RAPPORT: Le NESC s’inquiète de la chute de l’épargne

Le taux de l’épargne à Maurice est passé de 28 % du Produit intérieur brut en 2001 à 15,6 % en 2010. Se basant sur ces données considérées comme des indicateurs, le National Economic and Social Council observe dans son rapport de décembre que la dette est en hausse dans le pays.
Selon les chiffres publiés par Statistics Mauritius, le taux d’épargne chute depuis 2001, sauf en 2007 et 2010. Il est passé de 16,8 % en 2006 à 21,5 % en 2007. Il était de 26,9 % en 2002, 25,3 % en 2003 et 22,9 % en 2004.
Une chute drastique a été observée en 2005, quand le taux est tombé jusqu’à 17,8 %. En 2006, il est passé à 16,8 %. Après la hausse de 2007, il est retombé à 17,2 % en 2008. En 2009 il a chuté jusqu’à 13,9 % pour connaître une amélioration en 2010 avec 15,6 %.
Le National Economic and Social Council (NESC) indique que les banques considèrent le remboursement d’emprunts tolérable. La raison : les emprunts non remboursés sont relativement bas, soit 2,4 %. Selon les données de la Mauritius Bankers Association, 58 % des emprunteurs se trouvent dans la catégorie de ceux touchant plus de Rs 30 000 ; 23 % se situent dans la fourchette de ceux obtenant entre Rs 10 000 et Rs 20 000 et 19 % parmi ceux touchant moins de Rs 10 000.
Le NESC observe cependant que les familles à faibles revenus sont plus enclines à s’endetter dans le cadre des ventes à tempérament alors que celles à forts revenus se tournent davantage vers les emprunts avec garanties. L’organisme constate que les gouvernements mettent en place des cadres pour protéger la population. À Maurice, le Mauritius Credit Information Bureau offre aux institutions qui proposent des prêts une base de données sur ceux qui sont déjà emprunteurs.
Le NESC note toutefois que les associations de consommateurs dénoncent l’absence de données concernant ceux ayant acheté à tempérament. « Opening the database to all categories of hire purchase traders would carry data security risks », estiment-elles.
L’organisme soutient que si certaines situations comme la maladie, la séparation ou la perte d’emploi sont à la base d’un surendettement, d’autres découlant surtout des mauvaises décisions des chefs de famille auraient pu être évitées. Le NESC dénonce aussi les techniques de marketing où, par exemple, le prix du produit n’est indiqué qu’en petit caractère alors que les versements mensuels sont mis en avant.
Effet fatal
Le NESC constate que depuis la révision de la Hire Purchase and Credit Sale Act 2000, il y a eu une baisse dans le taux des ventes à tempérament. Cependant selon un officier de la Consumer Protection Unit (CPU), certains vendeurs tentent de modifier les conditions de paiement. Résultat : le consommateur paie beaucoup plus. Le NESC estime ainsi que c’est à l’acheteur de dénoncer ces cas. « Passivity of shoppers does harm to themselves. »
L’organisme fait aussi ressortir que selon l’Association pour la protection des emprunteurs abusés, la Borrowers Protection Act 2007 « seems to rely too heavily on the good faith of lenders and borrowers and has limited capacity to enforce ».
Le rapport du NESC indique par ailleurs que d’après les économistes le public n’épargne pas quand le taux d’inflation dépasse le taux d’intérêt. Lorsque les ménages commencent à dépenser, ils ont tendance à s’endetter, dit-il. Cependant, fait ressortir le rapport, si la hausse du taux d’intérêt encourage l’épargne, elle peut avoir un effet fatal sur l’économie nationale. « Hence the BoM has a very delicate mission of striking the right balance when deciding interest rates policies. » Une hausse dans le coût de la vie due à l’inflation est une cause quasi-inévitable de l’endettement quand les salaires n’augmentent pas proportionnellement.
Le NESC pointe du doigt les “casseurs” et l’utilisation des cartes de crédits. Ces dernières sont perçues par beaucoup de personnes comme « a mean for keeping families permanently indebted to banks ». Selon les données disponibles en 2010, 60 % de ceux qui touchent plus de Rs 40 000 utilisent une carte de crédit. 30 % de ceux gagnant entre Rs 15 000 et Rs 40 000 et moins de 10 % parmi ceux qui touchent jusqu’à Rs 15 000 en font usage.
Alors que les gouvernements ont appuyé l’idée que la consommation est la force motrice de l’investissement et de la création d’emploi, le NESC souligne qu’aujourd’hui des observateurs se sont rendus compte que l’endettement est la cause majeure des problèmes au sein de la famille et de l’économie dans son ensemble. Aujourd’hui les gens sont appelés à vivre selon leurs moyens. Outre l’encadrement des institutions, la responsabilité de ne pas s’endetter revient au responsable de la famille, avance l’organisme. « Individual households should primarily control their spending habits and limit their recourse to borrowing », conclut le rapport de décembre.

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