PRISONS : Deux nouveaux officiers formés au Zimbabwe

Ils sont désormais six officiers de nos prisons à avoir bénéficié d’une formation en peacekeeping. Parrainée par la SADC et les Nations Unies, cette formation est dispensée à Harare, au Zimbabwe, chaque année. Elle permet aux officiers des institutions pénitentiaires des pays membres de la SADC d’avoir « une meilleure idée de comment se passent les choses sur le continent, surtout en termes de risques que tout un chacun encourt, et comment agir/réagir dans des circonstances difficiles », indiquent l’ASP Mirella Latchman et l’officier Yugesh Bundhoo, les deux derniers à avoir bénéficié de cette formation spécifique.
Du 23 septembre au 4 octobre dernier,’ASP Mirella Latchman et le jeune officier Yugesh Bundhoo ont suivi la formation intensive et poussée au SADC Regional Peacekeeping Training Centre de Harare, au Zimbabwe. La cuvée 2013 des officiers des institutions pénitentiaires des pays membres de la SADC qui bénéficient de cette formation comprenait 23 officiers provenant de 11 pays, outre Maurice : le Botswana, le Congo, le Lesotho, le Malawi, le Mozambique, la Namibie, l’Angola, le Swaziland, la Zambie et le Zimbabwe.
Mirella Latchman compte 32 ans au service des prisons à Maurice. Actuellement Assistant Superintendant of Prisons (ASP) affectée à la prison des femmes de Beau-Bassin, elle a également longuement travaillé au Rehabilitation Youth Centre (RYC). L’officier Yugesh Bundhoo figure parmi les jeunes recrues de ces dernières années et a démarré sa carrière au sein de la prison de Beau-Bassin il y a un peu plus de deux ans. Ils bénéficiaient pour la première fois d’une formation à l’étranger.
Les deux officiers soutiennent que « nous avons appris énormément de nouvelles choses durant ces deux semaines passées à Harare ». À l’unanimité, l’exercice de prise d’otage dans les conditions du réel a été « le point culminant de la formation. C’est là qu’on a vraiment été mis à l’épreuve ! »
En effet, outre des modules théoriques axés, entre autres, sur des thématiques comme Reform, restructuring and rebuilding of Corrections/Prisons ; Human Rights Approach ; Mentoring and Advising ; Protection of Civilians ; Security management ou Stress management, les deux officiers Mauriciens ont surtout été impressionnés, avec leurs camarades de classe quand, « sans que l’on nous ait prévenu ni rien, on a été entraîné dans un “mock hijacking” dans des conditions réelles ! » Mirella Latchman et Yugesh Bundhoo ne vont pas oublier de sitôt cette expérience : « Ce n’est pas du tout comme dans les films ! Là, on vit l’action et c’est bien plus bouleversant… » Malmenés, verbalement et physiquement, « comme si nous étions véritablement pris en otage par des rebelles, relatent-ils, nous avons été confrontés à une situation délicate. Il nous fallait puiser dans nos méninges et ce que l’on nous avait inculqué pour savoir comment réagir ; et surtout, avoir les bonnes réactions ! Pas céder à la panique ou dramatiser les choses pour les rendre plus compliquées. »
La formation en “peacekeeping” mettait, effectivement, beaucoup l’accent sur l’aspect psychologique et la maîtrise de soi. Les deux officiers mauriciens déclarent avoir « beaucoup découvert sur cet aspect. Comme comment approcher une personne quand on est étranger dans un pays ; il faut savoir gagner sa confiance et la valoriser afin d’établir un climat propice au dialogue et non pas braquer la personne contre soi. »
Pour l’ASP Latchman, « avec mes années passées au RYC et à la prison des femmes, ces situations et cette formation m’ont surtout appris à anticiper d’éventuelles crises ou circonstances où régnerait un certain chaos… J’ai découvert un autre aspect de mon métier, que je ne soupçonnais pratiquement pas. » L’ASP ajoute que « j’ai compris que la négociation, en temps de crise, dans certaines circonstances difficiles, est complexe. Qu’il faut savoir présenter ses arguments ; savoir parler, s’exprimer, mettre en confiance ceux se trouvant dans notre entourage lors de ces situations. »
Idem pour l’officier Yugesh Bundhoo : « Cette formation m’a totalement métamorphosé ! L’attitude que j’avais à l’égard de ma profession a conséquemment changé. » Il explique que le module “Personal Transformation”, entre autres, « m’a mis en face de moi-même. C’est une expérience très impressionnante… Vous apprenez à vous remettre en cause et vous questionner sur vos habitudes et vos attitudes. Ce que l’on ne fait pas nécessairement, sans un coaching spécifique… Là, on nous a appris à revoir certaines choses que l’on prend normalement pour acquises, mais qui peuvent être déterminantes dans notre métier. Cela dans le but principal de se comprendre, identifier ses forces et ses faiblesses et travailler, à partir de là, à s’améliorer. Et donc, optimiser son rendement dans son entourage immédiat. Que ce soit sur le plan professionnel ou personnel. Cela m’a beaucoup apporté, c’est certain ! »
Précisons que l’officier Bundhoo était « le plus jeune de cette promotion 2013… J’ai même été surnommé le “benjamin” de la classe ! Mais, plus sérieusement, étant un jeune officier et ayant pu avoir la chance d’avoir cette formation, dès maintenant, cela m’a beaucoup ouvert les yeux et les perspectives pour ma profession. Je suis infiniment reconnaissant envers le CP de nous avoir encouragés à suivre cette formation. »
Dans le même esprit, l’ASP Latchman explique qu’à son niveau, également, « cette formation m’a beaucoup aidée à prendre conscience de mes responsabilités et de ce que je peux mettre en oeuvre pour faire avancer les choses. » Tous deux souhaitent « mettre à contribution nos nouvelles connaissances acquises et le savoir que l’on nous a transmis afin d’en faire profiter nos collègues et notre métier. »

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