Prière pour 2013

L’année 2013 a commencé avec l’accord in extremis arrêté aux États-Unis entre le président Obama et les républicains sur le fameux mur budgétaire. Autrement, l’économie américaine serait entrée en récession, engendrant de graves conséquences pour l’économie mondiale. Peut-on s’attendre à un sursaut national chez nous ? La prière pour 2013 qui suit, s’est nourrie d’un échantillon de souhaits émanant d’acteurs de la vie publique mauricienne pour l’année qui commence.
Résoudre la crise du politique
A tout seigneur tout honneur, commençons par les politiques. Ces derniers, à quelques rares exceptions près, sont plus préoccupés par leurs propres agendas où trônent des intérêts personnels et partisans, qui prennent souvent des allures sectaires. Prions que les politiques, plus précisément les élus, prennent conscience qu’ils sont mandatés par les citoyens et que par conséquent, leur première allégeance doit être envers ces derniers. Que nos élus et aspirants élus soient donc moins suffisants, moins arrogants. Vivement que se développe, dans l’esprit de la démocratie participative, des rapports organiques entre les forces de la société civile et les partis politiques pour énoncer des initiatives, mesures et politiques touchant aux différents aspects de la vie publique. La politique traverse depuis quelques années une profonde crise de sens, de crédibilité et de légitimité. Si les alliances pour les échéances électorales à venir n’intègrent pas dans leurs programmes cette dimension fondamentale de la politique, cette crise va empirer. Elle ouvrira à terme la voie à toutes les dérives possibles d’une société de plus en plus fragile. Prions que la classe politique prenant pleinement conscience de la crise du politique, aide à sa résolution.
Une économie productive et un développement durable
La crise financière de septembre 2008 a montré les travers d’un modèle du capitalisme financier, soit une économie casino où la spéculation financière se nourrit de la cupidité. Au delà de cette crise, il y a la crise systémique avec ses volets alimentaire, énergétique et climatique. Il est beaucoup question de la nécessité de repenser le modèle de développement au niveau planétaire alors même que s’opère le basculement du monde avec le déplacement de son centre de gravité vers les géants de l’Asie. A Maurice, avons-nous tiré les leçons qui s’imposent pour repenser et réorienter notre stratégie de développement socio-économique ? Clairement non, sans diminuer en rien le projet MID tel qu’il est annoncé. Prions que nos entrepreneurs s’efforcent d’identifier – pour les privilégier – les activités productives, créatrices de richesses et d’emplois durables à forte valeur ajoutée – des activités qui contribuent à relever les défis importants du développement durable. Que l’idée phare de développement durable soit fully intégrée dans la vision stratégique des entreprises tant dans l’utilisation des technologies propres que dans le développement de nouvelles activités économiques vertes.
 Prions que le développement durable soit aussi compris par les chefs d’entreprises comme celui qui intègre le principe d’équité dans la rémunération tant des différents partenaires de l’entreprise, que des salariés. Le défi du développement socio-économique mauricien en 2013 consiste à assurer la croissance économique tout en jetant de manière ferme les bases d’un développement durable. Prions que les trop nombreux capitaines d’industrie qui, par confort paresseux ou suffisance, continuent à se voiler la face sur leurs profonds manquements dans la gestion de leurs entreprises, cessent de le faire.
Halte à la fragilisation
La bonne santé d’une société ne se réduit pas à sa performance économique. Il ne faut pas faire des problèmes sociaux un objet de débat politicien stérile. Le sens du devoir et de responsabilité nous interdit de nier certaines réalités criantes qui sont autant de dynamiques mortifères au sein de notre société. Depuis bientôt vingt ans, on évoque la fragilisation de la société mauricienne. De la corruption à la violence sous toutes ses formes, en passant par le trafic et la consommation de la drogue et autres comportements suicidaires inquiétants, notre société montre des signes de plus en plus pressants d’un profond malaise social. Force est de reconnaître que les différents gouvernements qui ont été aux commandes durant cette période n’ont pas réellement pu relever les graves défis sociétaux, et que les moyens que nous nous sommes donnés pour le faire n’ont pas été à la hauteur. Nous n’avons pas le droit de laisser pourrir la situation en jouant à l’autruche. Prions donc qu’en 2013 on arrive à réunir les conditions nécessaires pour qu’émergent de vraies forces au sein de la société pour résolument relever ces défis. Vivement que ceux qui sont à la tête de nos institutions oeuvrent concrètement pour empêcher une crise de crédibilité de ces institutions.
En finir avec la mentalité “roder bout”
A Maurice, une petite minorité de la société civile veut jouer pleinement son rôle en tant que citoyens engagés dans la construction d’une société démocratique, juste, solidaire et centrée autour des préoccupations des citoyens. Prions qu’en 2013 la mentalité de rod enn bout s’efface comme pratique devenue normale, et qu’au sein de la société civile, l’aveuglement partisan cède la place à un raisonnement juste. Prions pour qu’il y ait plus de solidarité envers les citoyens vulnérables et que la quête du bonheur ne se réduise pas à une course effrénée pour de l’argent et des gains matériels. Vivement qu’au sein de la société civile, la mission des ONG et des syndicats ne soit pas pervertie par un mélange d’ego et de démagogie, comme on l’a malheureusement vu dans certains cas en 2012.
La prière pour 2013 en est aussi une pour le 45e anniversaire de l’indépendance. La fierté que nous éprouvons pour ce qui a été accompli en 45 ans est légitime. Notre pays regorge d’atouts pour relever les défis économiques, environnementaux et sociétaux. Nous aurons en 2013 à nous mobiliser pour redoubler d’efforts pour construire l’avenir du pays. Prions enfin, pour la réussite de ce vaste et exaltant chantier !
Le 2 janvier 2013

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