PRIVATISATION DU PORT : Cinq raisons pour la contrer

La campagne en vue de mettre un terme à toute tentative de privatisation dans le secteur portuaire a démarré mardi à l’occasion de la fête du Travail par un défilé de Port-Louis à Beau-Bassin. Dans les rangs syndicaux, l’on avance avec force cinq raisons afin que le gouvernement abandonne ce projet. Entre-temps, des actions sont à prévoir dans les semaines à venir afin que gouvernement et opposition prennent position sur ce dossier.
Avec la menace de privatisation, les travailleurs du port étaient attendus mardi comme l’un des plus gros contingents du rassemblement syndical du 1er-Mai. Et c’est dans une chaude ambiance, avec des T-Shirts frappés du message « Pa vann nou lepor », que les membres de la Port Louis Maritime Employees Association (PLMEA) ont convergé vers Beau-Bassin. Selon l’état-major du syndicat, de par leur présence massive au rassemblement, les travailleurs du port ont envoyé un signal fort à Navin Ramgoolam, à Xavier-Luc Duval et au tandem de l’opposition Bérenger/Jugnauth. « Pour la première fois depuis plusieurs années, les travailleurs du port ont pesé de tout leur poids avec une participation substantielle dans ce genre de rassemblement. Dans l’histoire de Maurice, la période Anquetil et la grande grève de 1971 sont des moments clés où les ouvriers du port et ceux de l’industrie sucrière ont toujours apporté leur soutien afin de redonner force à la lutte des travailleurs. Les premiers signes de cette reprise sont apparus mardi à Beau-Bassin », a soutenu Ashok Subron, négociateur de la PLMEA.
Les récentes consultations de l’état-major de la PLMEA, affiliée à la General Workers’ Federation, ont abouti à cinq principales raisons pour contrer la menace de privatisation dans le port.
D’abord, la PLMEA, le dernier né des syndicats, réaffirme que le port est un secteur stratégique qui ne peut être vendu à des « intérêts » privés locaux ou internationaux. Elle avance qu’une éventuelle privatisation remettra en question la souveraineté et l’indépendance de Maurice. Par ailleurs, compte tenu du fait que Maurice détient un seul et unique port, l’on ne peut se permettre de faire entrer le privé dans ce secteur de monopole, affirme-t-on.
« La privatisation de Mauritius Telecom a clairement démontré son effet néfaste. Elle ne bénéficiera pas au peuple mais sera plutôt une machine à sous pour les actionnaires multinationaux », a déclaré Ashok Subron. Et de poursuivre : « Les raisons avancées pour une privatisation ne tiennent pas la route. Les réelles raisons de la privatisation visent à satisfaire les vested interests du privé local et international qui tentent de mettre le grappin sur un secteur stratégique du pays. Le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et l’Union européenne agissent en tant que courtiers pour exercer une pression afin de satisfaire les intérêts des multinationales. »
La PLMEA avance aussi que la Mauritius Ports Authority (MPA) et la State Investment Corporation (SIC) ne sont que les gestionnaires de la Cargo Handling Corporation (CHC) et non les véritables propriétaires : « Les réels propriétaires sont les Mauriciens et les ouvriers du port, qui, pendant plus d’un siècle, géré ce secteur à la sueur de leur front. La raison que certains idéologues de la privatisation avancent, c’est le fait que la MPA ne peut être un régulateur, et de surcroît un actionnaire de la CHC. Si tel est le cas, la MPA n’a qu’à vendre ses actions à la SIC ou au NPF ou encore à une autre entité publique », soutient la PLMEA.
Le corps syndical estime que l’important dans la conjoncture est que l’État prenne des mesures pour réorganiser le port et donner plus de pouvoir aux travailleurs.

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