PRÉVISIONS ET PROJECTIONS : Les 5 formules du FMI pour une croissance à 5 %

À quatre mois de la présentation du budget 2015 et en marge des consultations prébudgétaires engagées par le ministère des Finances, une dernière étude du Fonds monétaire international (FMI) dans le cadre de la série des Working Papers et intitulée « Mauritius : The Drivers of Growth – Can the Past be Extended ? » prescrit cinq formules pour atteindre une croissance annuelle de 5 %. Martin Petri, le chef de mission du FMI pour Maurice et Katsiaryna Svirydzenka soulignent avec force que « with policies capable of generating 5 percent growth, Mauritius could reach high income status in 2021, four years earlier than under the baseline ».
La principale difficulté dans la conjoncture réside dans la morosité avec des prévisions de croissance de seulement 3,25 % pour les prochaines années. Le FMI souligne l’incontournable restructuration des canards boiteux dans le secteur public avec accent sur l’électricité et l’eau en vue de créer l’espace fiscal nécessaire pour des dépenses plus efficientes.
Cette étude du FMI sur Maurice et les perspectives économiques, qui a été rendue publique hier à Washington, revient sur les principales lacunes et s’appesantit sur l’importance d’une accélération du programme de réforme économique, relégué au second plan par les tractations politiques. Elle fait état de cinq axes d’intervention en vue d’insuffler un nouvel élan à la croissance économique pour les années à venir. Des observateurs politiques et économiques, qui sont sceptiques quant à l’adoption à court terme de ces ingrédients de la recette du FMI, avancent que « la seule chance de voir une relance du programme de réforme sur le plan économique ne devra intervenir qu’après les prochaines élections législatives, qu’elles soient anticipées ou intervenant à la fin du présent mandat ».
L’analyse du tandem Petri/Svirydzenka, qui a bénéficié de la collaboration de l’ancien secrétaire financier Ali Mansoor, est catégorique : « Our baseline suggests future growth rates around 3 percent, but growth could reach 4-5 percent with strong pro-active policies including (i) improving investment and savings rates ; (ii) improving the efficiency of social spending and public enterprise reforms ; (iii) investment in education and education reforms ; (iv) labor market reforms ; and (v) further measures to reduce bottlenecks and increase productivity. »
Ce document, le Working Paper 134 pour 2014 du FMI, d’une quarantaine de pages, souligne comme un leitmotiv que « growth could approach 5 percent if the optimistic scenario materialises ». Le worst case scenario, adopté pour les besoins de cette étude, mise sur une croissance de 2 % annuellement avec Maurice n’intégrant le High income status qu’en 2036 au lieu de 2028 avec un « optimistic scenario ».
Toutefois, pour réaliser une croissance moyenne de 5 % par an, l’économie mauricienne devrait générer un Investment to GDP Ratio de 40 %, soit un taux nettement supérieur à la moyenne de 23 % de ces dernières années. L’étude du FMI ne tient pas en ligne de compte pour les prévisions pour cette année le fait que cet indicateur se rapproche dangereusement de la barre des 20 %. En combinaison avec ces efforts au niveau des investissements, Maurice devra adopter une politique d’ouverture pour accueillir quelque 12 000 travailleurs migrants chaque année.
Le FMI préconise deux formules pour donner un nouveau coup de pouce aux investissements. « Improving the investment rates would need to be accomplished through (i) acceleration in the implementation of current investment projects ; and (ii) further measures to encourage FDI and domestic savings », fait-il comprendre en faisant état des « design and implementation capacity constraints » handicapant la mise à exécution des projets d’investissements dans le secteur public.
Une autre proposition du FMI porte sur la réforme du marché du travail vu que « the labour market appears highly regulated and complex ». Les auteurs de cette étude regrettent le retour en arrière en 2010 avec l’abandon du National Pay Council institué en 2006 pour un retour aux tripartites. « A rigid system of determining pay increases and complex labor regulations tend to limit the ability of the economy to undergo structural changes by reducing the ability and incentives to create new jobs and explore new opportunities. The absence of collective bargaining at the firm level prevents firm-and sector-specific factors to be taken into account, for example relative productivity increases », s’insurge le FMI, préconisant une plus grande flexibilité et un accent sur une productivité accrue.
Passant en revue la performance du secteur public, le constat du FMI est sans appel et pousse pour un programme de réforme renforcé. « Public sector performance is emerging as a binding constraint on growth. Public utilities that provide critical services such as water and electricity need to become more efficient and have their infrastructure upgraded. For example, while all population has access to safe potable water, it is not unusual to have water rationing, especially during the dry season, both due to water losses as a result of leakage and to non-market tariff schedule. Public enterprises control significant parts of the Mauritian economy and do not always address market failures or operate according to market principles. Reforms in that sector could increase efficiency and create fiscal space for more productive spending », peut-on lire à la page 35 du rapport.
Dans le même souffle, le FMI propose une série de recommandations sur le plan de la fiscalité avec une réduction des facilités duty free accordées aux fonctionnaires et des changements sur le plan de l’imposition de la Taxe à la valeur ajoutée (TVA). « The tax system could be made greener through appropriate taxes on energy and congestion ; further broadening of the VAT ; reduction in tax exemptions for civil servants, and more reliance on real estate taxes », note le FMI.
La réforme de la sécurité sociale figure parmi les preoccupations majeures dans le Working paper intitulé « Mauritius : The Drivers of Growth – Can the Past be Extended ? » Le FMI réclame l’introduction du Means testing pour le versement des allocations sociales. « There is substantial scope to create fiscal space through social benefit reform, which is badly targeted at the moment, but consumes substantial fiscal resources. Means-testing of benefits and better targeting to the truly poor would allow higher expenditure allocations to human and physical capital », affirment Martin Petri et Katsiaryna Svirydzenka.
Toujours au chapitre des réformes, le FMI rappelle que « investment in education and education reform are needed to increase secondary and tertiary enrolment rates to address the shortage of skilled labour in the market ». Le rapport souligne que « 65 percent of heads of poor households and 60 percent of poor households’ members (aged 20 and over) haven’t passed the CPE, compared to the 39 and 34 percent of the national average ».
En conclusion, ce rapport du FMI en prélude à la présentation du budget 2015 maintient que « further improvements in business environment will be essential to attract FDI, generate domestic investment, and maintain and improve on Mauritius’ image as an open, stable, and
well-functioning place to do business ».

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