PRIX DU LIVRE INSULAIRE – AMARNATH HOSANY : Le pouvoir sur l’imaginaire de l’enfant

“Je veux écrire pour être du côté (…) des enfants.” (J.M.G Le Clezio, L’Inconnu sur la terre). Amarnath Hosany, lauréat du Prix du livre insulaire, Ouessant, 2015, catégorie jeunesse, lui dit sans détour : “Je veux écrire pour retrouver mon enfance heureuse… l’innocence est là…” Avec Le Facteur (illustré par Guillaume Clarisse, Bartholdi éditions dans la collection Contes en Fêtes, Amarnath, par la structure de son livre, son thème, affirme un “pouvoir” sur l’imaginaire des enfants. Son conte de Noël publié l’an dernier a paru comme un support intéressant séduisant le jury du Prix du livre insulaire 2015. “Nous avons reçu une nouvelle fois cette année, une grande variété de livres, allant de l’imagier sonore au roman pour adolescents, en passant par des albums très divers. Le choix, argumenté avec brio par les jeunes membres du jury, a été pratiquement unanime.”
Il s’est porté sur Le Facteur écrit par Amarnath Hosany… C’est une histoire humaine qui montre que la ségrégation existe encore, mais qu’il y a toujours de l’espoir. Une belle rencontre avec des personnages attachants. Nous vous invitions fortement à découvrir ce conte de Noël à l’ombre du flamboyant…
Créé en 1999, le Prix du livre insulaire est attribué chaque année au cours du Salon international du livre insulaire de l’Île d’Ouessant. Les lauréats sont choisis par trois jurys composés de personnalités du monde littéraire insulaire. Le Prix comprend plusieurs catégories de livres, dont “fiction”, “poésie”, “essai”, “jeunesse”, “sciences”, “beaux livres”. Cette année, le choix du jury s’est porté sur un petit livre d’un auteur mauricien (catégorie jeunesse). Un petit récit imaginaire qui relate la rencontre de Parsad, un facteur au seuil de la retraite avec une petite fille issue d’un milieu défavorisé Karo Sapins. L’enfant va lui demander d’envoyer une lettre au père Noël, mais comment faire pour ce vieil homme qui ne croit pas dans la magie de Noël. Dès l’incipit il y a une fusion entre la petite et le vieil homme. Le conteur fait état des problèmes sociaux qui assaillant son pays. Il y a une opposition entre la misère dans un squat et la beauté dans l’herbe, les arbres… Aussi l’allégorie est-elle d’abord destinée à souligner que l’enfance est victime de l’indifférence et que le personnage principal, comme le lecteur doit ouvrir son coeur et considérer les gens comme des compagnons de route. Toutefois, on ne peut pas dire que Amarnath adopte un ton moralisateur. L’auteur se contente de mettre en scène une cité, un système de valeurs sans expliciter une leçon de morale à la fin… Le pouvoir du vieil homme se résume à exaucer les voeux de la petite fille (demander des jouets au Père Noël). Il n’est pas surprenant que le style de ce conte pour enfants soit léger, direct comme notre auteur l’aime. Les mots apparaissent doucement pour décrire les flamboyants. La métaphore du flamboyant symbolisant le rouge associé à Noël n’est pas anodine. Noël dépose de quoi soulager sa misère. Au-delà de l’aspect purement narratif, cependant, Le Facteur est sous-tendu par le souci passionné qu’a le conteur de revivre le temps de l’innocence, le paradis vert : … “De l’autre côté de la colline avoisinante, une forêt familièrement appelée karo sapins recouvrait la route d’une ombre fraîche. Tous se demandaient comment ces sapins pouvaient pousser dans un endroit aussi chaud. Parsad profita de leur présence pour se protéger des rayons du soleil. Le doux parfum de la nature lui chatouillait les narines…”
La simplicité du récit, sa structure sans ramification, a rendu l’histoire intemporelle, mais bien ancrée dans la culture populaire. Amarnath Hosany exprime ses préoccupations sociales concernant tous ces enfants vivant dans le dénuement. Il a oeuvré d’une certaine manière pour l’éducation avec son conte à lire à haute voix pour les enfants qui ne sont pas en âge de lire… !

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