strate, école de design, créée en 1993 et devenue première école privée française et, par ailleurs, une des
meilleurs soixante écoles de design.
L’admission dans cette école se fait sur présentation de dossier avec entretien. Brieuc se présente, répond aux questions, se laisse aller et est accepté. « Je crois que c’est la passion que j’ai toujours eue pour l’automobile et mon ambition de devenir un jour designer qui m’ont fait admettre à l’école. Et cela fait maintenant plus de quatre ans que j’étudie. » Justement qu’est-ce qu’on étudie à Strate ? La réponse à cette question se trouve sur le site-web de l’école et se lit ainsi : « Rendre le monde plus beau. A Strate, nous dessinons des systèmes et des objets pour les hommes. Au coeur de la conception, le designer travaille sur des scénarios de vie, définit des usages et crée des services et produits durables, dans une démarche curieuse et collaborative. » Est-ce que cela coûte cher d’étudier dans une des meilleures écoles de design au monde ? « Les frais pour l’école sont de 10,000 euros par an et le cursus dure cinq années. A cela, il faut ajouter le logement, la nourriture et le reste. Je me rends compte que c’est une somme importante. Heureusement que mes parents ont les moyens de financer mes études, de me permettre de réaliser mon ambition professionnelle. » Qu’est-ce qu’un designer automobile spécialisé dans le design d’intérieur comme Brieuc ? La réponse se trouve également sur le site-web de Strate.
« Le designer intervient soit sur la globalité du véhicule, soit sur des équipements et composants spécifiques. Il travaille en étroite collaboration avec les designers automobile “extérieur” et “couleurs et matière”, ainsi qu’avec les équipes marketing et produit, les ergonomes et les ingénieurs techniciens sur la conception et l’industrialisation des nouveaux produits. Il conçoit les habitacles des voitures, espaces de vie ou postes de conduite, en apportant des solutions fonctionnelles et esthétiques en cohérence avec l’image de la marque et les tendances, tout en intégrant les contraintes économiques et industrielles. » Comment se passent les études du futur « interior designer » ?
« C’est prenant et passionnant. Nous travaillons en solo et en groupe sur des projets que nous imaginons et réalisons, sous forme de dessins, de maquettes, des prototypes, des vidéos. Nous travaillons à l’école, chez soi, mais aussi en entreprise, ce qui fait partie de l’enseignement. » C’est ainsi que de février à juin 2014, Brieuc a effectué un stage chez Renault, en France, et que d’août à décembre de la même année il a participé à un « exchange programme »
dans une usine automobile de Détroit, aux Etats Unis. Est-ce que Détroit, l’ancienne capitale de l’automobile américaine, n’avait pas fermé ses immenses ateliers à cause de la crise financière ? « L’industrie automobile américaine est en train de renaître. Elle est en train de recommencer ses activités et des entreprises ont recommencé à fonctionner. J’ai passé des semaines passionnantes à travailler avec les designers automobiles américains. »
De retour en France après son stage aux USA, Brieuc s’inscrit au concours du Young Designer organisé par la firme BMW dans le cadre du 31e Festival Automobile International. Ce festival regroupe trois événements :
la plus belle voiture de l’année, les grands prix et l’exposition des concept cars. C’est dans la catégorie grands prix, dont le thème était, cette année, « Haute couture » que Brieuc Masson présente son projet de décoration intérieure intitulé « Ego ». La catégorie grand prix a pour objectif de « rendre hommage au talent des concepteurs et designers ». Son projet a séduit le jury du Festival Automobile International qui lui a décerné un prix dans la catégorie « Young Designer Award by BMW » pour le design intérieur. Quelle est la réaction du lauréat après la réception de ce prix ? « Je suis très content que mon concept “Ego” ait séduit le jury. C’est un gros encouragement pour continuer dans la même voie. C’est aussi un encouragement pour inciter d’autres jeunes mauriciens à se lancer dans les études de design, sujet pas très connu à Maurice. »
Depuis le Young Designer Award, Brieuc s’est remis au travail pour continuer sa cinquième année à Strat en espérant qu’il obtiendra son diplôme de fin d’études. Est-ce que cette cinquième année est plus dure que les précédentes ? « Pas vraiment. Le travail est technique, technologique, virtuel et visuel. Nous sommes une promo de trente élèves, la compétition n’est pas hyper rude, mais nous nous rendons compte qu’il faut se retrouver parmi les premiers, ceux qui seront automatiquement recrutés par la section design d’une grande firme automobile. »
Avec les résultats des années précédents et le récent prix BMW Brieuc ne devrait pas avoir à se faire trop de souci, non ? « Mais malgré cela, il y a beaucoup de travail, il faut s’appliquer parce que le gros du travail se fait chez soi, le soir. Donc, pendant certaines périodes, je ne fais que travailler. C’est un travail intense mais qui me donne de grandes satisfactions. Ceci étant, le fait de bien bosser n’interdit pas de vivre, de s’amuser. Tout est question d’organisation. Il faut être conscient que les bonnes notes ne tombent pas du ciel, mais sont le résultat d’un travail organisé et assidu. » Est-ce que Brieuc a des préférences pour l’atelier de design automobile où il aurait aimé travailler après l’obtention de son diplôme ?
« J’aurais préféré travailler en France parce que je connais l’ambiance de travail des ateliers de design français au sein des grands groupes automobiles. Je sais comment ça fonctionne et je m’y plais. Je ne suis pas sûr que ce soit la même chose ailleurs. Mais tout va dépendre de mes résultats et des propositions qui me seront faites, je l’espère. »
Et en dehors de travailler dans un grand atelier de design, quel est le rêve professionnel de Brieuc Masson ?
« Travailler sur la création de la voiture du futur. Pas forcément une voiture de très grand luxe, mais une voiture qui va correspondre à nos besoins pour nous permettre de nous déplacer en respectant l’environnement. »

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