Pourquoi NON à CT Power

Pour le Comité de Soutien à la grève de la faim de Jeff Lingaya,
composé de la Plateforme Citoyenne, Rezistans ek Alternativ, Centre for Alternative Research and Studies (CARES), des artistes et des citoyens engagés
               
D’abord, parce que nous les citoyens, vous et moi, allons payer l’électricité de plus en plus cher. Au profit d’une clique de roder bout, soutenue par des fonctionnaires indifférents et des politiciens arrogants.
De 2002 à 2011, le prix du charbon, du diesel et de l’huile lourde a été multiplié par 4, et cela représente 80% de la production de l’électricité. Le charbon est passé de Rs 1000 la tonne en 2002 à Rs 4,000 en 2011. Le prix des énergies fossiles, nous le savons tous, va malheureusement continuer à augmenter dans les prochaines années. Pour notre petit pays, tous les ans le coût d’importer de quoi produire l’électricité est en train de devenir de plus en plus difficile. Qui paye ? Le consommateur, vous et moi.
Ce matin, 28 janvier 2013, les journaux annoncent que le CEB est en train d’étudier une hausse prochaine des tarifs de 10 à 20%. Entre 2007 et 2010, nous avons déjà eu coup sur coup trois augmentations de tarifs du CEB : 10% en 2007, carrément 20% en 2008 et à nouveau 10% en 2010.
Investir dans les énergies fossiles est en train d’amener tous les Mauriciens à payer plus, et le pays à la ruine.
Pire, ce n’est pas le CEB qui produit la majorité de l’électricité. Ce sont des business privés. 60% de l’électricité que nous consommons proviennent des centrales des grandes compagnies sucrières. Ces business, officiellement désignés sous l’appellation Independent Power Producers (IPPs), ont recueilli en 2012 pas moins de Rs 5 milliards du CEB.C’est nous qui payons.
Mais ce que nous, en grande majorité, ne réalisons pas, c’est que contrairement à tout business normal, les centrales des compagnies sucrières n’assument pas du tout le prix quand leur matière première, le charbon, augmente. Quand le cours du charbon augmente, leur prix de vente à la CEB grimpe également. Qui c’est qui paye au final ? Les consommateurs, vous et moi. Par contre, quand ils engrangent leurs profits, c’est entièrement pour leurs poches. Et il y a une garantie de faire des profits car le CEB est tenu de leur acheter du courant en priorité, coûte que coûte. C’est-à-dire que le CEB souvent met sur pause ses propres centrales pour prendre la production des IPPs. Pire encore, contrairement à tout business normal, les centrales des compagnies sucrières assument très peu les conséquences quand elles tombent en panne et interrompent donc le service pour lequel elles sont payées. C’est tout simplement au CEB d’accroître aussitôt la production de ses centrales. Rares sont les fois où les centrales sucrières ont accepté de payer un dédommagement après une panne. Par contre, la CEB doit en permanence maintenir une capacité en veilleuse pour parer à toute panne des IPPs. En clair, les compagnies sucrières connaissent très peu de désagréments et encaissent par contre chaque mois un gros chèque. Ce chèque, c’est nous qui le payons. Sans oublier que ce système d’arrêter-accélérer les centrales du CEB est en train de les abîmer car elles sont conçues pour fonctionner en continu. Ce sont des centrales immensément coûteuses qui ont été financées par nous, encore une fois, les consommateurs. Bref, nous sommes dans un système où une petite clique s’enrichit allègrement à nos dépens grâce à la manne que représente la production de l’électricité.
Certains avancent que ce système fut nécessaire à une certaine époque pour pallier des difficultés éventuelles pour le CEB de répondre alors à la croissance du pays.
Mais c’était à une époque donnée. Une solution bancale ne peut devenir une solution permanente. Nous faire payer pour du charbon qui coûte une fortune à importer pour le pays tout entier, c’est de l’irresponsabilité.
Ce qui, par ailleurs, est totalement scandaleux, c’est que les contrats du CEB avec les IPPs sont tenus secrets ! Comme si nous, citoyens, nous ne sommes pas concernés alors que c’est notre argent qu’on prélève pour les payer. Officiellement, on ignore donc combien le CEB paie aux IPPs car le CEB refuse de dévoiler ce qu’il débourse. Or c’est bien l’argent du public dont il s’agit et la presse en novembre dernier a rapporté que les IPPs en 2011 ont obtenu Rs 5 milliards du CEB, donc de nous, les citoyens. Ce qui est officiel en tout cas, c’est que les IPPs contrôlent 60% de la production nationale d’électricité. Comment est-ce possible dans ces conditions que ces contrats soient gardés secrets ? Ils appartiennent au domaine public. Nous, les citoyens, les consommateurs, nous avons le droit de savoir pourquoi on prélève notre argent ! Les fonctionnaires et les décideurs politiques au CEB et au Ministère des Services Publics ont le devoir envers nous de rendre public ces contrats. Ils nous sont redevables. Nous les avons élus et nous payons leurs salaires. Nous avons le droit de savoir si une clique de fortunés, de politiciens et de fonctionnaires se serait arrangée pour faire que l’électricité qu’on produit pour les Mauriciens soit un jackpot pour eux et leurs familles.
On comprend ainsi pourquoi à sa prise du pouvoir en 2005, Navin Ramgoolam avait dénoncé avec violence les IPPs. Mais après ses coups de gueule, quelle est finalement la solution qu’on nous propose ? Au lieu de divulguer les contrats et mettre fin au dominer des IPP, le gouvernement a simplement eu la terrible idée de faire pareil : CT Power. Est-ce la solution ? Bann-la inn profite, nou’si nou bizin profite ? Mais ki sann-la nou la ? Kan eski se bann sitoyen, NOU TOU, ki pou profite ? Sa mem ki nou, bann sitoyen, pe dir ase fer profit lor nou ledo ! Il faut que l’Etat cesse de nourrir des cliques de dominère ek rodère bout.
Car il faut bien réaliser que CT Power va nous coûter sur les prochaines 15 années une somme astronomique ; il faudra fournir chaque jour 1,200 tonnes de charbon, 7 jours sur 7, 365 jours sur 365. Il ne faut pas s’arrêter uniquement au coût de la construction.
Si le prix de la tonne de charbon reste au cours actuel, soit Rs 4,000 la tonne, le charbon pour CT Power coûtera Rs 4.8 millions par jour. Soit Rs 1.75 milliards par année. Et sur 15 ans, Rs 26.3 milliards.
Or, le prix du charbon va augmenter. Vu qu’entre 2002 et 2011, il a été multiplié par 4, il est raisonnable de prévoir que sur les 15 ans à venir, le prix va doubler. La planète est en train d’épuiser ses ressources en énergies fossiles.
1,200 tonnes de charbon coûteront dans ce cas Rs 9.6 millions par jour. Soit Rs 3.5 milliards par année.
Sur 15 ans, cela représente Rs 52.5 milliards. Ce sont bien sûr les consommateurs qui paieront.
Nous pouvons en tous cas ajouter le coût de la construction. Le chiffre initial en 2006 pour la construction de CT Power était estimé à environ Rs 6 milliards. Il faut évidemment ajouter maintenant le taux d’inflation depuis. En prenant un taux d’inflation annuel de 5% de 2006 à 2012, le coût approximatif de construction arrive aujourd’hui à 8.4 milliards.
A cela, il faut ajouter le projet de construire pour CT Power une jetée en haute mer à Albion de même qu’un terminal de charbon. Estimation : Rs 800 millions. Nous obtenons ainsi les chiffres suivants :

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