PRODUCTION D’ÉNERGIE ÉLECTRIQUE : Paul Bérenger trouve que le pays est “sur des charbons ardents”

Paul Bérenger trouve que, contrairement au sentiment que donne le ministre des Services publics, Ivan Collendavelloo, le rapport de la Banque mondiale sur l’électricité rendu public cette semaine vient établir qu’en la matière, le pays est “sur des charbons ardents”. Le leader de l’opposition, qui estime qu’un tel sujet ne saurait faire l’objet de politique partisane, se dit partant pour qu’il soit débattu dans le cadre d’un “standing Select Committee” de l’Assemblée nationale.
Paul Bérenger explique que, depuis les dernières baisses des prix des carburants à la pompe, les prix des produits pétroliers sur le marché mondial ont baissé par plus de 30%. Ce qui lui fait dire que les prix de l’essence et du diesel auraient dû, parallèlement, baissé par au moins Rs 15 localement.
Le leader de l’opposition trouve ainsi “provoquant” que le prix du diesel, lors du dernier exercice de révision, n’a été ramené à la baisse que par Rs 2.30, alors que celui de l’essence est demeuré à Rs 49.95. Il cite en exemple l’île de La Réunion où, depuis mardi, non seulement les prix des carburants ont baissé, mais aussi celui du gaz ménager. Il en est de même en Inde, toujours depuis le 1er septembre, explique Paul Bérenger.
Selon lui, c’est le mode de calcul mis en place au niveau du Petroleum Pricing mechanism (PPM) sous l’ancien gouvernement Ramgoolam qui rend difficile des baisses de prix des carburants sur le marché local. Un mode de calcul “conçu expressément” à cette fin, selon Paul Bérenger, et qu’il convient de modifier.
Au sujet du rapport de la BM sur l’électricité rendu public cette semaine, le chef de l’opposition estime que le pays est “sur des charbons ardents”.
Moteurs Pielstick :
“Mesure du désespoir”
Pour lui, en effet, en usant de diplomatie de langage, le rédacteur du rapport n’en a pas moins laissé comprendre que le pays est en situation d’urgence. Paul Bérenger donne quand même le bénéfice du doute à Ivan Collendavelloo, estimant que ce dernier s’est laissé “induire en erreur” par ses techniciens.
Il explique que l’évocation dans le rapport d’un capacity gap à combler d’ici à 2017 ne peut vouloir que préciser un déficit dans la capacité de production. Commentant d’abord la mesure de “savings on maintenance” proposée pour la période 2015-17, Paul Bérenger estime très réduite la marge de manoeuvre. Il rappelle à cet effet que Rashid Beebeejaun, prédécesseur du ministre de tutelle, a, pendant au moins cinq ans, soutenu que le nécessaire se faisait dans ce domaine.
Quant à la recommandation pour l’acquisition urgente des turbines d’une capacité globale de 60 MW pour la centrale de Saint-Louis en vue d’une mise en opération dans le meilleur délai, le leader de l’opposition rappelle non seulement l’affaire déjà en justice autour de ce projet, mais aussi l’éventualité toujours possible d’un recours à venir devant l’Independent Review Panel.
Paul Bérenger note que la BM recommande, toujours pour la station de Saint-Louis, le maintien en opération jusqu’à fin 2017 des vieux équipements Pielstick datant de 35 ans, qui devaient pourtant être mis hors service l’an prochain.
Il ne manque pas de souligner à ce propos, d’une part, les risques d’accidents qu’encourent les ouvriers du Central Electricity Board (CEB) concernés, de même que les risques environnementaux pour les résidents des alentours. Ce qui, pour le leader de l’opposition, ne peut être considéré que comme une “mesure du désespoir”.
Le chef de l’opposition note que le rapport concède que, même si ces quatre principales mesures sont appliquées, un capacity gap se maintiendra quand bien même jusqu’au courant du premier semestre 2018.
Par rapport aux recommandations pour la période 2018 à monter, Paul Bérenger souligne d’abord que la BM constate un “significant capacity gap” à combler en raison du fait qu’aucune alternative n’a été proposée jusqu’ici après l’abandon du projet CT Power. Si, pour lui, il fallait bien rejeter ce projet controversé, le leader du MMM rappelle avoir maintes fois suggéré le lancement en parallèle d’un nouvel appel d’offres international.
GNL : “La charrue
loin devant les boeufs”
Un appel d’offres ouvert, explique-t-il, à des propositions pour une gamme variée de technologies de production en vue de la génération de 50 MW ou 100 MW additionnels d’électricité et auquel CT Power aurait tout aussi pu concourir dans les règles du jeu. “Rien n’a été entrepris à cet effet sous Beebeejaun et rien non plus depuis neuf mois que le nouveau gouvernement est en place”, constate Paul Bérenger.
C’est ainsi que le rapport vient recommander pour 2018, et après l’acquisition rapide de deux turbines à gaz d’une capacité globale de 72 MW. Des équipements qui, dans un premier temps, fonctionneraient au light diesel oil, un combustible différent du kérosène et qui, selon le leader de l’opposition, est beaucoup plus coûteux que l’huile lourde.
Ces deux turbines, selon la recommandation du rapport, pourraient par la suite fonctionner à partir du gaz naturel liquéfié (GNL) quand ce produit sera disponible à Maurice. “N’est-ce pas là mettre la charrue loin devant les boeufs ?” se demande à cet effet Paul Bérenger.
Il rappelle avoir longtemps demandé une étude complète de faisabilité de l’utilisation du GNL, notamment pour la génération de l’énergie électrique à Maurice. Mais le leader de l’opposition ne manque pas à ce propos d’évoquer les éventuelles répercutions de l’utilisation à grande échelle du GNL sur les Independent Power Producers et, par extension, les travailleurs de l’industrie sucrière de même que les petits planteurs.
Paul Bérenger dit ne pas souhaiter faire de cette question des besoins nationaux en énergie électrique un sujet de politique partisane. Il laisse entendre qu’il abordera toute la question mardi à l’Assemblée nationale, lors des débats sur le Mauritius Renewable Energy Bill. Interrogé, le chef de l’opposition va même plus loin en se disant partant pour qu’un tel sujet fasse l’objet de discussions dans le cadre d’un “standing Select Committee” du Parlement comme, dit-il, le permettent les standing orders de l’Assemblée nationale.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -