DANS CETTE QUÊTE DE STABILITÉ POLITIQUE: Ne confondons pas indécis, transfuge et “roder boutt”

Textes : Tous les articles de la présente agitation politique, ceux précédant ou suivant le mini-remaniement ministériel et la mise en place d’une nouvelle équipe.
Commentaire : Qui dit transfuge, dit changement de loyauté. Qui dit changement, se situe forcément par rapport à une certaine immuabilité. Peut-on être le transfuge d’une girouette ? 
En politique partisane, à qui accorder priorité entre le leader de parti, l’idéologie de ce dernier, une alliance ou mariage électoral, le leader de celui-ci, l’électorat qui désigne le député, en plébiscitant, sinon un programme gouvernemental, du moins le choix d’une équipe gouvernementale, dirigée par un futur Premier ministre ? 
On peut donner des réponses théoriques, idéologiques, à ces questions. Il y a aussi des certitudes pragmatiques et bien concrètes qui l’emportent incontestablement car nous sommes à Maurice et non pas dans La République de Platon. 
Nous avons affaire, à Maurice, à deux espèces de politiciens. Il y a ceux de vieille souche, ayant toujours milité à l’ombre d’un parti, d’un emblème, d’une couleur. Nous ne pouvons les imaginer autrement. Quand leur parti est au creux de la vague, ils font partie du dernier carré fidèle, jouent profil bas, en attendant le retour des beaux jours. Exemples à saluer : James Burty David, Marie France Roussety (pourtant mal récompensée), Radha Gungoosingh, Rohit Beedassy.
D’autres, sinon la majorité de nos politiciens, surgissent de nulle part, à la veille d’un Nomination Day. Ils sont inconnus pour la plupart. L’opinion publique s’en remet alors au leader de parti qui leur fait assez confiance, pour les inscrire sur une liste électorale, pour leur confier un ticket électoral pourtant précieux. Si la suite des événements prouve que l’on a affaire à un transfuge en puissance, doublé d’un roder boutt, l’opinion publique ne peut que s’en prendre à ce leader de parti, ayant, visiblement manqué de clairvoyance et de perspicacité. 
Après le leader de parti, il y a le mariage électoral, l’antichambre du Pouvoir politique et gouvernemental, auquel le leader de parti souscrit, de par sa seule autorité. 
Il y a bien, ici et là, un cinéma, voulant que la liste des candidats, le contrat de mariage, passent d’abord par le criblage d’un politburo, d’un comité central, d’une assemblée de délégués. Les réalisateurs de ce « film » sont les premiers à ne plus croire à leur mauvais cinéma. Aujourd’hui, à Maurice, rien n’échappe au contrôle totalitaire du leader du parti. C’est à prendre ou à laisser.
Le leader de parti peut toutefois changer de credo, en cours de parcours. Parfois même pour des raisons connues de lui seul, et encore. Ses députés sont-ils obligés, alors, de le suivre dans son abjuration.
Un député peut s’estimer écartelé entre son leader qui casse un mariage électoral et gouvernemental et les clauses de ce mariage (le programme gouvernemental). Il est rare que l’opinion publique exige la démission parlementaire des partenaires minoritaires au sein d’un mariage électoral et gouvernemental, sous prétexte que ce partenaire et ses colistiers n’auraient pas été élus sans l’apport électoral du partenaire majoritaire. L’opinion publique n’est pas une assoiffée d’élections législatives anticipées onéreuses, déstabilisatrices, nocives au développement économique.
On ne peut écarter tout à fait l’existence d’un député, dépendant du conjoint minoritaire d’un mariage électoral, regrettant d’être en porte à faux avec l’électorat qui l’a élu. L’opinion publique lui saura gré, de prendre ses distances avec son ancien parti, partenaire minoritaire, de siéger en tant qu’indépendant, d’adopter un profil bas, de témoigner de sa solidarité à l’alliance gouvernementale, qui permit son élection et de ne voter pour le gouvernement en place que lorsque son vote devient décisif. Le soupçon de roder boutt ne saurait alors l’effleurer. Cela ne saurait être le cas, s’il s’empresse d’accepter une quelconque carotte gouvernementale.
En matière de politique, il faut savoir ronger son frein et non pas l’os qu’on agite sous votre nez. 
Nous savons et depuis belle lurette qui, à Maurice, est capable de justifier, par lui-même, une prise de position politique et qui se gargarise de loyauté idéologique, pour faire oublier qu’il pourrait passer pour un roder boutt
En matière de transfuge, le temps est un précieuse éponge. Il peut seul permettre à l’opinion publique d’oublier qu’un possible transfuge est en train de changer de loyauté. Cela devient plus difficile, sinon impossible, quand on se rue sur un boutt à ronger. 
C’est l’opinion publique, sinon l’Histoire, qui, aujourd’hui, ou demain, décide finalement qui a été un vulgaire transfuge roder boutt et qui a été un député vraiment écartelé entre sa loyauté au leader de son parti et celle le liant à l’électorat, l’ayant plébiscité, au sein d’un mariage électoral élargi mais plutôt éphémère.
Comme nous sommes incapables de sonder les secrets de l’âme et de la conscience de qui que ce soit, contentons-nous de le renvoyer à sa conscience.
Finalement, étant donné que « l’instabilité politique est un très mauvais signe pour l’investissement » (Pierre Dinan, Le Défi, 8.8.11), les tractations du PM pour sortir de la crise et assurer, à la nation, stabilité politique et continuité, sont à saluer. Bien que pour cela le transfugisme ait été admis et toléré. Adieu, alors, loi anti-transfuges…

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