Le professeur Bernard Lugan, historien français, spécialiste de l’Afrique: «L’Afrique a besoin d’une démocratie à l’africaine»

Vous vous présentez comme étant un africaniste. Que signifie ce terme?
— C’est quelqu’un qui s’intéresse non à l’Afrique, mais aux Afriques. Parce que l’Afrique n’existe pas. Quand vous parlez de l’Afrique du Sud et du Maroc, de Madagascar et du Ghana, ce sont des pays, des mondes totalement différents. Donc, l’africaniste est quelqu’un qui essaye d’avoir une vision globale, mais fondée sur une approche régionale. Le grand problème, surtout en France, c’est que les africanistes sont souvent des connaisseurs de petits territoires.
Comment êtes-vous devenu africaniste avec une vision globale?
— J’ai passé mon enfance en Afrique du Nord, plus précisément au Maroc. Ensuite, je suis allé en France où j’ai fait mes études. En 1971, je suis retourné en Afrique pour travailler dans la coopération.
Que certains ont qualifiée de forme moderne de la colonisation culturelle et économique…
— Oui et non. En tout cas, en 1971, quand je suis retourné en Afrique, c’était déjà fini. Je suis allé au Rwanda où j’ai passé onze ans.
Pourquoi le Rwanda?
— J’avais le choix entre le Tchad, le Centre Afrique et le Rwanda et j’ai choisi ce  dernier pays qui avait pour moi un côté magique. Quand je suis arrivé au Rwanda, j’ai découvert qu’il y avait énormément de choses à faire, notamment des recherches archéologiques. Ce qui m’a permis de préparer mes deux doctorats, le dernier sur le dualisme entre les Tutsis et le Hutus, les pasteurs et les agriculteurs: la problématique du génocide qui allait survenir quelques années plus tard. J’ai quitté le Rwanda en 1983 pour rentrer en France et enseigner à l’université de Lyon où j’ai commencé un autre cycle de travail sur l’Afrique australe, j’ai travaillé sur l’histoire militaire et j’ai beaucoup voyagé. Après, j’ai eu une grande phase ouest africaine et sahélienne et je suis allé vers l’Égypte et la Libye. Après 40 ans de carrière, j’ai développé une vision assez originale sur l’Afrique.
Votre vision est, sans aucun doute, originale puisque vous avez déclaré que “la colonisation n’était qu’une petite parenthèse dans l’histoire de l’Afrique.” Ce que les historiens africains trouvent plutôt fort comme jugement.
— Ils peuvent trouver ça fort et ça dépend de quels historiens vous parlez. Qu’est-ce qu’un historien sinon un homme de la longue durée, surtout quand il s’agit de l’Afrique. Je dis que la colonisation est un éclair dans l’histoire de l’Afrique puisque la période coloniale, par rapport à l’histoire de l’empire du Ghana, ne représente pas grand-chose.
Mais il y quand même une énorme différence entre l’historien global et les nombreux descendants de ceux qui ont subi la colonisation en Afrique!
— C’est, en fin de compte, la différence entre l’historien que je suis et le journaliste que vous êtes. Vous avez le réflexe immédiat et émotionnel du journaliste. Moi, je suis l’historien sans émotion.
Êtes-vous capable de comprendre l’émotion que suscite encore la colonisation?
— Oui, mais j’essaye de m’en dégager. Vous, vous pensez à la résurrection des âmes, moi je fais l’autopsie, ce n’est pas la même chose. C’est difficile mais j’essaye au maximum de répudier l’émotionnel. Je suis comme Beaumarchais, je ne blâme ni ne loue: je raconte. Et c’est déjà très difficile.
Quand vous déclarez que Nelson Mandela a tout raté et n’a rien fait, c’est de l’autopsie historique ou de la provocation tout court? En tout cas, je peux vous garantir que des millions d’être humains ne sont pas d’accord avec vous.
— Mais je suis capable de démontrer la vérité de cette déclaration. Nelson Mandela n’a jamais été au pouvoir. Il est une icône, un symbole, mais ce n’est pas un personnage historique au sens gouvernemental. Il arrive au pouvoir en 1994, mais il n’est pas seul parce qu’il y a De Klerk qui est encore là pour deux ans. Quand De Klerk se retire, Mandela laisse le pouvoir à M’Beki, ce qui fait que Mandela n’a jamais réellement dirigé l’Afrique du Sud. On ne peut pas juger du bilan de Mandela puisqu’il n’a jamais régné.
Votre interprétation historique se tient. Mais dire que Mandela n’a rien fait, tout de même! C’est quand même grâce à lui que l’Afrique du Sud a pu sortir, plutôt bien, de la période de l’apartheid! On ne peut pas dire qu’il n’a rien fait!
— Alors là, c’est une tout autre histoire. Mandela est une image, une icône, un saint laïc, tout ce que vous voulez. Mais je ne suis pas sur ce terrain-là. Moi, je suis sur le terrain du concret. Cependant, je reconnais que dire que Mandela n’a rien fait est peut-être un peu abrupt. Il n’a rien fait dans le domaine gouvernemental, mais il est évident qu’il a eu un rôle essentiel en Afrique du Sud. Il a donné une image rassurante à un processus qui risquait de devenir explosif. En donnant cette image, il a permis à toute une fraction de la population et de la classe politique blanche sud-africaine de jouer le jeu. S’il y avait eu quelqu’un de plus extrémiste et de plus dur que Mandela, la radicalisation politique aurait probablement dégénéré en guerre civile en Afrique du Sud.
Vous étiez en faveur de l’établissement d’un état afrikaner en Afrique du Sud?
— Je considère que la nouvelle Afrique du Sud résumée en un seul pays est un État artificiel et une erreur politique. Je ne dis pas qu’il fallait faire dix pays indépendants, mais je suis pour une approche fédéraliste à la place d’un État artificiel. L’Afrique du Sud est, au départ, une création coloniale anglaise. Les Anglais ont écrasé systématiquement tous les peuples qui s’opposaient à leur projet politique qui était de mettre sur pied une grande fédération d’Afrique australe allant jusqu’à la Zambie. Ils ont écrasé les Xhosa, puis les Zoulus et ensuite les Afrikaneers pour créer un État qui rassemble des peuples qui ont leur histoire, leur civilisation, leurs traditions. Le problème de l’Afrique du Sud d’aujourd’hui, et c’est la grande erreur post marxiste de l’ANC, c’est d’avoir une vision unitaire du pays  alors que tout est fédéral là-bas. Je suis convaincu que l’évolution ira vers le fédéralisme en Afrique du Sud. C’est dans ce sens que je suis pour un État afrikaner et un autre xhsoa, un troisième zoulou, etc, au sein d’une fédération sud africaine. Je crois qu’il n’y a pas de hiérarchie entre les peuples et je ne partage pas les convictions de Léon Blum qui disait qu’il était du devoir des races supérieures d’apporter la civilisation aux races inférieures.
Vous êtes de droite, me semble-t-il.
— Je suis de droite et même monarchiste, pour tout vous dire. Je préfère la définition du maréchal Lyatey qui a dit à Léon Blum qu’il avait tort, que les peuples des colonies n’étaient pas inférieurs aux autres, mais différents. Si on ne prend pas en compte cette notion, on aboutit à l’Afrique du Sud d’aujourd’hui où cohabite la grande nation zouloue, qui a un système de fonctionnement qui n’est pas celui de la grande nation xhosa, qui est loin d’être celui des afrikaners. On ne peut pas créer un pays avec ces éléments, mais des États dans lesquels chaque peuple pourra vivre selon ses traditions dans le cadre d’une fédération.
Comment voyez-vous l’avenir de l’Afrique du Sud?
— Je suis inquiet, tout en étant optimiste. Vous allez dire que je cultive la contradiction, je vous réponds que je fais comme le regretté Me Jacques Vergès qui fut un grand monsieur. La situation économique de l’Afrique du Sud est mauvaise parce qu’elle fait partie des pays africains qui n’ont pas atteint les objectifs du millénaire du développement fixés en 2000 pour diminuer la pauvreté de 50%. Le préalable était de 7% de croissance continue et l’Afrique du Sud se retrouve aujourd’hui dans les 5 derniers pays de la liste. Le taux de croissance de l’Afrique du Sud est en train de descendre, mais le pays n’est pas au bord de l’effondrement, loin de là. Toutes les données politiques sud-africaines sont fédérales. Tant qu’il y aura une approche ANC, avec une vision presque stalinienne du pays, on aura des problèmes. Je crois qu’il faut une évolution ethno régionale parce qu’on ne peut aller contre la nature et qu’il faut suivre les réalités géographiques, politiques et historiques locales, et ne pas appliquer un système européen, européanocentriste à l’Afrique du Sud. On ne peut pas imposer à l’Afrique des modèles nés dans le Quartier Latin ou ailleurs. Ça, c’est le pire colonialisme: celui de l’esprit, de la supériorité intellectuelle.
lVous êtes un critique de la colonisation?
— Je suis un farouche adversaire de la colonisation. Je pense que dans ce processus, le colonisateur perd sa substance et le colonisé devient acculturé. Mais attention, je critique la colonisation mais je ne le fais pas à la mode tiers- mondiste: je ne me sens pas coupable. Je suis dans la ligne des hommes de droite qui ont combattu Jules Ferry et sa vision universaliste et expansioniste qui pensait qu’il fallait coloniser pour civiliser. Comment des Français pourraient-ils aller coloniser les hindous et les Chinois dont les civilisations sont quadrimillénaires? C’est en cela que je condamne la colonisation.
l Que pensez-vous du concept politique français que l’on a appellé la France Afrique?
— C’est une réalité, certes, mais qui est souvent fantasmée. Je ne pense pas qu’elle ait véritablement existé en tant qu’institution. Des hommes avaient des réseaux, des hommes et des politiques en ont profité, mais je ne crois pas qu’il y ait eu un réseau organisé au niveau étatique.
l Et quand le gouvernement socialiste annonce qu’il coupera les liens du réseau France Afrique?
— Je dis que c’est une vaste rigolade. On coupe avec la France Afrique, on décide de ne plus intervenir et on fait une opération bilatérale au Mali! Attention, je ne suis pas en train de dire que la France n’aurait pas dû intervenir au Mali. Je dis simplement qu’il faut arrêter le double langage en politique entre les grands principes et les actions. D’une part, les Français vont lutter contre les islamistes au Mali et, de l’autre, ils vont aider les islamistes en Syrie!
l Certains affirment que vous présentez la colonisation comme un bienfait pour l’humanité.
— Ils ne m’ont pas bien lu ou alors, ils ont peut-être lu des travaux que j’ai faits aux tout débuts de ma carrière. Je ne critique pas la colonisation avec une approche culpabilisatrice. Je la critique en tant que définition intrinsèquement mauvaise. L’historien ne porte pas de jugement sur le passé, mais comme nous vivons dans l’émotionnel, la féminisation de la pensée.
l Vous êtes également antiféministe!
— Non. Je dis simplement que la féminisation de la pensée fait que l’on privilégie plus l’émotionnel que la raison. Surtout en France où nous prétendons parler au nom de la raison, alors que nous sommes en train de la perdre. Nous, historiens, ne sommes pas des êtres de pierre mais nous devons au maximum faire de la critique pour que notre substrat profond ne vienne pas altérer notre analyse. C’est pour cela que l’historien ne doit pas porter de jugements de valeur.
l Est-ce que l’Afrique aurait été mieux sans la colonisation?
— La question est hypothétique. On peut, toutefois, affirmer que la colonisation a cassé les grands empires africains qui étaient en train de se construire dans différentes parties du continent. Que seraient devenus ces grands empires sans la colonisation, avaient-ils un avenir étatique hégémonique? Je le crois. Auraient-ils dépassé le fait ethnique? En tout cas, si les Européens n’étaient pas venus, c’est la Chine qui aurait colonisé l’Afrique. Parce que quand les Portugais, les premiers colonisateurs, remontent le canal de Mozambique, cela ne fait que 30 ans que les Chinois n’y viennent plus faire relâche. La Chine avait des relations commerciales avec certains pays d’Afrique jusqu’en 1400, puis il s’est passé en Chine un événement politique qui a fait que les Chinois se sont repliés sur eux-mêmes, laissant la place aux Portugais.
l Quel est votre point de vue sur l’esclavage en Afrique? Est-ce également un éclair dans le déroulement de l’histoire?
— Pas du tout, parce que l’esclavage a duré beaucoup plus longtemps que la colonisation. La colonisation débute vers 1890 pour se terminer aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale, tandis que l’esclavage commence au début du 16e siècle pour se terminer dans la première partie du 19e siècle, avec son abolition. On est plus dans la longue durée historique. Il y a eu plusieurs esclavages, en commençant par une version interne à l’Afrique sur laquelle on n’a pas beaucoup de documents. Il y a eu ensuite deux traites: l’arabe qui commence au 8e siècle sur l’Afrique du Nord, et ensuite la traite européenne, celle qu’on appelle l’Atlantique, qui va commencer dès le début de la découverte portugaise de l’Afrique. C’est un phénomène de longue durée…
l Qu’il faut regretter?
— Posez la question à un moraliste. Le regret est un sentiment que l’historien ne connaît pas, il est là pour faire des constats. À ce niveau, je peux vous dire que les États-Unis ont construit la richesse de leur pays sur la traite, comme certains grands royaumes négriers africains, parce qu’une partie de l’Afrique a vendu l’autre aux occidentaux.
l Ça vous gêne, ça vous blesse qu’on dise que vous êtes un partisan de la colonisation?
— Ca ne me gêne pas, mais c’est faux. Et je n’aime pas les choses fausses. Si j’étais un affreux colonialiste, je n’aurais pas été engagé comme expert àl’ONU.
l Comment expliquez-vous cette réputation de colonialiste que l’on vous a faite?
— Tout simplement parce que soit les gens sont des idéologues, soit ils ne m’aiment pas, soit ils sont jaloux. Vous savez, je ne cherche pas à plaire et j’aime ces vers extraits de Cyrano de Bergerac qui parle “du fiel des envieux et de la bave des lâches.” S’ils ne sont pas contents, tant pis pour eux! En attendant, mes livres se vendent bien, ma revue sur internet marche du tonnerre de Dieu, je fais des conférences partout dans le monde et j’enseigne à l’école de guerre, entre autres.  J’ai eu un million de visites sur mon blog africaniste, l’année dernière. Je suis mal vu par une petite côterie du Quartier Latin, à Paris, qui est un monde révolu.
Vous avez dit mieux ou pire pour désigner vos critiques, en les qualifiant de “pédés”, de francs-maçons ou de syndicalistes de gauche…
— Je n’ai pas utilisé les mêmes termes. Dans un droit de réponse qui a été publié dans le quotidien Le Monde, j’ai dit  que je suis un homme seul, j’ai mes convictions, je n’ai aucun lobby pour me défendre, je ne suis ni franc-maçon, ni homosexuel, ni syndicaliste de gauche, etc.
Vous êtes un historien africaniste contesté, critiqué et heureux?
— Oui, parce que les vrais connaisseurs de l’Afrique et les Africains savent qui je suis et quel travail je fais. Je suis applaudi par les Africains quand je leur dis dans mes conférences: “Surtout, cessez d’être des nègres blancs, cessez de vous faire coloniser l’esprit par les idéologues, soyez vous-mêmes, ne croyez pas ce que l’on vous dit, prenez vos propres modèles de développement. Le capitalisme, le libéralisme, le marxisme sont des modes occidentales qui passent les unes après les autres. Trouvez en vous-mêmes les forces de votre renaissance.” J’ai toujours dit l’Afrique aux Africains, comme je dis chacun chez soi et on a les meilleures relations du monde.
Comment envisagez-vous l’avenir de l’Afrique?
— Je vous corrige: il faut dire des Afriques parce qu’il n’y en a pas une seule. C’est une question très difficile. Si les pays du G20 continuent à vouloir imposer une philosophie individualiste sur des sociétés qui sont communautaires, nous allons forcément aggraver la catastrophe. La démocratie à l’occidentale, celle du one man one vote, est profondément destructrice en Afrique. Parce que les pays d’Afrique ont de fortes structures communautaires qui font leur force. Dans ces pays, l’élection ne résulte pas d’un choix politique pour un parti, mais de l’appartenance ethnique, de la caste, de la religion. La démocratie africaine, c’est  l’ethno mathématique – formule qui m’a été beaucoup reproché. Dans la logique africaine, les minoritaires seront toujours battus par les majoritaires. Si nous  continuons à imposer le système fondé sur l’individu dans une société communautaire, nous allons à la catastrophe. La démocratie à l’occidentale est à l’origine du génocide du Rwanda. Là-bas, les Tutsis sont à 15% et dirigeaient le pays avant l’indépendance, et les Hutus étaient à 85%. Puis, les Belges et l’Église ont dit qu’il n’était pas moral que 15% de la population dominent les 85% restants. On a imposé le suffrage universel, les Hutus ont remporté les élections et les Tutsis se sont fait massacrer ou ont dû quitter le pays.
Donc, la démocratie n’est pas la solution politique pour l’Afrique?
— Pas la démocratie en tant que telle, mais en tant que plaquage de la démocratie occidentale. Une démocratie à l’africaine serait tout à fait valable.
Qu’est-ce qu’une démocratie à l’africaine: la situation au Zimbabwe?
— Non. Ce qui se passe au Zimbabwe est un truandage. La démocratie à l’africaine serait fondée sur les groupes ethniques. Comme en Éthiopie où le préambule à la Constitution dit “Nous les peuples et les nations d’Éthiopie”. En partant du réel ethnique, on recrée un pacte social. Non seulement la démocratie européenne ne colle pas, mais elle est en train de tuer l’Afrique.
Que pensez-vous de la présence de plus en plus marquée de la Chine sur le continent, que certains qualifient de nouvelle colonisation?
— L’historien de l’Afrique que je suis vous répond: c’est le retour à la longue durée. C’est la suite de ce qui s’était passé en 1350 avec le retour de la Chine en Afrique qu’elle avait abandonnée aux Portugais à l’époque.
Il y a 50 ans, l’économiste René Dumont écrivait que l’Afrique était mal partie. Vous partagez cette opinion?
— Il s’est trompé. L’Afrique est mal arrivée, mais elle n’était pas mal partie. À l’époque de René Dumont, c’était l’Asie qui était en perdition avec les guerres d’Indochine, d’Indonésie, de Corée, les guerres civiles chinoises. À l’époque, l’Afrique était un continent qui mangeait à sa faim, était exportateur. Le grand drame de l’Afrique a été la guerre froide, qui l’a empêchée d’être vraiment  indépendante jusqu’à la chute du Mur de Berlin. Jusque-là, 50% de l’Afrique étaient du côté des Américains et l’autre moitié de celui des Soviétiques. Les pays n’ont pas renoué avec leur histoire mais ont adopté celle des deux blocs et sont devenus leurs jouets. L’Afrique a vraiment commencé à devenir indépendante après la chute du Mur de Berlin. Il lui faudra encore 50 ans pour s’en remettre.
Que faut-il qu’elle fasse pour accélérer le processus?
— Qu’elle se débarrasse des élites formées en Occident pour les remplacer par des gens formés chez elle. Elle a besoin de Sankara, de Shaka Zulu, de vrais chefs africains, pas de commis du FMI et de la Banque mondiale.
Peut-on dire, pour terminer cette interview, que les nouveaux colonisateurs de l’Afrique sont le FMI et la Banque mondiale?
— La réponse est évidemment oui. Et cette colonisation est encore plus dure que la précédente parce qu’elle n’a même pas l’alibi moral. Elle a uniquement comme justificatif de se remplir les poches.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -