POST-BUDGET 2017/2018—MCB FOCUS: Le taux de croissance 2017 ramené de 3,9 % à 3,8 %

Le taux de croissance économique aux prix de base a été ramené de 3,9 % à 3,8 % pour 2017, annonce la 69e édition de MCB Focus, rendue publique, hier. Ce document, préparé par Gilbert Gnany, Chief Strategy Officer du groupe MCB, fait le point sur les enjeux économiques du pays dans le sillage de la présentation du budget 2017-2018, soulignant que les autorités ont un gros défi à relever : la concrétisation, de manière efficace, de la panoplie de mesures contenues dans le budget 2017-2018. Mais, soutient Gilbert Gnany, il faudrait un « extensive range of economic restructuring measures » pour aider le pays à améliorer de manière durable sa performance macroéconomique.
Tenant compte les développements encourageants au niveau de l’environnement économique global et les déséquilibres au plan local, MCB Focus estime que la croissance économique du pays sera relativement contenue cette année. Un taux de croissance de 3,8 % est anticipé au lieu de 3,9 % en raison, entre autres, du retard dans le déploiement de certains projets infrastructurels. Gilbert Gnany explique que les prévisions économiques tiennent compte du délai dans la mise à exécution des projets infrastructurels annoncés dans le budget 2017-2018, la mise en route de certains projets clés n’étant prévue que dans le courant du dernier trimestre 2017. Cependant, il observe une croissance notable des investissements publics en 2017 alors que du côté des investissements publics il relève un « resilient outcome ». Le Chief Strategy Officer du groupe MCB relève que le budget contient des mesures pour booster le secteur d’exportation mais que les conditions ne sont pas tout à fait encourageantes du côté de nos principaux partenaires commerciaux. De ce fait, la valeur nette des exportations de marchandises et services va continuer à « exert a drag on growth ». Il demande aux autorités de surveiller de près la tendance concernant les exportations du pays compte tenu de l’importance des exportations comme un élément clé à la réalisation d’une croissance économique élevée à l’avenir.
Selon les prévisions revues de MCB Focus, le taux d’inflation pour cette année s’élèverait à environ 2,8 % (1 % en 2016), le déficit de la balance commerciale atteindrait Rs 94,1 milliards contre Rs 81,6 milliards en 2016, le déficit des comptes courants de la balance des paiements passerait de 4,3 % à 5,8 % du Produit Intérieur Brut alors que la balance des paiements laisserait un excédent de Rs 28,7 milliards (contre Rs 26,2 milliards) en 2016 grâce à l’apport des aides étrangères dont celle de l’Inde. Quant au taux de chômage, il est estimé à 7,3 % en 2017 et pourrait connaître une légère amélioration l’année prochaine avec la mise en chantier des projets infrastructurels du secteur public.
Facteurs de baisse
Bien que prévoyant un taux de croissance plus important en 2018, Gilbert Gnany s’interroge sur les capacités de l’économie mauricienne. « Indeed, concerns prevail with respect to the country’s ability to exhibit due resilience to external shocks, capitalise on regional and international-growth enhancing opportunities, and boost its human and capital productivity levels on a sustainable basis », fait-il ressortir. Tenant compte de ces éléments, il prévient que les risques de baisse du taux de croissance anticipée pour l’année prochaine (4 %) sont réels, une progression plus lente de la mise en route des projets infrastructurels pouvant agir comme un frein. Tout retard dans la mise à exécution des projets aura une incidence sur le moral des entrepreneurs. De plus, il faudra veiller à l’évolution de la demande privée dans les marchés d’exportation. « The quality of the forecasted growth is open to appraisal to the extent that apprehensions exist in respect of the intrinsic ability of the country to generate and harness conditions that are robust and flexible enough to engender solid and wide-ranging employment creation avenues », souligne Gilbert Gnany.
Parlant du budget 2017-2018, MCB Focus indique qu’il y a tentatives de relever certains grands défis auxquels est confrontée l’économie mauricienne, plus précisément une croissance plus élevée, une augmentation des emplois, des investissements substantiels dans l’infrastructure, une consolidation des fondamentaux macroéconomiques, une amélioration du niveau de vie de la population. « Specifically, the Budget seeks to enhance the quality of the business environment, alongside earmarking dedicated initiatives meant to boost the productive activities and export performances of key economic sectors as well as assigning measures destined to shore up the value added of the domestic oriented industries and foster the development of emerging sectors », constate Gilbert Gnany.
Toutefois, poursuit le Chief Strategy Officer du groupe MCB, pour que les mesures budgétaires puissent rapporter des gains socio-économiques élevés dans le court terme et après, il y a trois gros facteurs à succès à considérer : a) il faut créer les conditions pour une exécution effective des mesures concernées, b) se protéger contre les possibles effets de distorsion que pourraient occasionner certaines mesures et c) pratiquer une gestion solide et crédible du budget et de la dette publique. Se référant au travail préparatif en vue de la mise en oeuvre des mesures budgétaires, Gilbert Gnany pense qu’il faut un d’abord peaufiner les mesures contemplées, surtout celles qui sont les plus complexes. Cette approche permettra aux autorités de prendre les bonnes décisions concernant le choix, la mise en route et l’alignement des mesures. Il appelle également à un « judicious and informed design and conceptualisation of the earmarked economic policies. » D’autre part, il est d’avis qu’il faut s’assurer que les institutions mises en place puissent fonctionner avec efficacité. Mention est faite, entre autres, de l’Economic Development Board, du National Economic and Social Council et de la Mauritius National Investment Authority.
Plan directeur
Gilbert Gnany estime qu’il y a nécessité de prendre des décisions bien réfléchies concernant le positionnement stratégique de certains secteurs de l’économie tel celui des services financiers. Ceci au vu de l’environnement compétitif dans lequel ce secteur opère, surtout des normes internationales à respecter et des négociations en cours avec l’Union européenne et l’OCDE.
Dans un autre ordre d’idées, Gilbert Gnany suggère l’élaboration d’un plan directeur portant sur la transformation économique du pays, un plan pragmatique et pratique qui servira de guide à une mise en oeuvre complète et opportune des décisions annoncées dans le budget. La conception d’un tel plan doit être accompagnée de mesures courageuses pour rehausser les capacités institutionnelles, la mobilisation des ressources, établir les projets prioritaires et l’utilisation des techniques innovatrices. Gilbert Gnany note aussi que le budget 2017-2018 met aussi l’accent sur des traitements différentiés pour ce qui est de la fiscalité. Tout en faisant remarquer que les changements annoncés pourraient avoir des retombées importantes en particulier au plan social, l’économiste de la MCB soutient qu’il faut essayer de préserver l’image de Maurice pratiquant un « low, simple and predictable fiscal system ». De plus, les amendements proposés ne doivent pas envoyer des signaux mitigés aux opérateurs économiques.
Par ailleurs, se penchant sur la question de la dette, Gilbert Gnany fait ressortir que pour que les annonces budgétaires atteignent leurs buts, il faudrait adopter un agenda de consolidation budgétaire crédible, robuste et transparent. Une réduction des « debt vulnerabilities » va aider le pays à avoir plus de flexibilité pour faire face aux chocs économiques et à créer une marge budgétaire adéquate pour financer les projets à forte croissance économique. « The fiscal and debt metrics prevailing at various levels require due attention in view of the still challenging economic context and the major infrastructure projects earmarked for realisation », indique Gilbert Gnany. Ce dernier demande au gouvernement de fixer des objectifs clairs et réalistes concernant la dette publique.
Le Chief Strategy Officer du groupe MCB est convaincu qu’en dehors des annonces budgétaires, l’adoption d’une panoplie de mesures de restructuration économique va grandement aider à rehausser la performance macroéconomique. « S’il apparaît que les mesures budgétaires pourraient se traduire par une amélioration graduelle de la croissance potentielle de l’économie mauricienne sur le long terme, des réformes structurelles plus ambitieuses dans divers domaines sont jugées nécessaires pour que le pays puisse réaliser une croissance de 5 % et favoriser la création d’emplois soutenus », ajoute-t-il.

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