Priscilla Bignoux, la battante du Sud

  • Elle fêtera ses 50 ans la veille du cinquantième anniversaire de l’indépendance de Maurice

Engagée dans le social dès son jeune âge, principalement dans la région Sud du pays, Priscilla Bignoux, 49 ans, suscite l’admiration de plus d’un. Membre active du MAM (Mouvement d’Aide à la Maternité), elle s’est aussi lancée dans la politique au niveau du village et occupe, d’ailleurs, le poste de président du conseil de village de Souillac depuis un an. À l’occasion des 50 ans de l’indépendance, un exemple de l’engagement en faveur de l’île Maurice profonde…

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Priscilla Bignoux, née à L’Espérance, est venue au monde à 23h le 11 mars 1968, à la veille de l’indépendance de Maurice. Ainsi, cette année, elle fête également ses 50 ans. « Si j’avais tardé à naître, rien qu’une he

ure, je serais venue au monde le jour de l’indépendance. Cette année est une année très spéciale pour moi », dit-elle avec une légitime fierté.
Priscilla ne manquera aucune occasion pour marquer cet événement qui sort de l’ordinaire. « J’aimerais bien marquer l’histoire. Toutefois, puisque nous serons en période de jeûne, nous organiserons une petite messe, en toute simplicité, pour mon anniversaire. Et le lendemain, je participerai à toutes les activités marquant les cinquante années d’indépendance de notre île. D’ailleurs, je suis invitée à participer à une activité organisée par le ministère de l’Égalité des Genres », fait-elle ressortir.
Originaire de Souillac, Priscilla se conjue au social dès son enfance. Elle a fréquenté l’école primaire RCA de la localité, puis le collège Swami Vivekananda State Secondary School, où elle a étudié jusqu’à la Form V. C’est à cette époque qu’elle développe un intérêt pour le social. « Mon père, Raymond L’Espérance, était travailleur social à Souillac. Ce qui explique mon intérêt pour cette pratique noble et bénévole. Du coup, après la Form V, j’ai décidé d’entamer des études en “Community Service” au Charles Telfair Institute, à Moka », indique-t-elle. « Quand une personne ou une famille est en difficulté, je me sens concernée et j’essaie d’apaiser leur souffrance. Même quand j’étais à l’école, j’apportais mon soutien et mon aide à tous ceux qui en avaient besoin. D’ailleurs, j’ai pratiqué le scoutisme. Je ne crois jamais aux problèmes mais plutôt dans les solutions. J’ai toujours un plan B au cas où un problème survient ».

Membre active de MAM

Entre 2000 et 2002, Priscilla est élue présidente du Groupement social de Souillac, une association œuvrant dans le social. Indira Seebun, alors ministre de la Femme, l’a approchée pour collaborer avec le ministère et ainsi venir en aide aux jeunes filles et femmes du Sud. Elle est alors introduite au Mouvement d’Aide à la Maternité (MAM). « C’était le grand amour avec MAM. J’ai rejoint l’association et, depuis, je suis responsable de la région Sud pour MAM. J’ai également travaillé en collaboration avec Global Fondation, ainsi que le Trust Fund for Vulnerable Groups en tant que “field officer” ».
Aujourd’hui, Priscilla compte plus de 25 ans dans le domaine du social. Connue pour son dévouement et sa sincérité, ellea été, à plusieurs reprises, approchée pour être candidate aux élections villageoises. Mais elle devait refuser. « À l’époque, je ne me sentais pas prête pour assumer de telles responsabilités. Lors des dernières élections, j’ai encore une fois reçu une proposition. Je me suis alors dit qu’avec toutes les facilités mises en place, notamment conseils et soutien, je pourrais essayer. Finalement, avec la bénédiction du Curé de la Paroisse de Souillac, Père Augustin, je me suis lancée dans cette nouvelle aventure ».
Elle rejoint alors le parti Papillon de Souillac et se fait élire sans difficulté. Depuis un an, Priscilla occupe le siège de présidente du village de Souillac. Son élection aux urnes villageoises lui a également valu le titre de présidente de l’Association des conseillères de la Savanne.
Qu’est-ce que cela fait d’être présidente du village ? « Quand une femme est à la présidence d’un conseil de village, son approche n’est pas la même que celle d’un homme. Elle apporte une autre touche à la gestion. Outre les problèmes d’infrastructures, j’accorde aussi beaucoup d’importance, ou plutôt une attention particulière au bien-être des femmes, des enfants et de la famille en général ».
Des défis, elle en relève au quotidien. « Ce n’est pas facile de présider un conseil de village. Il faut apprendre à travailler avec des différentes mentalités et répondre aux besoins des habitants. Heureusement que je peux compter sur le soutien de mon équipe. De plus, les habitants me connaissent très bien car je suis issue de ce même village. Donc, j’arrive facilement à mener à bon port mes missions ».

Trois prix à son nom

Son dévouement et ses sacrifices pour le social ont porté leurs fruits. Priscilla a été honorée de trois prix au cours des dernières années. « J’ai reçu un award de l’organisation Gender Links, grâce auquel je me suis rendue en Afrique du Sud pour participer à un concours sur la femme. Ensuite, le MAM m’a offert un award en guise de reconnaissance de mon travail. Et récemment, j’ai été honorée par la banque Barclays en tant que président du Groupement social de Souillac », souligne-t-elle.
Priscilla décrit son parcours comme riche et florissant en événements positifs. « Les expériences que j’ai vécues m’ont énormément aidée à grandir et à apprendre. Je remercie Dieu d’avoir fait de moi une femme solide sur qui une autre personne peut compter. Je considère que je ne suis pas riche financièrement, mais riche en expérience », ajoute-t-elle.
Son inspiration, elle la puise des femmes battantes qu’elle a connues, à savoir sa maman Gladyse, la présidente de la République Ameenah Gurib-Fakim, Mariam Gopaul, Monique Dinan (MAM) et Loga Virahsawmy (Gender Links). À l’âge de vingt ans, Priscilla a rencontré celui qui allait devenir son époux et le père de ses trois adorables enfants : Nathanaël (25 ans), Joël (23 ans) et Anne-Gaëlle (15 ans).
Comment jongle-t-elle entre ses responsabilités de mère de famille, de travailleuse sociale, et de présidente de village ? Priscilla précise que c’est tout simplement une affaire d’organisation. « Il faut bien planifier son temps et être constamment en communication. Je peux compter sur le soutien de ma famille car je leur parle de tout ce que je fais. Mes enfants ont grandi et sont indépendants. De plus, j’accorde la priorité là où il le faut ». Ainsi, cette mère de famille suscite non seulement l’admiration de ces enfants mais aussi de toutes les femmes de son village et toutes celles qui la côtoient.
Priscilla s’est aussi lancée dans une nouvelle aventure : la formation des femmes au foyer en vue de devenir des entrepreneuses. Elle dit souhaiter devenir elle-même entrepreneuse. « Maintenant que j’ai atteint mes cinquante ans, je me suis fixée pour objectif de devenir femme entrepreneure. Pour l’instant, je ne sais pas encore dans quel domaine. Parallèlement, je continuerai à servir les gens », affirme-t-elle.

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