RAPPORT — CPE : Les faiblesses relevées les années précédentes perdurent

Le rapport des examens du CPE 2011 rendu public mercredi comporte hélas les mêmes remarques et commentaires que fait année après année le Mauritius Examinations Syndicate sur les principales faiblesses des élèves dans chacune des matières. Puisqu’il n’y a guère d’amélioration, l’on est tenté de se demander si le ministère de l’Éducation, le Mauritius Institute of Education et les enseignants prennent le temps de lire avec attention le document annuel du MES afin d’y apporter les mesures correctives.
« Le rapport a pour objectif d’attirer l’attention des enseignants sur les difficultés récurrentes des élèves afin qu’ils puissent trouver des stratégies pour y remédier. C’est pourquoi il est important que le document soit lu par tous les enseignants (de la 1re à la 6e) et discuté au niveau de l’école », peut-on lire dans l’introduction de l’analyse pour le français. Cette recommandation revient dans chacun des rapports des quatre autres matières, soit l’anglais, les mathématiques, History & Geography et The Sciences.
Le rapport des examens du CPE 2011 est disponible sur le site du Mauritius Examinations Syndicate (MES) depuis mercredi, mais en ce temps de vacances scolaires très peu d’enseignants du primaire s’y sont intéressés. L’organisme d’examens prévoit des ateliers de travail à ce sujet sur une base régionale dans les jours à venir. En attendant, des Head Teachers, des chargés de cours au Mauritius Institute of Education (MIE) et des enseignants reconnaissent que « les rapports du CPE se suivent et se ressemblent » et ne sont guère étonnés, disent-ils, de ces nouvelles observations. « Ce que dit le MES n’est pas faux », soutient Alain Doolub, responsable des écoles primaires RCA.
Que nous révèle le rapport du CPE 2011 ? Hormis la poignée de high flyers, la grande majorité d’enfants de 11 ans ont, au bout de six ans de scolarité, des difficultés à acquérir les bases fondamentales pour les différentes matières. Intéressons-nous pour l’heure à la performance de nos jeunes apprenants en langues, notamment le français et l’anglais.
S’agissant du français, si la performance globale « semble très satisfaisante » avec un taux de réussite de 76,3 % et une moyenne générale de 56,8 %, le niveau n’est guère brillant. « L’analyse des réponses des candidats montre que certaines faiblesses (accord du genre/nombre, conjugaison des verbes, utilisation de la préposition…) déjà soulignées les années précédentes persistent toujours. Ce sont en fait des compétences de base que tout élève devrait acquérir après six années de scolarité », souligne le MES.  
Les examinateurs constatent aussi que « certains jeunes n’aiment pas écrire et ne recopient pas les phrases entièrement ». Selon le MES, la pratique de « workbooks » pourrait expliquer en partie cette paresse à l’écriture. « Le fait de travailler dans des « workbooks » où ils ne font que remplir des tirets et encercler des réponses (sans recopier toute la phrase) ne leur permet pas d’intérioriser l’orthographe des mots et les structures syntaxiques. »
L’importance de la lecture
Les examinateurs ont relevé encore une fois de graves insuffisances au niveau du vocabulaire – «en général très pauvre » selon le rapport –, de la grammaire, de l’orthographe, de la conjugaison, de la ponctuation (voir en encadré quelques exemples). Ils insistent auprès de l’école sur l’importance d’une lecture régulière. « C’est un élément essentiel de tout enseignement/apprentissage. La lecture permet à l’apprenant d’être en contact avec la langue, d’en saisir ses structures syntaxiques et de construire/d’enrichir son vocabulaire. Il ne faut surtout pas qu’il reste enfermé dans le vocabulaire du manuel scolaire. »
Concernant l’anglais — langue officielle qui est aussi le médium d’enseignement pour les mathématiques, History & Geography et The Sciences —, les rédacteurs du rapport ne manquent pas de souligner la performance qui est inférieure à celle des années précédentes. Les examinateurs attribuent les erreurs récurrentes par rapport à la grammaire et au vocabulaire à l’absence d’une pratique bien ancrée de la langue anglaise en classe, notamment pendant le cours pour cette matière. « Mastering grammar exercises starts with building on students’ spoken language proficiency. Good pronunciation leads to good spelling which in turn reinforces grammar rules. Effective writing skills are initiated by successful and meaningful communication », soutiennent sur un ton catégorique les examinateurs. « Teachers should endorse the philosophy of purposeful communication before embarking students in any written grammatical exercise », conseillent-ils. Ce déficit en anglais affecte aussi la performance des élèves dans les trois matières non-langues (voir encadré).
Autre remarque pertinente du MES et qui fera bouder certains enseignants : « The attention of the teachers is drawn to the fact that textbooks are not the syllabus and they should not reckon it as their sole guiding source. It is primordial to build resilience in students to become autonomous learners. » Combien de fois durant ces 20 dernières années n’avons-nous pas entendu des professionnels de l’éducation et d’autres secteurs, ainsi que d’anciens ministres de l’Éducation pointer du doigt le système de “spoon-feeding” à l’école et l’apprentissage par coeur ?

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