Rapport de l’audit de qualité : l’UTM dans la tempête politique

L’University of Technology Mauritius (UTM) serait à la merci d’un « trio infernal faisant la pluie et le beau temps, et des Political Cronies » dans l’institution. C’est ce qu’a déclaré hier le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, lors de sa PNQ, axée sur un récent Quality Audit Report de cette institution et qu’il a qualifié de « very damning ». Cette tranche a duré près de 50 minutes en raison de la réponse fleuve de Leela Devi Dookun à la question initiale de Xavier-Luc Duval, obligeant la Speaker à l’arrêter à 11h57 pour permettre au leader de l’opposition de poser ses questions et en accordant 15 minutes additionnelles à ce dernier. Dans le sillage de la position adoptée par la ministre en protégeant cette clique au détriment de 3 000 étudiants, le leader de l’opposition a signifié son intention de déposer une motion de blâme contre la ministre avant la fin de cette session de l’Assemblée nationale. C’est ce qu’il a déclaré au Mauricien ce matin.

- Publicité -

Cette réponse liminaire d’une trentaine de minutes de la ministre a mis le leader de l’opposition hors de lui, l’obligeant plus d’une fois à demander à la Speaker, Maya Hanoomanjee, de lui demander « to stick to » à la substance de la PNQ. Xavier-Luc Duval a trouvé que la ministre de l’Education « has made a mockery of the PNQ ». Et d’observer : « I am very disappointed. I am disgusted. C’est un gouvernement qui nivelle par le bas ! »

Le leader de l’opposition voulait savoir de la ministre de l’Education si elle avait pris connaissance du Report of the Second Cycle Quality Audit of the University of Technology, daté de novembre 2017 et qui a été entrepris à la demande de la Tertiary Education Commission. Si oui, il voulait savoir si elle avait demandé au board de l’institution son opinion à ce sujet et quelles sont les mesures déjà prises par son ministère par rapport aux conclusions dudit rapport.

Les échanges entre le ministre et le leader de l’opposition ont été très vifs et ont donné lieu à un véritable duel, aucun autre député de l’opposition n’étant intervenu dans ce débat. À noter que l’état-major de l’UTM était en force dans l’hémicycle pour suivre cette PNQ. Sa directrice, Sharmila Seetulsingh-Ghoorah, également présente, ne semblait nullement décontenancée par les critiques sur la gestion de cette université.

« This is the worst report concerning public institution I have seen in my career », a dit d’emblée le leader de l’opposition. Il a cité de larges extraits du rapport, indiquant  une « détérioration » de la situation à l’UTM dans plusieurs domaines. « Situation at this university is getting worst and this is confirmed by the report », a-t-il dit. À titre d’exemple, il a cité la page 16 du document, où il est fait mention de « erosion of quality culture », de « dysfonctionnement du board » et de « tools and outdated software ». Il a ajouté que le rapport fait aussi état de « la détérioration des infrastructures », des faiblesses au niveau de la recherche, du « low staff moral », de l’absence d’exercice de promotion, de « falling number of students at the university » et de « mauvaise gestion de la directrice ».

Le leader de l’opposition a interpellé la ministre de l’Education par rapport à la position du Board of Governors de l’institution sur les conclusions de l’audit.

XLD:  Did the Board of Governors meet to discuss this report dated November 2017 ? Is the minister aware after that the Board has not been allowed to discuss this issue ? L’Acting Registrar de l’institution aurait « refuse to call a board meeting at the request of the president.

Dookun:  There has not been any refusal de la part de qui que ce soit pour tenir une réunion du board pour discuter de ce rapport. On m’a informé que la direction est en train de travailler sur une stratégie pour la mise en pratique des recommandations du rapport et qu’on veut compléter d’abord ce travail qui sera présenté au board. Évidemment, le rapport sera discuté au même moment.

Mais Leela Devi Dookun, qui a défendu bec et ongles  le parcours de l’UTM, a affirmé que cette institution « is doing a good job ». À son avis, l’UTM, avec ses 18 ans d’existence, est encore une « young university » à laquelle « on doit donner du temps pour s’épanouir et se développer, au lieu de pointer un doigt accusateur ». Elle poursuit : « Je ne dis pas que tout est bon, but we need to keep on improving. Et c’est bien pour cette raison que nous avons un audit de qualité. » La ministre a reproché au leader de l’opposition de « s’en prendre à un individu et de personnaliser ses attaques contre une institution », ajoutant : « I think it is totally unfair on the part of the leader of the opposition. »

Xavier-Luc Duval s’est dit « extrêmement déçu » et « disgusted » par les réponses données par la ministre et par « la manière dont celle-ci traite ce rapport de l’audit » de qualité. « She is denying her own tertiary education report », a-t-il lancé, ajoutant que la ministre, « n’a manifestement pas lu ce rapport » ou « qu’une autre personne a probablement lu le document pour elle ». Une remarque que Leela Devi Dookun n’a pas appréciée, demandant à la Speaker de dire au leader de l’opposition de « withdraw » un tel commentaire. La Speaker a alors demandé au leader de l’opposition de ne pas perdre son calme « and not to be insolent » dans ses questions.

XLD: D’habitude je suis très calme. But today I am very shocked by the replies of the minister concernant la situation déplorable à l’UTM. I am disgusted by the way the replies has been given. Il n’y a rien de personnel dans mes critiques comme veut le faire croire la ministre. Je suis navré de dire que le rapport est accablant pour la directrice de l’institution. The senior management staff has been severely blamed in this report.

Il a aussi affirmé que la directrice « a essayé de manipuler » le déroulement de l’exercice d’audit. « Il y a un trio infernal qui fait la pluie et le beau temps à l’UTM. Quel pouvoir peut bien avoir ce trio infernal ? » s’est-il demandé.

Dans ses dernières questions, Xavier-Luc Duval a fait remarquer à la ministre que le rapport recommande fortement des « urgent actions » à plusieurs niveaux pour redresser la situation, ajoutant que le rapport préconise aussi des « disciplinary actions to be taken in case of no action » de la part des responsables ou de n’importe quel autre membre du staff pour remédier aux problèmes identifiés dans ce rapport de l’audit de qualité. C’est ainsi qu’il a interpellé la ministre sur sa démarche par rapport à ces recommandations spécifiques. « I agree with the leader of the opposition that action has to be taken urgently et nous allons dans cette direction », a-t-elle répondu, disant qu’elle est aussi d’accord en ce qu’il s’agit des « mesures disciplinaires » devant être prises à l’avenir par rapport à d’éventuelles actions de qui que ce soit à l’intérieur de l’institution pouvant freiner son bon fonctionnement.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -