LE RAPPORT CARCASSONNE: l’idée de nation

On aurait pu s’attendre à un rapport sinueux, aux termes abscons avec un fil d’Ariane tenu uniquement par des initiés, connaisseurs et experts en la matière. Au dessus des intérêts immédiats du citoyen lambda.
Or, le rapport, limpide et allant à l’essentiel, se lit très bien. Débats et discussions suscités se poseront et s’opposeront par conséquent, sur des enjeux et propositions clairement définis.
Citoyens ordinaires, loin des sphères politiques et décisionnelles, que pouvons-nous retenir ?
D’abord et avant tout, l’idée de Nation, idée socle, poutre maîtresse sur laquelle s’articulent toutes les propositions et évitent la dispersion. Il était nécessaire de le rappeler, comme par suite logique du Rapport de la Commission Justice et Vérité. Pour construire une Nation, il faut à la fois avoir le courage d’examiner le passé, l’assumer et vouloir le changement, celui de structures et de mentalités qui ont fait leur temps et blessent le présent.
J’en tire pour ma part l’ouverture réelle vers une véritable transformation de ghettos ethniques et sexistes en une nation plurielle d’hommes et de femmes de valeur grâce au scrutin proportionnel et l’obligation par les partis à faire figurer en position éligible 1) des personnes issues des diverses communautés présentes dans chaque circonscription, en fonction de l’importance effective de cette présence 2) des femmes « Il suffit alors, en effet, que la loi impose, par exemple, que les deux candidats apparaissant en tête de chaque liste soit obligatoirement de sexes différents. Pour les noms suivants, une présence minimale de chaque sexe peut être exigée »*, le Best Loser System devenant de fait caduc. Chaque électeur ne dispose que d’un seul bulletin et ne peut plus pratiquer de panachage. La préférence est pour une liste, une liste fermée et une seule. La visibilité et l’attraction des listes seront relatives à la place que chaque candidat occupe sur la liste, place qui est déterminée par les partis. Aux partis donc de s’organiser, de casser les lobbies traditionnels en termes d’ethnies, de castes, de genres ou de générations pour mieux répondre aux aspirations des électeurs, électrices et leur volonté de changement. La loyauté est assurée par la perte de l’appartenance à un groupe et un siège en non-inscrit pour ceux et celles tentés d’être des transfuges.
Le chemin est là, bien balisé. Sans doute à modifier dans ses allées secondaires. Suffira-t-il cependant pour changer les dynamiques sclérosantes qui ont pesé et pèsent sur notre système électoral ? Assurément non. Car les mentalités et attitudes par rapport au changement électoral demeurent tributaires d’intérêts hérités de longue date, entretenus pour semer la division. Les partis politiques devront de prime abord se reconvertir, adhérer vraiment à l’idée de Nation et nous, le petit peuple, devrons apprendre à être plus exigeants quant aux listes qui seraient susceptibles de capter notre envie de Nation. Mais ce serait déjà une belle avancée si les propositions étaient retenues.
Carcassonne… Non pas le rapport. Mais une Cité Médiévale en butte à l’intolérance, luttant pour son indépendance, la légitimité de sa différence, ses martyrs, la pluralité des croyances. Tout un symbole.
* On pourra contester l’idée de cette parité ou de quota sur la base du non-engagement des femmes en politique ou de leurs incompétences (!). L’idée est à la fois d’obliger les structures des partis à changer et à la société de permettre aux femmes de vouloir entrer dans l’arène politique.

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