RAPPORT DE L’AUDIT – RÉACTIONS : « Que le GM présente au plus vite une réforme » selon Adil Ameer Meea

Si chacun y va de sa réaction et de ses propositions, le constat est le même chaque année lorsque le rapport de l’Audit est rendu public : des gaspillages énormes relevés dans tous les secteurs. Après quoi, le rapport retourne aux tiroirs sans que rien ne soit fait concrètement pour diminuer les pertes des fonds publics. Pour le député du MMM et membre du Public Account’s Committee (PAC) Adil Ameer Meea, si les mêmes problèmes se répètent chaque année, c’est que « les personnes impliquées savent qu’elles ne sont pas redevables ». Il faut, dit-il, une réforme pour que le PAC soit doté de plus de pouvoir de questionner les ministres, entre autres. Mahen Jhugroo, député de la majorité et également membre du PAC, estime, lui, que « le rapport ne peut finir dans les tiroirs chaque année » et qu’il faut pouvoir « référer les maldonnes à la police ». Pour sa part, le syndicaliste Radhakrishna Sadien considère que « les overtimes sont devenus un gros problème découlant des postes qu’on n’a pas remplis dans la fonction publique ».
« Le gouvernement doit présenter au plus vite une réforme au niveau du fonctionnement de l’Audit et surtout au niveau du PAC », estime Adil Ameer Meea. Comparativement à d’autres pays, dit-il, Maurice est en retard en termes de lois régissant le PAC. « Le PAC, à Maurice, est calqué sur le modèle westminstérien. Or, ce modèle, en Angleterre, a bien évolué depuis et s’est vu doter de bien plus de pouvoir, par exemple celui de tenir des public hearings. Et comme leur nom l’indique, ceux-ci devraient être publics ». Par ailleurs, pour le député de l’opposition, il faudrait que le rapport soit suivi d’un débat une fois déposé au Parlement. « Il y a même des pays comme l’Ouganda où le PAC détient le pouvoir de questionner les ministres. Il faudrait aussi qu’il y ait des sanctions contre les gaspillages. En effet, une des raisons principales des gaspillages est que les personnes qui sont impliquées savent qu’elles n’auront pas de comptes à rendre ».
S’il reconnaît que de telles réformes ne se feront pas du jour au lendemain, cela « relevant d’une décision éminemment politique », Adil Ameer Meea trouve aberrant que « le gouvernement a créé un ministère de la Bonne gouvernance alors que dans la fonction publique il y a autant de gaspillages et de scandales. Tout cela est contradictoire avec la philosophie de bonne gouvernance ». Les députés de l’opposition, membres du PAC, ont proposé que davantage de pouvoirs soient accordés au PAC. « Même Xavier-Luc Duval, quand il en était le président entre 2000 et 2005, avait proposé la même chose. Actuellement, entre les membres de l’opposition et de la majorité au sein du PAC, nous avons une bonne coopération. Je souhaite maintenant, pour le bien du pays, qu’il y ait vraiment une réforme car il est vraiment impensable que l’an prochain, à la sortie du rapport de l’Audit, les mêmes gaspillages soient rapportés. C’est ridicule ! Nous éprouvons de la honte par rapport à des pays tels que l’Inde, l’Ouganda, l’Afrique du Sud où l’on a su apporter des réformes importantes ». Adil Ameer Meea ajoute que « le PAC étant une émanation du Parlement, il est donc régi par nos Standing Orders qui n’ont pas changé depuis plus de quarante ans. Le modèle est bon mais il faudrait changer les Standing Orders ».
Le Chief Whip et membre du PAC Mahen Jhugroo est aussi d’accord pour que le rapport de l’Audit fasse l’objet de débats à l’Assemblée nationale chaque année. Il suggère également que le PAC soit doté de davantage de pouvoirs afin d’être à même de « référer les maldonnes à la police pour enquête ». Le député de la majorité estime « inacceptable que le rapport, une fois rendu public, finisse aux tiroirs. Il faut que les parlementaires puissent venir poser des questions aux ministres. Ces sessions pourraient être retransmises en direct au public et les journalistes y auraient accès comme ils ont accès aux travaux parlementaires ».
Le président de la Government Services Employees Association (GSEA), Radhakrishna Sadien, attribue le coût élevé des overtimes au fait que les postes vacants n’ont pas été remplis. « Nous avons déjà fait des propositions pour qu’il y ait un comité de suivi au niveau du ministère des Finances, de la Fonction publique et du Cabinet Office, cela avec des représentants des syndicats ». Il pointe en outre du doigt le fait que « le gouvernement, chaque année, loue des nouveaux bâtiments alors que les loyers augmentent. Il faut une politique de décentralisation et le gouvernement devrait avoir ses propres bâtiments ».
Le syndicaliste est en outre d’avis que le travail de l’Audit devrait se faire non pas chaque année, mais chaque six mois, voire trois mois.

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