Propositions Pour Une Nouvelle Constitution … Pour Une Autre République

FIROZ GHANTY

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PRÉAMBULE

QU’EST-CE QU’UNE CONSTITUTION ?

C’est l’Ensemble des lois fondamentales consenties par un groupe d’individus formant un Peuple, installé le plus souvent sur un même territoire délimité par des frontières géographiques connues, partageant généralement des intérêts communs, une unité historique, linguistique, culturelle, économique qui établissent la forme d’un gouvernement, règlent les rapports entre gouvernants et gouvernés et déterminent l’organisation des pouvoirs publics. La Constitution a pour première obligation de représenter, d’inclure et de garantir la protection de tous et de chacun des citoyens en prenant en compte les particularismes, les diversités qui constituent la Nation qu’elle incarne, composant une communauté politique titulaire de la Souveraineté. La Constitution n’est jamais finale et définitive, elle est un organisme politique et juridique vivant appelé à se transformer, à s’adapter aux évolutions sociales. Au cours de l’Histoire elle doit parfois être remplacée par une Nouvelle Constitution, quand elle n’est plus réformable et qu’elle n’est plus en adéquation avec les mutations sociales. C’est la condition sine qua non pour que chaque citoyen puisse s’identifier et s’approprier la Constitution, faute de quoi elle entraîne des contradictions qui à terme se muent en antagonismes qui peuvent aboutir à l’effondrement de la Nation et à la mort d’un Peuple.

Après 50 ans d’Indépendance, l’actuelle Constitution ne répond plus aux besoins et aspirations de la Nation. Régulièrement des propositions sont formulées pour des amendements aux pouvoirs et prérogatives du président de la République, du Premier ministre, du Directeur des Poursuites publiques, pour une dose de proportionnelle aux législatives, pour une représentation plus significative des femmes, et depuis beaucoup plus longtemps pour l’élimination du Best Loser System. Ces propositions sont opportunistes, chaque parti voulant des modifications partielles pour satisfaire ses intérêts. Il est évident que tous se rendent compte que la Constitution est dépassée, qu’elle a besoin de s’adapter aux réalités des évolutions sociétales et d’intégrer les demandes pour plus de Liberté et de Démocratie par une participation active du Citoyen, du Peuple dans l’administration de ses Affaires et de son Destin dans le cadre de la Démocratie Parlementaire Bourgeoise et l’économie de marché dans lesquels le pays évolue. Le débat sur la Réforme électorale telle que proposée par le gouvernement est dérisoire face aux enjeux.

À propos du Best Loser System, que d’aucuns considèrent comme une atteinte aux Droits des Individus les qualifiant ethniquement en lieu et place de la Citoyenneté, la peur des minorités nationales de ne pas être représentées est légitime, même si de fait tous les partis dressent leurs listes de candidats sur la mathématique communale plutôt que sur la compétence. Ajoutons que de nombreux pays ont un système de quotas pour y remédier.

La parité homme/femme, comme demandée par beaucoup, semble a priori justifiée, mais elle soulève des questions. Cela ne veut-il pas dire que la Constitution et les lois n’ont pas su garantir l’égalité ? Et que les discriminations contre les femmes perdurent ? Elles sont majoritaires dans le pays; ne devraient-elles pas avoir une représentation équivalente ? Est-ce que les partis vont privilégier la compétence ou juste satisfaire l’obligation du quota féminin en choisissant des femmes parce qu’elles sont femmes ? N’est-il pas contradictoire de vouloir éliminer la représentation communale et parallèlement vouloir un quota pour les femmes ? Est-ce que les LGBT ne seraient pas, dès lors, en droit de demander leur quote-part de représentation ? Au final n’est-ce pas construire une République des quotas ingouvernable ?

Il faut absolument une répartition des responsabilités au Sommet de l’État, pas seulement entre le Président et le Premier Ministre. Le Parlement seul ne suffit plus, il doit s’inscrire dans un système bicaméral. Il faut transférer certains pouvoirs aux élus locaux, c’est-à-dire la délégation des pouvoirs administratifs. Il faut démultiplier les centres de décision vers les régions par l’acquisition de nouvelles compétences, la réduction des disparités entre les villes, villages et régions, l’élargissement du Champ des Libertés Démocratiques et du Droit de la Personne, comme il faut revoir le fonctionnement des institutions publiques pour éliminer les lourdeurs administratives pour plus d’efficacité et de mieux-être. Par-dessus tout, l’État a l’obligation de se réapproprier son Autorité, son Devoir, sa Responsabilité et ses Prérogatives abandonnés depuis des années aux intérêts privés, aux institutions internationales et aux pays étrangers, comme il doit reprendre le contrôle des secteurs vitaux, essentiels au bien-être commun.

C’est d’un Nouvel État, un État Fort, Régalien, dont nous avons besoin pour reconstruire le Pays et dessiner les contours du Progrès vers un Avenir Commun et Solidaire ! Cet État Fort doit entreprendre une Seconde Lutte d’Indépendance et de Décolonisation pour reconquérir non seulement nos Territoires abandonnés à l’Indépendance, l’Archipel des Chagos et Tromelin, à des pays étrangers, mais aussi reprendre possession des terres bradées et souvent offertes depuis, à des états étrangers. Dans cette perspective, il n’est plus possible de confier la protection et la défense de notre zone maritime exclusive à des états étrangers. Il faut une Marine Nationale, une Armée de l’Air pour prendre en main notre indépendance réelle et imposer la démilitarisation de l’océan Indien. Il faut aussi repenser le mode de production et l’utilisation des énergies renouvelables pour nous soustraire à la dépendance. Cela participe de l’intention et de la volonté avouée de Décolonisation totale et de Mauricianisation de la Constitution, établies sur l’Identité et la Culture Nationales pour faire face aux nouveaux défis et aux enjeux du monde actuel. Cet État Nouveau n’aura pas vocation à intégrer des préceptes imposés de l’extérieur, inopérants dans nos réalités sociales particulières. Ce modèle particulier, ce système politique doit se nourrir de notre Histoire et de notre Récit National. Dans le contexte géopolitique international actuel avec l’expansionnisme, ce nouvel impérialisme, de certains pays émergents, l’environnement économique hostile créé par le libéralisme économique consacrant le protectionnisme, avec la prise du pouvoir par des partis populistes, nationalistes, d’extrême droite et de l’extrémisme religieux sur tous les continents, il est urgent de nous recentrer sur nous pour nous prémunir contre eux et nous donner les moyens de notre indépendance politique et économique réelle et la capacité de nous défendre. Face au risque de perdre notre liberté et nos spécificités, nous nous devons d’opposer un changement de paradigme systémique. Avec cette Nouvelle Constitution, c’est ouvrir une nouvelle page de notre Histoire en jetant les bases pour un changement de rapports de production vers une société plus équitable. Les démocraties occidentales ont tenté d’imposer leur modèle partout dans le monde. Nous constatons l’échec de ce modèle. Plus elles ont avancé, plus elles ont institué des interdits et se sont sclérosées. La Défaite de la Pensée et la Démission des Intellectuels en sont les conséquences, elles démontrent les limites de la Démocratie Parlementaire Bourgeoise. C’est la fin d’un cycle.

À propos de la Décolonisation, il faut insister, ce gouvernement manipule l’opinion en ne remettant pas en cause la base militaire de Diego Garcia acceptant ainsi de facto l’excision et la colonisation de l’Archipel des Chagos. De plus, même sur avis favorable de la Cour internationale de La Haye, le Royaume-Uni ne restituera pas ce territoire et les États-Unis ne démantèleront pas la base de Diego Garcia. Il faudra encore des années de combat avant de retrouver notre pleine souveraineté, si jamais on la retrouvait.    

Ces Propositions sont de l’ordre des Grands Principes guidés par une Pensée Humaniste et Républicaine. Il serait fastidieux d’entrer dans les détails et les modalités techniques de l’application de chacun d’eux. Certains articles et des dispositions de l’actuelle Constitution sont maintenus parce qu’ils concernent les Droits inaliénables, ces propositions approfondissent le Champ des Libertés Démocratiques. Elles se cantonnent à la dimension politique de la Constitution, laissant de côté les articles concernant les rouages administratifs pour faciliter la compréhension. Il est évident que pour la mise en application de ces propositions, de nombreux lois et règlements en vigueur devront être amendés, abrogés ou abandonnés et qu’une série de lois nouvelles devra être adoptée.

À SUIVRE

Cascadelle,

15 octobre 2018

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