QUESTIONS À—KENNEDY ST PIERRE: « J’ai su choisir le bon chemin »

Il avait fait de l’obtention de la médaille d’or son objectif en abordant cette édition des Jeux du Commonwealth. Au bout du compte, Kennedy St Pierre a dû se contenter de la médaille d’argent à l’issue d’une finale indécise jusqu’au bout dans la catégorie -81 kg. Alors qu’il s’apprête à être accueilli en grande pompe à son retour à Maurice demain en fin d’après-midi, le boxeur nous a livré ses états d’âme. Il soutient qu’avec sa foi et le soutien de ses parents, il a su surmonter les obstacles qui l’ont mené sur le chemin de la gloire. Reste qu’à 20 ans, l’avenir lui appartient et que le plus beau est encore à venir.
Kennedy St Pierre, les avis divergent quant au verdict de cette finale. Estimez-vous avoir fait la différence ?
Personnellement, j’estime avoir gagné. L’or était entre mes mains. Je suis d’autant plus convaincu d’avoir fait la différence quand je prends en considération la réaction du public à l’annonce du verdict et à la sortie du ring. Tout ce public me soutenait et m’applaudissait. Cela faisait chaud au coeur et une telle réaction ne peut que vous motiver davantage et vous encourager à consentir à encore plus d’efforts.
La déception est-elle immense à l’annonce du verdict ?
Certes, je ressens encore un gros pincement au coeur. Je voulais tant cette médaille d’or, car c’était mon objectif en abordant cette compétition. Quand je considère avoir tout donné sur le ring, ce n’est pas évident d’accepter le verdict. Tout de même, je demeure fort dans la tête, conscient de mes possibilités et heureux d’avoir justifié les espoirs placés en moi.
Avez-vous revu le combat et qu’est-ce qui a manqué selon vous pour que les juges tranchent en votre faveur ?
Je n’ai pas encore revu le combat. Ce qui a peut-être manqué demeure les coups que j’ai expédiés et qui n’ont pas été pris en considération par les juges. J’ai également pris des coups, mais ils n’étaient pas nets. Je persiste également à croire que le clan du Néo-Zélandais a visionné et analysé mes précédents combats. Il savait que j’allais miser sur la puissance et c’est ainsi que mon adversaire s’est montré très mobile. Il m’était alors difficile de cadrer mes coups.
En revoyant votre parcours dans cette compétition, lequel des quatre combats reste gravé dans votre mémoire ?
La demi-finale face au Gallois Thorley demeure à mon avis le meilleur combat réalisé au cours de cette compétition. J’avais une telle envie de parvenir en finale que j’étais même quelque peu stressé en abordant ce combat. Puis, tout s’est enclenché très vite sur le ring, avec mon adversaire qui était compté en deux occasions dès le premier round. Je ne voulais surtout pas passer à côté de la qualification pour la finale et je ne comptais également pas revivre la déception de la dernière édition quand je m’étais incliné à une étape du podium.
Sur le podium, l’accolade de Philippe Hao Thyn Voon, président du Comité olympique mauricien, vous a sans doute fait très plaisir…
Cela m’a effectivement fait chaud au coeur, car Philippe Hao Thyn Voon m’a beaucoup soutenu au cours de ma carrière. Reste que ma première pensée en recevant cette médaille a été pour mon oncle Hermann. Je ne peux oublier tous mes entraîneurs, mes parents, mes amis de Tranquebar, le ministère de la Jeunesse et des Sports, le Trust Fund for Excellence in Sports, l’Association mauricienne de boxe, Investec et mes partenaires d’entraînement. Tous ont contribué d’une manière ou d’une autre à l’obtention de cette médaille.
Aujourd’hui, cette médaille vient-elle apporter un nouvel élan à votre carrière ?
Je suis désormais armé de plus de sérieux et de volonté. Il faudra dès maintenant préparer les objectifs de la saison prochaine que seront les championnats d’Afrique et les Jeux des îles. Par la suite, ce sera la qualification pour les Jeux Olympiques de Rio. Toutefois, afin d’être performant dans toutes ces compétitions, il me faudra davantage de camps d’entraînement et de stages à l’étranger. Avec l’apport de sparring-partners de très bon niveau, je ne pourrai que progresser. À mon avis, la tenue de camps d’entraînement est primordiale dans la progression d’un boxeur. Je suis ainsi revenu de mes stages à Cuba et à Sheffield avec encore plus de maturité et de confiance.
Lors de vos débuts voilà déjà onze ans, pensiez-vous atteindre un tel niveau ?
Au début je n’y pensais pas réellement. Pourtant, mon premier entraîneur, Gaëtan Runghien, y croyait. Il avait une telle foi en moi. Au fil des années, il a su faire grandir cette passion en moi. Puis, au niveau national, Judex Bazile et Richard Sunee ont su me convaincre que je possédais le potentiel voulu. Aujourd’hui, les résultats leur ont donné raison.
Vous êtes aujourd’hui adulé. Pourtant, tout n’a pas été rose pour vous…
Certes, mon existence n’a pas été toujours aisée. Il fallait être fort dans la tête afin de gérer la situation et de trouver des solutions. J’ai su choisir le bon chemin, grâce à ma foi en dieu et au soutien indéfectible de mes parents. Malgré les difficultés, ils ont toujours su me tendre la main et me guider.
Quel message voudriez-vous transmettre à la jeune génération de boxeurs ?
La boxe est une leçon de vie. Qu’importent les difficultés ou les rigueurs des séances d’entraînement, il faut s’avoir s’accrocher. Tout cet amour et cette passion démontrés ne peuvent qu’apporter des résultats positifs. Voyez-vous, l’obtention de cette médaille ne résulte pas des fruits du hasard. Il fallait que je me donne à fond aux séances d’entraînement et que je consente à beaucoup de sacrifices. À l’arrivée, ce podium vous rend encore plus fort et vous galvanise vers d’autres succès.

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