PRÉVENTION: Tibaz, pour les jeunes et leur santé

Plus de barrières, plus de tabous. C’est en quelque sorte la devise de ce nouveau centre destiné aux jeunes, plus précisément à leur santé. Tibaz Espace Santé Jeunes, à Rose-Hill, ouvert officiellement depuis le 18 octobre, a pour mission d’apporter une oreille attentive aux jeunes, à leurs problèmes et leurs questions, et à s’assurer qu’une bonne information concernant la vie (sexuelle, affective, etc.) des jeunes leur soit diffusée. Trop de jeunes sont en effet victimes de fléaux sociaux (drogue, alcool, prostitution… la liste est longue !), et même si les chiffres officiels ne sont pas récents, ils n’en sont pas moins éloquents (voir encadré). Ce drame touchant de plus en plus la jeunesse mauricienne aurait de nombreuses causes, mais les ONG LEAD et PILS ont décidé de prendre les choses en main.
Ouvert de 9 h 30 à 17 h 30 tous les jours (sauf le dimanche), Tibaz propose l’accès à des ordinateurs à écran tactile, à des sites internet spécialisés, des projections de films dans la cabine appelée Baz Ti Fim, un espace de documentation (pamphlets, revues et livres) ou encore un espace de parole : Baz Ti Dialog. On y trouve des chaises, une table basse et des pamphlets. Une petite cabane, nous expliquent les officiers de prévention sur place, qui sert de lieu de confidence et d’écoute.
Dans la cabine Ti Dialog, la confidentialité s’impose. Cela consiste en fait en une pré-écoute d’une trentaine de minutes. « Nous ne sommes pas là pour conseiller ou pour donner des leçons, mais nous sommes là pour apporter une oreille attentive à certains sujets dont les jeunes évitent de parler à leurs parents, ou même à leurs amis, par timidité ou tout simplement à cause des tabous. » Cet espace confiné a toute son importance lorsque le jeune qui se sent en confiance n’hésite pas à se confier. Le but recherché par Tibaz est de véhiculer des messages de prévention sans jugement.
Le centre est ainsi muni d’une lunette d’alcoolémie qui montre les effets (ou les méfaits) de l’alcool sur la perception visuelle, et de figurines représentant les IST et MST. Également offerte, la possibilité de prendre connaissance – de visu – de certaines drogues (comprimés, herbes, cigarettes, alcool, …) ou des méthodes de contraception dans les vitrines qui sont prévues à cet effet. On peut également y découvrir du lubrifiant fruité (qui a aussi l’avantage d’empêcher certains risques, comme le préservatif qui se déchire, et donc d’éviter d’attraper des MST et IST).
Des jeux qui suscitent la curiosité comme la Séquence du préservatif, des démonstrations et des mises en situation avec, par exemple, la Boîte magique (outil qui permet l’exercice pratique de la pose du préservatif sans être gêné par le regard d’autrui), le testeur de fiabilité du préservatif, et le testeur de monoxyde de carbone sont aussi disponibles pour les visiteurs.
Toute cette panoplie d’outils pédagogiques contribuent à faire de Tibaz un lieu innovateur, avec des facilités comme l’accessibilité – Rose-Hill étant un lieu stratégique, selon Yavin Coopan – et les informations sur les questions liées à la sexualité, les drogues, entre autres. Le centre a même une page Facebook.
La nécessité de mettre à la disposition des jeunes un espace d’écoute et d’information, et créer un pont entre la société civile et les jeunes, est ce qui a motivé la conception de Tibaz Espace Santé Jeunes, nous indique Yavin Coopan, coordinateur du centre. Tibaz se veut en outre un espace convivial, attractif, ludique et interactif, un lieu d’accueil, d’écoute, d’information et d’orientation autour de la santé, qui s’adresse aux jeunes de 13 à 25 ans. Espace innovant et expérimental dans le contexte mauricien et régional, Tibaz est basé sur le Cybercrips en France, et ses animateurs mettent tout en oeuvre pour que les jeunes s’y sentent à l’aise.
Tibaz a reçu de nombreux jeunes depuis sa pré-ouverture, en août, avant la grande ouverture officielle qui s’est faite le jeudi 18 octobre. En revanche, ces jeunes ne viennent pas de manière régulière, selon le constat des officiers de prévention et du coordinateur du centre. Les quelques chiffres recueillis sur place indiquent que ce sont de loin les garçons qui osent davantage s’y aventurer. Sur un total de 150 visiteurs « enregistrés », seuls 25 d’entre eux étaient des filles.
Selon Christine Pallany, « les filles sont un peu plus timides et regardent d’un oeil distrait les démonstrations, et ça arrive même qu’elles baissent les yeux un peu, de manière timide et embarrassée ». « Mais déjà le fait qu’elles viennent est bon signe. On essaye de notre mieux de les mettre à l’aise en les interpellant sans les brusquer », ajoute-t-elle. Le but recherché étant de les intéresser à ce qui se dit et à les encourager à réfléchir sur certains sujets, comme leur vie affective ou sexuelle.
Les officiers sur place nous expliquent que ce sont surtout les étudiants des collèges avoisinants qui passent après les heures de classe, et qu’avec les examens qui sont en cours actuellement, ils se font un peu plus rares. Yavin Coopan indique également que depuis la pré-ouverture, les jeunes qui sont venus n’ont pas encore osé poser beaucoup de questions, et qu’ils étaient encore au stade de la découverte d’un concept nouveau.

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