Prisons : « Confiant que la nouvelle cuvée produira de meilleurs officiers ! », selon Vinod Appadoo (CP)

  • 156 nouvelles recrues, dont six femmes, ont rejoint les rangs des gardes-chiourmes de la prison de juin à maintenant
  • Formation résidentielle de 6 mois lancée et instiguée par le CP Appadoo : une première pour la prison !

Soixante-dix-sept nouvelles recrues, dont trois femmes, ont rejoint les rangs des gardes-chiourmes. Grande nouveauté : elles bénéficieront, avec les 76 autres qui ont été recrutés au début de juin dernier, de la toute première session de formation résidentielle lancée sous l’actuel commissaire des prisons, Vinod Appadoo.

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Profitant d’un exercice destiné à accueillir les nouvelles recrues, lundi 9 juillet, le commissaire des prisons (CP) Vinod Appadoo a souhaité, dans son message de bienvenue, « que cette nouvelle cuvée ne cède pas aux tentations, comme d’autres gardes-chiourmes, qui n’ont pas fait honneur à la profession…» Dans le même souffle, il a lancé : « Je suis confiant que cette actuelle cuvée sera meilleure que les précédentes. »
Saagar Gokool, Bilaal Edoo et Vasish Ramruccha font partie de la bande des 77 nouvelles recrues qui ont démarré leur formation lundi au sein de la Mauritius Prisons Services (MPS). La vingtaine toute fraîche, ces jeunes, malgré pour certains l’apparence un peu frêle ou chétive, ont des projets plein la tête ! Ainsi, Mohamad Bilaal Edoo ne le cache pas : « Touletan mo ti anvi travay dan prizon ! C’est une manière de contribuer à aider mon pays…» Sa mère, Saira, a la larme à l’œil de devoir se séparer de son benjamin pour les cinq prochains jours, la formation résidentielle oblige. « Me li pou lakaz samdi ! », trouve-t-elle la force de déclarer, davantage pour se donner courage personnellement, qu’autre chose.

Dans son allocution destinée à accueillir parents et recrues, tous réunis dans la grande salle de la Prisons Training School de Beau-Bassin, lundi matin, le CP Vinod Appadoo s’est attardé sur la séparation qui les attendait tous : « Je sais que ça va être un moment difficile. Mais n’ayez pas peur. Vos enfants ne seront pas seuls. Nous allons bien nous occuper d’eux ! » Et de mettre l’accent sur « la discipline, non seulement physique, mais morale et humaine. » L’ancien patron de l’ADSU fait une parenthèse sur « la commission d’enquête sur la drogue, devant laquelle 15 officiers ont comparu et certains ont été questionnés sur la présence de fortes sommes d’argent sur leurs comptes…» Aux nouvelles recrues, il lance alors : « Soyez forts ! Résistez aux tentations. Ne soyez pas comme ces gardes-chiourmes qui n’ont pas fait honneur à leur profession…»

Le CP Appadoo a, de fait, misé sur la jeunesse de ces recrues, puisqu’il a déclaré qu’il était « confiant que cette nouvelle cuvée, avec les 77 autres recrutés, il y a un mois, produira de meilleurs officiers…» L’anecdote de Mohamad Bilaal Edoo vaut le détour, puisque ce jeune habitant de Brisée-Verdière s’est marié la veille du début de sa formation. D’ailleurs, indique-t-il, en présence de Zainab, sa jeune épouse, « linn dir moi aller, kumans to travay… C’est quelque chose à laquelle je me suis préparé, psychologiquement, depuis un bon bout de temps. Servir mon pays via la prison a été un projet que je caresse depuis longtemps…» Un rêve qui devient en partie réalité pour Saagar Gokool, également. Car ce jeune de 22 ans, originaire de Providence, souhaitait plus que tout autre chose de « rejoindre la SMF. ». À défaut d’avoir pu accéder à ces rangs, pour, par la suite, « devenir policier », S. Gokool pose ses bagages à Beau-Bassin. Hemawtee, sa frêle maman qui l’a accompagnée, est toute déchirée à l’idée de se séparer de son fils chéri, mais en mère courage qui se respecte, elle raisonne et lui donne courage : « Zour pass vite ! Ek sirtout, mo kontan linn gayn ene travay…» Saira Edoo et Hemawtee Gokool n’en finissent pas de prodiguer leurs conseils à leurs fils : « Je lui ai dit d’être très respectueux envers ceux avec qui il va partager son quotidien… Qu’il se concentre sur ses nouvelles responsabilités, qu’il s’acquitte des tâches qui lui seront confiées. Et en même temps, qu’il ne se délaisse pas. Il faut que tu manges, que tu dormes aux heures indiquées. »

Contrairement à ces deux recrues, Vassish Ramruccha est lui venu accompagné de ses grands-parents. Nandeswar Debeedoal et son épouse, Dularee, grand-père et grand-mère de cet habitant de Laventure, sont très émus quand vient l’heure de se dire « au revoir ». « Nous sommes fiers de lui ! », finira par balbutier Dularee Debedooal, surmontant sa tristesse. De fait, Vassish Ramruccha, pour sa part, est très emballé à l’idée de démarrer sa formation : « J’ai toujours été très sportif et la formation qui m’attend va beaucoup m’aider en ce sens…» Saagar Gokool a également beaucoup d’attentes s’agissant de sa formation : « Ce sont des amis du quartier qui m’en ont parlé », confie-t-il. Et de poursuivre : « On joue au foot ensemble, et ces deux amis qui ont pris de l’emploi comme gardes-chiourmes il y a maintenant cinq ans, me disent beaucoup de bien de la formation qui prépare les jeunes officiers de la prison. Cela m’a beaucoup intéressé…»
Pour les six prochains mois, donc, ces 156 jeunes seront soumis à un entraînement intensif, sous la férule des adjoints du CP Appadoo. Les week-ends, ils rentreront dans leurs foyers, auprès des leurs. Au bout de cette formation, une “passing out parade” les attend, qui sera la consécration de leurs efforts, et marquera leurs débuts en uniforme dans nos prisons…

Formation résidentielle : une première !
C’est non sans une certaine fierté que Vinod Appadoo a annoncé la mise en place d’une toute nouvelle formation résidentielle destinée aux nouvelles recrues des services de la prison ! De fait, certains locaux de l’actuelle Training School ont été convertis pour accueillir dortoirs, salle de conférences, gymnase et autres commodités destinées aux nouvelles recrues. L’ancien patron de l’ADSU a, au moment du dévoilement de la plaque de commémoration, tenu à remercier « le commissaire de police, Mario Nobin, pour son aide, dans la concrétisation de ce projet. » Évoquant cette formation résidentielle, V. Appadoo a indiqué que « cela encouragera, entre autres, les nouvelles recrues à développer davantage de discipline et de “committment”. » Il a cité l’exemple de « jeunes qui s’engagent dans une formation qui, l’après-midi après les classes, se relâchent, prennent une bière ou font la fête… Puis, le lendemain matin, lekor pa pran. Et ils ne viennent pas suivre les cours. Là, pas de risque de ce genre de comportement : personne ne sort, avant cinq jours de formation ! » Dans la foulée, Vinod Appadoo a réitéré son appel aux jeunes recrues pour qu’ils « ne se laissent pas piéger par les trafiquants de drogue qui ont des millions…»

Autosuffisance et “cut costs”
« Je ne serais pas là pour encore trop longtemps », a lancé le CP Appadoo, « mais du moins pour les deux prochaines années, j’occuperais encore le poste de CP de la prison. Et pendant que je suis là, j’ai plusieurs projets en chantier, dont celui de rendre la prison autosuffisante en matière d’alimentation. » Cela également, devait-il souligner, « dans le but de “cut costs” ».

Séparation des détenus

A une question des médias, le CP Appadoo devait expliquer que « la séparation des détenus et leur regroupement, selon leurs délits, entre autres, fait partie d’une stratégie. Par exemple, les “first time offenders” ne sont pas détenus dans les mêmes lieux que les “convicts” pour leur éviter le frottement avec des personnes ayant commis des délits graves… C’est fait dans un souci de les protéger. » Dans le même souffle, il a indiqué que « les détenus étrangers sont tous séparés des détenus mauriciens. Ils se trouvent à Melrose, pour ceux qui ont été condamnés, et au “Remand” de Beau-Bassin, pour ceux qui attendent leurs procès…» Quant aux trafiquants, « ils sont tous ensemble. », a-t-il ajouté.

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