PORTRAIT: Terinna Vincent, la lauréate de Bois-Marchand

Les préjugés rongent les quartiers minés de fléaux sociaux tels la drogue, le chômage ou la violence. Bois-Marchand n’en est pas épargné. Malgré tout, des histoires à succès font voler en éclats ces clichés. Comme celle de Terinna Vincent, une ex-élève d’une école ZEP et lauréate de la cuvée 2013. Boursière de la filière scientifique sur la base du mérite académique et du critère social, la jeune femme a fait de son point faible sa force. Car c’est son milieu social modeste qui l’a toujours motivée à donner le meilleur d’elle-même pour s’en sortir. Portrait de celle qui prépare sa deuxième année de chimie à l’Université de Maurice.
Ne sachant trop où son dur labeur la mènerait un jour, quelque performants ses résultats allaient-ils être, Terinna Vincent avait pour but de ne jamais lever le pied. De ne jamais laisser les préjugés la faire fléchir et avoir le dessus. Au collège, elle bosse dur, surtout les deux dernières années. Sans toutefois s’attendre à être lauréate. « J’ai travaillé dur, oui. Mais, je ne m’attendais pas à être parmi les lauréates annoncées en début d’année. En revanche, j’étais presque sûre de décrocher une des bourses additionnelles octroyées sur la base du critère social et du mérite académique », précise-t-elle.
Ces bourses additionnelles sont « une bonne chose », estime Terinna Vincent. Sans quoi son père, laboureur, et sa mère, femme au foyer, n’auraient peut-être pas pu financer ses études. Finalement, par peur que la bourse ne suffise pas pour des études à l’étranger, c’est à l’Université de Maurice que Terinna choisit de préparer son BSc en Chimie.
Elle qui a toujours vécu à Bois-Marchand, qu’a-t-elle à dire sur les préjugés qui dominent ? « Tout n’est pas noir à Bois-Marchand mais tout n’est pas rose non plus. Simplement, il ne faut pas mettre tout le monde dans le même panier », dit Terinna Vincent. Gardant son humilité, elle n’ose pas non plus dire qu’elle est un modèle pour le quartier. « Je ne sors pas beaucoup. Je ne peux dire que je suis un exemple ». Mais, une chose que reconnaît l’étudiante : si ses parents n’avaient pas eu pour elle et sa soeur une vision, c’est-à-dire, les encourager à l’étude, « j’aurais peut-être arrêté l’école ou j’aurais fait n’importe quoi comme bien d’autres. Même s’ils n’ont pas un niveau d’éducation, ils ont voulu que leurs enfants avancent à travers l’éducation. Ils nous ont guidées ».
Petite, Terinna Vincent fréquente l’école ZEP H Ramnarain de Terre-Rouge. « Je n’étais pas la première en classe. J’étais deuxième », se remémore-t-elle. À l’issue des examens du CPE, elle obtient 23 unités. « Je prenais des leçons avec l’enseignant de l’école. J’étais toujours motivée par les études et mes parents m’encourageaient perpétuellement ».
C’est au collège Gaëtan Raynal qu’elle poursuivra sa scolarité secondaire, changeant chaque jour deux ou trois bus entre sa maison et le collège. Élève moyenne entre la Form I et la Form V, elle donne le meilleur d’elle-même en Form VI. « J’étais bien consciente de l’importance de l’éducation et en même temps, les matières pour lesquelles j’avais opté, surtout la chimie, me plaisaient beaucoup ». S’ils sont nombreux les collégiens à estimer que ce sont surtout les leçons particulières qui les aident, Terinna Vincent, qui n’en a pris que deux en HSC, considère que c’est surtout le collège qui l’a aidée dans sa réussite.
Actuellement en deuxième année de chimie à l’Université de Maurice, elle aimerait poursuivre ses études après son BSc, mais pas tout de suite. « Vu que j’ai bénéficié de cette bourse de l’État, après le BSc, je vais devoir travailler pour le gouvernement. Donc, je poursuivrai mes études plus tard ». Terinna Vincent souhaiterait se lancer dans le professorat après ses études. A-t-elle gardé le même principe de travail à l’université ? « Oui, j’essaie de garder la même ligne. Je n’ai échoué dans aucun module. Tout se passe bien ».
Son regard sur les jeunes ? « Je constate un grand manque de motivation chez les plus jeunes. Les gadgets technologiques les sollicitent beaucoup. Les substances illicites les influencent. Je vois aussi beaucoup de jeunes qui passent leur temps dans les rues. Je pense qu’il faut les encadrer socialement, qu’il y ait des formations pour ceux qui ne réussissent pas académiquement ».

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -