RAPPORT AU PMO: Agaléga, l’ICJM dénonce des pratiques abusives…

Dans un document intitulé « Special Report Agalega, The Green Jewel in the Maritime Republic of Mauritius – Standing by the People of Agalega », soumis hier au Premier ministre, l’Institut Cardinal Jean Margéot (ICJM) dresse un constat accablant de la gestion de l’île et formule aussi des propositions pour éliminer les manquements. Un des points saillants de ce rapport de 40 pages concerne le pillage des poissons par des compatriotes en service dans l’île et par des visiteurs réguliers ; ils sont qualifiés de « voracious & rapacious compatriots ». À souligner que ce rapport fait suite à une récente mission d’une délégation du diocèse de Port-Louis dans l’île.
Le Department Applied Pedagogy de l’ICJM, qui a préparé ce rapport, faisait partie de cette délégation diocésaine en mission du 27 novembre au 8 décembre à Agaléga. Ce document provoquera vraisemblablement des grincements de dents du côté de l’Outer Islands Development Corporation (OIDC) – organisme parapublic responsable de la gestion d’Agaléga). Les observations portent sur les aspects suivants : l’embarquement au Terminal Aurelie Perrine à Port-Louis ; le comportement de certains policiers à bord du Mauritius Pride ; le débarquement dans des conditions périlleuses à Port St-James à Agaléga et le non-respect des normes de sécurité ; le droit de naître sur la terre natale bafoué ; l’absence d’une politique pour le stockage d’eau et la gestion des eaux usées ; l’absence d’une politique alimentaire ; l’environnement / l’écologie ; l’éducation et la formation / petite entreprise ; la non-protection des monuments historiques ; le manque de loisirs / sports pour les jeunes ; le problème de communication entre l’île du nord et celle du Sud ; les contraintes de transport à l’intérieur des îles et le retour à Maurice.
Dans l’avant-propos de ce “Special Report Agalega”, les auteurs disent avoir noté un « changement significatif » et une amélioration dans les conditions de vie des habitants d’Agaléga et félicitent les autorités pour les efforts entrepris dans cette direction ces dernières années. Cependant, ils ajoutent qu’ils ne peuvent demeurer silencieux sur « certains signes alarmants qui devraient être ‘of major concern to the central government’ ». « As educators for social transformation, we make an appeal to policy makers and decision makers to address the different issues in Agalega with utmost and urgent consideration », écrit l’ICJM.
Le rapport dénonce avec force ce qu’on pourrait qualifier « d’appetit féroce » de certains compatriotes en service dans l’île – particulièrement ceux occupant des postes de responsabilité – et de certains visiteurs réguliers, pour les produits de la mer. Selon ce rapport, Agaléga offrirait « une image pitoyable » le jour du départ de ces personnes. « It is plundered by its voracious and rapacious visitors and all those who are leaving the island after their working contracts : fish, crustaceans, dry coconuts and other products are all embarked in large quantity. Upon leaving Agalega, Mauritius Pride is transformed into a Pirate Ship ». L’attitude de ces personnes causerait un tort immense et un préjudice certain à Agalega et à l’intégrité territoriale de la Maritime Republic of Mauritius. Une parenthèse ici pour signaler que le Père Jean-Maurice Labour (vicaire général et responsable du dossier Agaléga dans le Diocèse de Port-Louis) avait, au mois de mars dernier, dans une lettre ouverte au Prime Minister’s Office (responsable du dossier Outer Islands), et transmise au Mauricien, tiré la sonnette d’alarme sur cette pratique abusive. Le Père Labour avait parlé de « volume impressionnant de poissons pour le commerce individuel » arrivant d’Agaléga sans que leurs importateurs aient à débourser un sou pour le transport de leurs marchandises.
Selon ce rapport, certains membres de la force policière auraient une part de responsabilité dans ce business de poissons en provenance d’Agaléga et l’ICJM interpelle le Commissaire de police à ce sujet en lui demandant de mener une enquête : « There have been persistent ‘hear say’reports incriminating some members of the Police, SMF and Coast Guard who indulge in fish, crustaceans and tortoise business and even blackmailing the fishermen and families in Agalega. It is important and urgent that the Commissioner of Police looks into the matter and conducts an investigation. »
Le rapport comporte une autre remarque saillante toujours en relation avec la conduite des public officers et qui se rapporte cette fois à certains membres de la force policière en service à bord du Mauritius Pride. Leur comportement ne ferait pas honneur à l’uniforme : « The behaviour and attitudes of some members of the police are most disrespectful to the passengers and are a blot for the image of the police. Card playing, foul language and switching off of the common TV in the economy class so as not to disturb their card playing tournaments are some unruly features by our national police on board and which the passengers had to bear in silence on. »
Dans le volet de propositions, la délégation diocésaine suggère aux autorités d’exercer un contrôle sur la quantité de produits de la mer et aussi de cocos ramenés par les passagers au retour d’Agaléga. « The relevant Ministry in Mauritius must impose a limit to the number of fish, crustaceans and other products that can be embarked ». On relève aussi cette proposition pour un code de conduite à l’intention des membres de la police qui sont postés dans l’île : « The Commissioner of Police must establish, apply and reinforce a code of conduct for members of the police force who travel to Agalega and especially when they are posted there. »
La délégation diocésaine est d’avis que le gouvernement devrait intervenir et prendre des mesures correctives appropriées sur les dérives et autres manquements mis en lumière dans ce rapport, de manière à ce que les institutions de la République de Maurice fonctionnent dans le respect des droits humains et des valeurs. Des copies de ce rapport ont été également envoyées au leader de l’opposition, à l’OIDC, à l’Agalega Island Council et au diocèse de Port-Louis. Sans compter que des extraits du document sont disponibles sur le site de l’ICJM (www. icjm-mu. com).

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