Télétravail et rotation du personnel au menu
Chez Rogers et PwC, 75% du personnel en télétravail
Après bientôt huit semaines de confinement, Virus Sans Frontières oblige, l’économie amorce depuis ce matin une laborieuse reprise. L’équation de ce retour sur les lieux de travail s’annonce des plus inédites compte tenu des contraintes majeures de transport en commun et l’urgence du respect des mesures sanitaires pour repousser cette deuxième vague tant redoutée. Ainsi, pour éviter la cohue dans les transports, dans les bureaux et dans les rues, pouvant encourager la promiscuité, la majorité des entreprises de Port-Louis et d’Ébène ont préféré opter pour une reprise « progressive » ce vendredi et même dans les jours à venir. L’option de Work From Home est de mise et ce, jusqu’au moins la fin de ce mois.
C’est ce que nous ont fait comprendre certains HR managers. « En général, la reprise sera très Light ce vendredi. Une partie du staff est en poste, notamment pour se charger du marquage au sol. C’est plutôt à partir de lundi qu’une partie du personnel va retourner au bureau, mais là encore, ce ne sera qu’environ 25% », explique un responsable de ressources humaines d’une importante société.
Dans d’autres entreprises, non seulement le télétravail continuera d’être privilégié mais il fonctionnera de pair avec un système de Roster qui sera mis en place, afin que certains employés se rendent au bureau une semaine sur deux par exemple. Au sein du groupe Rogers, des protocoles ont été élaborés de manière à assurer la sécurité et la santé des employés, des clients et de tout autre visiteur sur le lieu de travail.
Ces protocoles ont trait, notamment au respect des mesures barrières, comme les mesures d’hygiène, de distanciation sociale ou le port obligatoire de masques, mais aussi à l’accès aux bureaux, à l’utilisation des espaces communs, etc. Ces protocoles de protection collective ont été mis en place afin de réduire les risques de contact ou d’exposition au virus, mais surtout d’évaluer les risques liés à l’environnement de travail. L’accent est mis sur un environnement sécurisé : marquages au sol, nettoyage et désinfection fréquents des bureaux. De plus, l’accès aux bureaux est contrôlé, grâce à un système de prise de température.
Dans le cadre de la reprise des activités à partir de ce vendredi, toutes les entreprises concernées ont dû se plier aux exigences du Work Access Permit digital.
Mais certains secteurs en particulier ont été plus gourmands en matière de WAP, de par la nature de leurs activités. Par exemple, le secteur logistique, qui est un service essentiel. Les autres secteurs d’activité privilégient le télétravail : « Nous privilégions le télétravail, quand la nature du poste le rend possible, d’autant plus que la présence physique doit désormais être organisée de manière à limiter le nombre de personnes dans les bureaux, afin de limiter les contacts. Dans cette optique nous avons mis en place un système de Roster qui nous permet d’assurer une permanence au bureau tandis que le reste des équipes sera en mode télétravail. Ainsi, dès lundi, les trois quarts de nos équipes fonctionneront en WFH », explique Manish Bundhun, Chief Human Resources Executive de Rogers. Il dit aussi compter sur la coopération des employés pour respecter les précautions définies dans les différents protocoles élaborés.
Chez ENL, Christelle d’Avrincourt, Group HR Operations Manager, explique : « Si la reprise n’est pas totale, il est primordial que les antennes essentielles au sein de chaque entreprise redémarrent leurs activités. Ainsi, au niveau d’ENL Property, sur les 11 salariés qui avaient déjà des Work Access Permits, 46 demandes supplémentaires seront effectuées. Cela concerne les pôles développement, Moka Smart City, le Land Management et l’équipe opérationnelle de Heritage Villas Valriche. Espral, qui n’en avait aucun, a pour sa part formulé une demande pour en obtenir 15. »
Plastinax Austral souhaite mobiliser tous ses salariés et a ainsi présenté une demande pour obtenir 103 Work Access Permits. Elle en avait déjà 34. Axess évalue toujours la situation à son niveau et ne sait pas si elle va soumettre de demandes supplémentaires pour les laissez-passer. JMD, SimplyFile, Grewals et Superdist tablent sur des demandes de Work Access Permits pour 10, 8, 59 et 13 employés respectivement. ENL Corporate Services souhaite, pour sa part, mobiliser toutes ses équipes et demandera 45 autorisations.
Le HR Officer, Aman Sookul, souligne: « Au niveau d’ENL Agri, nous avons déjà une centaine de permis. Cependant, cela n’est pas suffisant, surtout avec la coupe qui approche à grands pas. Nous avons déjà sollicité les autorités pour 150 Work Access Permits supplémentaires. Nous espérons que cette demande sera approuvée. Au cas contraire, la coupe de la canne de cette année risque de débuter avec du retard. »
Au siège de PwC à Moka, la direction explique avoir travaillé sur un guide pratique pour le déconfinement, tout en appliquant également les directives du réseau mondial de PwC. Certaines règles en interne ont été définies, dont un système de rotation de l’effectif. Des mesures ont été prises également pour limiter le nombre de personnes dans une salle de réunion au même moment, et aussi pour éviter le transport public au maximum.
Par ailleurs, outre les mesures sanitaires et de distanciation physique, cette firme comptable a également revu son plan de travail pour les prochains mois afin de mieux situer ses priorités. La firme a demandé des WAPs pour environ 20% de son effectif pour la reprise de ce vendredi. Et Anthony Leung Shing, le responsable de PwC à Maurice, souligne que « le télétravail restera de mise pendant encore un bon bout de temps. La santé et la sécurité de nos employés restent nos priorités. Nous gérons la situation en temps réel et toutes nos décisions sont prises afin de réduire le risque sanitaire pour nos employés, clients et collaborateurs. Nous travaillons de près avec nos clients sur une base individuelle pour répondre à leurs besoins. Pour le moment, beaucoup d’entre eux préfèrent que nous continuions à travailler à distance. »
C’est clair que le télétravail risque de devenir la nouvelle norme dans les prochains mois, du moins cette forme de travail fera désormais partie intégrante des habitudes des salariés. Le confinement l’a rendue extrêmement populaire et attrayante. « Nombre de patrons ont réalisé que ce système fonctionne très bien », confie un spécialiste des ressources humaines, « d’autant que ce système permettra d’éviter les embouteillages et diminuer la pollution sur les routes »…