Privatisation de l’eau : Levée de boucliers des syndicats

  • La plateforme syndicale: “Le projet du gouvernement sera un fiasco”
  • Radhakrishna Sadien : « Ivan Collendavelloo induit la population en erreur »

« La privatisation de la Central Water Authority (CWA) n’a pas sa raison d’être. Les pays qui ont choisi cette voie ont été contraints de reprendre la gestion de leur distribution d’eau. » C’est ce dont a fait part la plateforme anti-privatisation lors d’une rencontre avec la presse vendredi matin à son siège, à Port-Louis.

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« La privatisation de l’eau a été un fiasco là où elle a eu lieu en Afrique ou en Europe », estime Radhakrishna Sadien, membre de la plate-forme. Il a cité le cas de l’Afrique du Sud, où le tarif de l’eau avait augmenté de 400% à la suite de la privatisation. Et de souligner qu’en France, le gouvernement a repris le contrôle de l’eau après sa privatisation. Selon lui, la privatisation de ce secteur entraînera plusieurs problèmes, dont la corruption, l’augmentation de prix et le travail précaire. « L’accès à l’eau est un droit humain et le gouvernement ne doit pas privatiser. » Radhakrishna Sadien craint que les familles pauvres bénéficiant d’une exemption du gouvernement soient contraintes de payer leur consommation d’eau.

Selon Radhakrishna Sadien, la population est « confuse » au sujet de la CWA. Pour lui, Ivan Collendavelloo, ministre de l’Énergie et des Utilités publiques, a « délibérément induit la population en erreur » lorsqu’il a parlé d’affermage. « Ce n’est pas l’affermage mais plutôt la privatisation. Il devra rendre des comptes à la population », a-t-il dit. Le syndicaliste est d’avis que la privatisation de l’eau n’offre « aucune garantie que la population sera alimentée en eau 24/7 ».

Quant à Ishwarduth Gunesh, président de la CWA Employees Union, il dira que l’eau est un droit fondamental. « Nous n’accepterons pas que quelqu’un soit propriétaire de la CWA. » Et de rappeler qu’en 2000, l’ex-Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, avait résilié un contrat entre la CWA et un partenaire stratégique. Cette résiliation avait coûté Rs 30 millions. Il a critiqué vivement Ivan Collendavelloo, qui « induit la population en erreur » et a estimé que ce dernier est « obsédé par ce projet de partenariat stratégique ». Il a déploré que l’image de la CWA soit « noircie pour que le plan du gouvernement se réalise ». Ishwarduth Gunesh a aussi souligné que la CWA, sans l’apport du secteur privé, « fait un surplus de Rs 200 millions ».

Abondant dans le même sens que Radhakrishna Sadien, il a déclaré qu’il « existe 252 cas à travers le monde où le gouvernement a repris la gestion de l’eau du privé ». Le secrétaire général de l’Association des Consommateurs de l’île Maurice (ACIM), Jayen Chellum, a également été critique contre le gouvernement. « Quelle est la raison pour laquelle le gouvernement met en œuvre les recommandations de la Banque mondiale pour privatiser l’eau ? » s’est-il demandé. Il a cité un rapport de la Harvard Business Review selon lequel la privatisation de l’eau n’est pas un succès dans plusieurs pays.

Pour contrer ce projet, la plate-forme a envoyé une pétition signée par les syndicalistes qui en font partie au Premier ministre, Pravind Jugnauth. « Nous demandons au Premier ministre d’intervenir rapidement sur ce sujet. Le problème est très grave. » La pétition a aussi été envoyée à tous les parlementaires. Par ailleurs, une manifestation sera organisée le 19 mai à Rose-Hill. Outre une campagne d’affichage à travers l’île, des tracts seront aussi distribués.

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