RAPPEL : Les leçons de 2013

2013 tire sa révérence. Difficile d’oublier certains faits qui ont marqué l’actualité. Comme la consécration des tireurs de kick-boxing. Une discipline à laquelle aurait voulu s’essayer l’ex-Attorney General lorsque sa voiture a été percutée par un autre automobiliste.
L’appât du gain facile est une discipline qui semble attirer un plus grand nombre de personnes et touche même les notables de notre société, qui ont malheureusement vu leurs rêves virer au cauchemar.
L’année écoulée a été pénible pour toute la nation mauricienne, avec deux événements tragiques : les inondations du 30 mars et l’accident de la route à Sorèze. L’actualité a aussi été marquée par certaines absurdités, notamment dans l’affaire MITD où ceux qui ont assumé leurs responsabilités se sont vus inquiéter par la justice.
Un grand nettoyage s’impose pour assainir notre société. Vivement 2014 ! Que nous souhaitons moins pire…
 
Pas d’encadrement pour les juvenile offenders
Le 12 décembre, une fillette de 10 ans est accusée de meurtre. La victime, un ami de son père âgé d’une cinquantaine d’années, l’aurait harcelée. Alors que la fillette se trouvait en détention, le bureau du Directeur des Poursuites Publiques (DPP) a choisi de ne pas aller de l’avant au sujet des charges provisoires, en vertu des lois et conventions sur les droits des mineurs.
Le manque d’encadrement envers les juvenile offenders ainsi que l’ignorance de la police au sujet des lois et conventions touchant les enfants ont montré l’urgence de la mise sur pied d’un protocole pour faire face à ce genre de cas. Ce qui interpelle également, c’est “l’indifférence” des parents de la fillette devant ses appels de détresse. Des programmes de formation à l’intention des parents s’avèrent nécessaires pour qu’ils offrent à leurs enfants un meilleur environnement, un encadrement serein. Les structures et les numéros de téléphone pour la protection des mineurs devraient également mieux circuler.
 
La belle leçon d’humilité de Madiba
Nelson Mandela s’en est allé à l’âge de 95 ans, le jeudi 5 décembre 2013. Emprisonné pendant plus de 25 ans à cause de ses convictions, il a finalement eu raison du régime de l’apartheid qui a régné sur son pays et l’a divisé et rongé pendant de longues années. Nelson Mandela a marqué l’histoire en offrant une belle leçon d’humilité au monde entier, accordant son pardon à ceux qui l’avaient emprisonné.
Premier Président noir de l’Afrique du Sud, le leader charismatique du Congrès National Africain a su préparer sa relève et ne pas se comporter comme ces dirigeants qui s’installent à la tête de leur pays pour y régner le plus longtemps possible. Mandela était aussi un fervent défenseur des plus vulnérables et aura toujours lutté pour l’unité.
 
Consensus sur la dépénalisation de certaines drogues
La dépénalisation du gandia n’a jamais autant été évoquée en 2013. La question a même fait l’objet d’un débat. Un consensus semble même avoir été trouvé pour que la loi soit révisée.
Les Nations Unies sont parmi les instances qui invitent à un changement de paradigme, là où la répression a échoué. Tout l’argent investi dans la lutte contre la toxicomanie à travers des programmes de prévention et de réhabilitation n’a pas enrayé le problème. Le nombre de simples consommateurs condamnés à la prison a fait grimper la population carcérale, entraînant des conséquences plus graves, comme la contamination au VIH/sida et à d’autres infections sexuellement transmissibles. Ce qui vient confirmer l’affirmation que la toxicomanie est un problème de santé publique et doit être traitée comme tel.
 
Quand Yatin Varma dérape
En mai, la voiture de l’Attorney General Yatin Varma est percutée par celle d’un jeune conducteur, Florent Jeannot. L’affaire prend une autre tournure quand Varma est accusé d’avoir battu le jeune homme. Le scandale éclate et devient plus grave avec les allégations selon lesquelles le camp Varma a voulu acheter le silence de la famille Jeannot. Conséquence : démission de Yatin Varma, de Maurice Allet et de Reza Issack. L’enquête se poursuit.
Cette affaire confirme qu’il ne fait pas bon toucher aux membres du parti au pouvoir. L’impunité semble acquise pour certains et les revers sont souvent difficiles. À suivre…
 
L’accident des trop
Le 3 mai 2013 a eu lieu l’accident qui aura marqué tous les esprits, avec une dizaine de morts. Ce matin-là, des hommes et des femmes se rendaient à Port-Louis dans un autobus de la CNT et certains ont trouvé la mort à Sorèze. Cet accident de la route a mis en lumière le nombre alarmant de bus ayant fait un accident, pris feu ou qui tombent en panne. Mais ce qui est plus grave, c’est que nous avons découvert que la CNT a acheté des prototypes d’autobus interdits de circulation dans le pays d’origine, l’Inde. Mais nul n’avait osé relever ce fait jusqu’à l’accident fatidique.
 
Le flash flood mortel
Le 30 mars 2013 : un samedi noir pour toute l’île Maurice. Onze personnes ont péri dans les inondations survenues à Port-Louis. La plupart des victimes sont restées coincées dans le passage souterrain menant au front de mer du Caudan. Les pluies ont provoqué des carambolages monstres sur l’autoroute. Autour de la capitale, de nombreux véhicules flottaient ou ont été emportés par les eaux. À Canal Dayot, Grande Rivière Nord-Ouest, plusieurs maisons ont été inondées. En l’espace de quelques heures, l’endroit s’est transformé en une zone sinistrée, avec des habitants perdant tous leurs effets personnels, alors que d’autres ont frôlé la mort. Maurice a payé ce jour-là le prix fort pour le développement sauvage et la mauvaise planification dans la construction des bâtiments, routes et drains d’évacuation, souvent mal ou pas entretenus.
Des systèmes de canalisation plus convenables devraient être construits et entretenus pour qu’en cas de grosses averses, l’eau puisse se diriger sans aucun obstacle vers la mer. Les Mauriciens devraient apprendre à ne pas jeter leurs ordures dans les caniveaux.
 
Construction controversée
Une parcelle de terre est offerte à l’activiste rouge Sooryadeo Sungkur. Alors que l’opinion publique crie au scandale, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, vole à son secours afin qu’il puisse aller de l’avant dans son projet de restaurant sur la plage publique de Trou aux Biches.
Le projet a vite fait de prendre des allures communales. Dans cette affaire, comme dans d’autres, si on est proche du pouvoir, on peut être assuré de bénéficier de certaines faveurs et d’avoir comme défenseur le locataire de l’hôtel du gouvernement. Ce que le Parti Travailliste appelle démocratisation de l’économie se résume à une braderie des terres de l’État au profit de petits copains proches du pouvoir.
 
Crimes à col blanc
Détournement de plus d’un milliard de roupies, une centaine d’arrestations, des sociétés écrans démasquées : c’est ce qui a été mis à jour à travers une enquête policière qui a débuté en mars 2013. Parmi les personnes arrêtées : des membres de la force policière et des personnalités proches de la politique, entre autres. Leur faute est d’avoir prêté foi à des agents de sociétés privées qui leur ont fait croire qu’ils pouvaient gonfler leurs capitaux rapidement en contribuant une somme minimale à travers le Ponzi Scheme. Une fraude massive a été découverte et plusieurs personnes sont toujours dans l’expectative de retrouver l’argent investi et amassé au prix de nombreux sacrifices.
Cette affaire a révélé le manque de contrôle sur la circulation de l’argent à Maurice et le peu de pouvoir dont dispose la Banque de Maurice pour traquer les protagonistes des crimes à col blanc. L’engouement pour les jeux de hasard et les paris pour les deux sports favoris des Mauriciens – le football et les courses hippiques – , le gain rapide d’argent et la corruption montrent que les inégalités de notre société et la politique de passe-droit incitent certaines personnes à avoir recours à toutes sortes de subterfuges afin de s’enrichir. Un bon coup de balai s’impose pour assainir une situation qui n’a que trop duré, d’autant que l’instance censée combattre la corruption semble get figir avant d’agir.
 
Le monde à l’envers dans l’affaire MITD
Pascale Bodet, psychologue, et Sudha Singh, enseignante, arrêtées par la police pour avoir dénoncé un cas allégué de pédophilie contre un moniteur d’éducation physique d’un centre de formation du Mauritius Institute of Training and Development (MITD). Elles ont été accusées de complot et usage de faux. C’est ce qui découle d’une affaire qui a soulevé plusieurs interrogations. Le moniteur en question a bénéficié du soutien du ministre de l’Éducation.
L’article 11 de la Child Protection Act stipule que lorsqu’une personne exerçant une profession médicale ou paramédicale suspecte qu’un enfant mineur, qui est entendu en consultation, est exposé à une quelconque forme d’abus, il est de son devoir d’en informer les autorités. Dans le cas présent, ce sont les dénonciateurs qui ont été inquiétés. La police a pris son temps pour interroger le présumé pédophile pour complot en vue de pervertir la justice. Cela a eu pour effet d’envoyer un mauvais signal aux personnes qui travaillent avec les enfants. Certains ont exprimé leur crainte de dénoncer tout cas d’abus sexuel lorsqu’ils en prennent connaissance.
 
Des avocats dans la tourmente
Rama Valayden, Ravi Rutnah, Roshi Bhadain, Rouben Mooroongapillay. Point commun : ils sont tous avocats. Ils ont eu des démêlés avec la justice en 2013 et se sont retrouvés dans le box des accusés sur la base de simples allégations faites à leur encontre par d’anciens clients. Ce qui n’a pas manqué de provoquer l’indignation de certains de leurs collègues du barreau.
Les hommes de loi sont censés être des personnes exemptes de tout soupçon. Les quatre avocats dont les noms sont mentionnés plus haut ont été interpellés et interrogés par la police pendant de longues heures, et libérés sous caution. Hormis Roshi Bhadain, les trois autres hommes de loi ont siégé dans l’affaire Michaela Harte. Ils estiment que la police a un compte à régler avec eux parce qu’ils l’ont accusée d’avoir mal mené son enquête dans ce cas de meurtre.
 
Les golden boys du kick-boxing
Ils ont fait honneur au pays en plaçant Maurice une nouvelle fois sur la carte mondiale du kick-boxing. La prestation des tireurs James Agathe et Fabrice Bauluck (médaillés d’or), Facson Perrine et Burtland Simisse (médaillés d’argent) et Boris Brissonnette (ce dernier n’est pas monté sur le podium) aux championnats du monde de cette discipline a réjoui tous les Mauriciens. Nos représentants ont fait preuve de courage et de détermination pour atteindre l’objectif qu’ils s’étaient fixé.
La moisson régulière de médailles des tireurs mauriciens dans des compétitions internationales démontre leur sérieux et celui de la Fédération mauricienne de Kick-boxing. Alors que d’autres fédérations sont minées par des querelles intestines, la bonne santé de la FMKB est un exemple à suivre.
La nouvelle carte d’identité de la discorde
La nouvelle carte d’identité biométrique, présentée comme révolutionnaire, moderne et très sécurisée, est disponible depuis octobre 2013 et sera en vigueur en septembre 2014. Outre les informations basiques comme le nom, le numéro d’identité, la date d’émission, le sexe, la date de naissance, entre autres, elle peut aussi contenir, sous formes numériques encryptées dans une puce électronique, les empreintes digitales du détenteur, son adresse résidentielle, sa photo et ses données de l’état civil. C’est une firme étrangère qui a eu le contrat pour l’émission des cartes suite à un accord, tenu secret, entre les gouvernements singapourien et mauricien.
Cette nouvelle carte a suscité beaucoup de controverses. Les opposants estiment que chaque citoyen sera surveillance car les données seront centralisées. Ils craignent qu’elles puissent être accessibles à n’importe qui par le piratage informatique. Malgré les assurances données, les opposants préconisent le go-slow. Des affaires ont été logées en cour pour contester l’introduction de cette nouvelle carte.

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