PORTRAIT : De l’agriculture au social et à la politique pour Oodaye Bahadoor

Élu récemment au poste de président du conseil de district de Rivière-du-Rempart, Oodaye Bahadoor a toujours oeuvré dans le social, même s’il a dû travailler dur dès l’âge de 8 ans dans un établissement sucrier afin de pouvoir gagner sa vie. Cette personnalité de 63 ans, très connue à Goodlands, gère maintenant les affaires de ce conseil qui regroupe 19 villages, soit plusieurs dizaines de milliers d’habitants du Nord.
« Je cherche la collaboration de tous au sein du conseil pour que le travail avance vite à la satisfaction de la population, surtout en ce qui concerne les différents permis que le conseil octroie aux gens. Nous avons énormément de travail à abattre durant les deux prochaines années », déclare Oodaye Bahadoor, plus connu comme Anand. Il soutient ne pas vouloir bouleverser quoi que ce soit au conseil, toutefois, « il faut travailler vite car deux ans c’est vite passés ».
Le nouveau président ne va pas créer de nouveaux projets ou services, il suffit de renforcer, dit-il, les services existants tels que l’éclairage et l’asphaltage de routes qui tombent sous la juridiction du conseil, le ramassage d’ordures et aussi l’organisation des activités sportives telles la pétanque, qui prend de l’ampleur dans tous les villages de la collectivité, et aussi le football.
M. Bahadoor a toujours travaillé la terre — il est entré à l’établissement sucrier de Mapou Leclézio à l’âge de 8 ans. À cette époque, on engageait des enfants pour des menus travaux tels le nettoyage des bureaux ou pour aller chercher les journaux, entre autres. « J’ai dû quitter l’école à la mort de mon père. Je n’ai étudié que jusqu’à la Std III à l’école primaire de Goodlands », relate-t-il. Dix ans plus tard, l’envie d’apprendre revenant, il veut en faire part à un enseignant de la localité. Mais, un ami, qui avait réussi à ses examens de School Certificate, lui propose de l’aider gratuitement à apprendre l’anglais. Un mois plus tard, cet ami obtient un emploi dans le nursing en Grande-Bretagne et quitte le pays. Le jeune Bahadoor continue, toutefois, d’apprendre l’anglais à travers les journaux de l’époque et aussi grâce à Picture Post, magazine du cinéma indien très populaire à Maurice et qui arrivait chez nous presqu’un mois et demi après sa sortie en Inde. Cela pendant dix années, tout en travaillant sur la propriété sucrière. C’est de cette manière qu’il réussira à maîtriser cette langue. Entre-temps, il s’est marié.
À 26 ans, M. Bahadoor décide de quitter son emploi et de se mettre à son propre compte comme planteur de légumes. Mais son employeur veut le retenir. Il décide alors de travailler une fois par semaine pour son patron, faire ses courses personnelles, entre autres. Mais cela ne marche pas, son employeur estimant qu’il est très pris avec ses plantations de légumes. Sa conversion en tant que planteur rapportant bien, il achète et revend quelques terrains agricoles. Des transactions faites sur une petite échelle mais rentables. Il se fera aussi président et membre exécutif de plusieurs temples hindous de la localité. Entre-temps, il s’est aussi joint au mouvement social Seva Shivir, très connu dans le pays, où il fera son apprentissage dans le social.
Après le social et la religion, c’était tout à fait normal pour lui de faire de la politique. Oodaye Bahadoor a emboîté ce pas en 1992 en posant sa candidature aux élections villageoises. Il sera élu et deviendra président du village. « Je n’ai jamais perdu une seule élection car les habitants de Goodlands me font confiance », dit-il. Il y a deux ans, Il est fait District Councillor. Puis, le poste de président du conseil de district de Rivière-du-Rempart l’a interpellé.

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